Sens, l’omerta dure depuis des années. La situation sociale des agents de la Ville, dirigée par la maire LR Marie-Louise Fort qui effectue son deuxième mandat, est pourtant critique. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré une dizaine de personnes, des agents broyés et terrorisés à l’idée d’évoquer leur situation, persuadés de subir les foudres de l’élue ou de son entourage s’ils osent briser la loi du silence. (...)

"Le rapport rédigé par le cabinet indépendant Res-Euro Conseil en novembre dernier sur l’évaluation des risques psychosociaux à Sens et dans l’agglomération, que s’est procuré Mediapart, fait pourtant un bilan accablant de la situation."

(...) La conclusion du cabinet est sans appel. « Nous soulevons l’hypothèse d’un “harcèlement institutionnel” […] qui découlerait d’une stratégie de gestion, ou plutôt d’une absence de stratégie », indique le document, qui précise que « la violence s’exerce quel que soit le niveau de hiérarchie, allant de l’agent de catégorie C à des cadres A directeurs ».

(...) « Je suis élue d’une ville de 26 000 habitants, avec 850 agents. Je ne considère pas qu’il y ait grand monde de très malheureux… Après il y a toujours des cas particuliers », évacue la maire de Sens lorsqu’on l’interroge sur le climat social dans son administration. Lorsqu'on lui évoque quelques-uns des cas que nous avons eu à connaître, Marie-Louise Fort coupe court : « Je n’ai pas à vous répondre. Si j’ai des choses à dire et à régler, je le fais en interne. »

 

Marie-Louise Fort, maire LR de Sens et présidente de la Communauté d'Agglomération du Grand Sénonais

 

 

(...) " Quand on lui parle du harcèlement moral dont nous ont fait état plusieurs agents, elle rétorque que le « harcèlement, c’est un mot très fort que je n’emploie jamais ». Pour elle, le rapport sur les risques psychosociaux relevait que 77 % des agents étaient satisfaits de travailler pour la collectivité. Un chiffre abondamment relayé par la mairie, mais qui ne dit rien du climat délétère dans son administration. « Quand ça va vraiment très mal, il y a des grèves », avance l’élue LR, qui souligne que la Ville a augmenté « les plus bas salaires » et a revalorisé les Ticket-Restaurant. « Qu’il y ait des cas particuliers… On serait les seuls à ne pas en avoir ! », s’agace-t-elle. (...)

(...)  " Pourquoi ces affaires, d’une rare gravité, ne sont-elles jamais sorties dans la presse locale ? Le rédacteur en chef de L’Indépendant de l’Yonne, Alain Chaboteau, qui a publié ce vendredi une enquête sur le cas d'Olivier*  a sa petite idée. Pour s’être montré un peu trop impertinent avec l’édile, son journal s’est vu en 2015 brutalement retirer tous les budgets publicitaires de la Ville et de l’agglomération.

" Le journal n’est alors non seulement plus convié aux points presse de la mairie, mais le journaliste se fait même exclure manu militari lorsqu’il tente de s’y rendre. « Ils ont voulu tuer le journal », raconte Alain Chaboteau, qui constate que les responsables de la mairie refusent de lui parler en public. À l’époque, Marie-Louise Fort avait assumé la coupe du budget publicitaire à L’Indépendant par une formule sans ambiguïté : « Nous avons un budget contraintjustifiait la députée-maire à France TVEt je ne vais pas m'autoflageller. La presse locale, ce qu'on lui demande, c'est aussi d'être un peu partenaire. » "

"Car Marie-Louise Fort n’aime pas trop la contradiction, ni les lourdeurs du dialogue social. Le 5 novembre dernier, lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dont Mediapart s’est procuré le procès-verbal, l’élue s’irrite de l’inutilité de ce rendez-vous légal, arguant qu’il n’y a pas grand-chose à discuter. « Le dialogue social n’est pas une obligation à ma connaissance, nous pourrions le supprimer », lance-t-elle. Une preuve de plus de sa conception bien particulière des ressources « humaines »."


L'enquête de Medapart ici

 

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