Un loup identifié par l'ADN sillonne le territoire tonnerrois. Et peut-être un deuxième (on attend les résultats d'une expertise qui prend deux mois).
Quoi qu'il en soit, depuis le mois de mai sur le plateau de Mélisey, un éleveur a perdu 30 brebis, un bélier reproducteur tandis que 4 chevreuils vus, ont été égorgés. 

Un coup dur pour les éleveurs Laurence et Sébastien Godin qui n'ont toujours pas perçu les indemnités prévues.

Un coup dur pour le troupeau qui a été stressé à plusieurs reprises lors des attaques du loup.

Les Godin ont reçu des filets de protection (6 000 euros) pour protéger les lieux. Ils sont toujours stockés dans leur emballage car il est impossible de planter des pieux tant le sol est sec et dur. Et puis pour tout dire, ces filets sont une insulte à la capacité du loup à sauter par dessus un obstacle d'une telle hauteur. Une video tournée ailleurs montre un loup franchissant allègrement le filet en question.

Le député André Villiers a organisé, lundi après-midi, une réunion sur l'exploitation à Mélisey avec les diverses parties prenantes, organisations agricoles, FDSEA, chambre d'agriculture, Jeunes agriculteurs, Fédération des chasseurs, maires de la communauté de communes, agriculteurs du tonnerrois.

Une réunion qui se voulait avant tout une réunion de soutien moral aux éleveurs, une réunion de solidarité. Une réunion où chacun a pu s'exprimer et être écouté. Une réunion où on a appris que la filière ovine déficitaire au plan national, est réactivée dans l'Yonne notamment. Le loup vient enrayer le développement et dissuader les bonnes volontés.

Il apparaît donc que le loup espèce protégée par l'Europe, la France et la convention de Berne(*) est intouchable, protégé par l'État, "mieux que les éleveurs" a lâché le président de la FDSEA, l'organisation syndicale agricole ayant mis à profit cette journée pour organiser de son côté à la mairie, une réunion élargie à d'autres thèmes d'actualité, annoncée par des panneaux et drapeaux à l'entrée du village.

 

Vers une pénurie de foin

 

Espèce protégée, qu'encourerait donc la personne qui abattrait le loup ? Il s'expose à deux ans de prison et 150 000 euros d'amende. C'est la loi de la République.

Que faire dans ces conditions ? D'autant que le plan loup prévoit cinq étapes avant de pouvoir utiliser le tir létal, c'est-à-dire un tir d'élite mortel à distance. Cinq étapes progressives qui offrent le temps nécessaire au loup pour décimer le troupeau.

Que faire ? Rentrer les brebis à l'écurie, à la bergerie, quand c'est possible. Les bêtes d'André Villiers, lui aussi éleveur de profession, vivent dehors toute l'année dans le sud avallonnais du côté de Pierre-Perthuis. Elles sont à l'herbe et c'est ce que veulent les consommateurs aujourd'hui.

Les Godin ont rentré l'essentiel de leurs troupeaux depuis un mois. Troupeaux voués à manger du foin sur la paille avant l'heure, entamant les réserves de nourriture d'hiver en cette période de sécheresse où le foin se fait rare et où les prix ont doublé voire triplé.

Le député de l'Yonne a chargé la vice-présidente du conseil départemental de creuser dans l'ENS, la taxe dynamique sur les espaces naturels sensibles pour voir ce qu'il y avait moyen de faire. Il a affirmé avoir laissé 20, 6 millions d'euros dans la caisse à son départ.

Personne ne veut du loup sur le territoire tonnerrois.

Le loup - ou les deux loups - bientôt une meute ? avide de viande fraîche, de coeurs et foies en priorité, vont se nourrir l'hiver des animaux blessés ou malades en forêt et au printemps, des petits jeunes mis bas. À la fin du printemps, le loup devra sortir de la forêt pour se ravitailler dans les garde-manger découverts à Mélisey et alentour du côté d'Arthonnay jusque dans l'Aube. Où voilà quatre ans, à Brienne-le-Château, un loup avait décimé un troupeau provoquant, aux dires de ses voisins, le suicide d'un éleveur.

Dans la Nièvre, l'an dernier, un loup a été repéré et photographié grâce à un piège. Il a fait parler de lui deux fois. Avant de disparaître dans le silence. Qu'est-il devenu ?

 

Pierre-Jules GAYE

 

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(*) ### La convention de Berne //

La Convention de Berne a pour objet «d’assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats, et de promouvoir une telle coopération.». La démarche du texte étant une gestion intégrée de l’environnement donnant une place entière à certaines espèces  typiquement européennes.

Lundi après-midi, pendant la réunion qui s'est tenue sur le terrain près du hangar où sont stockées les brebis : 500 sur deux sites de pâture et 140 hectares environ (DR)

Il reste à espérer que le loup change de territoire et aille voir ailleurs. Mais pourquoi partirait-il ? Sébastien Godin agit au jour lejour sans savoir de quoi demain et le prntemps prochain seront faits (DR)

Les brebis sont rentrées à la bergerie pour l'hiver avant l'heure, depuis un mois, et sont réduites à manger du foin qui commence à se faire rare avec des prix qui ont déjà doublé

Le maire de Mélisey Michel Bouchard, agriculteur retraité. Sa fille lui succède à la tête de l'exploitation. Il s'est dit prêt à prendre un arrêté basé sur le code rural qui permet de tirer en cas d'attaque

Chacun ici n'en pense pas moins, par réalisme

Il n'y a rien à faire sinon espérer que le loup change de territoire .... ou qu'il se fasse fauché par une voiture

Il fait bon têter

Mélisey dans son écrin sur le plateau du Tonnerrois au-delà de Vaulichères et Tonnerre, une nature et des paysages de toute beauté avec de vastes forêts

Le plus beau