42 enfants, 43 membres du personnel d'encadrement éducatif et administratitf, sans compter les 33 enfants placés à domicile à Toucy : cela fait du monde dans le secteur de la protection de l'enfance à Auxerre sous la houlette de l'association la Maison, avenue Foch et rue Jeanne d'Arc.

Bernadette Pauline Massenot la présidente de l'association, a succédé à Michel Thullier qui fut président pendant trente ans.

Le sentiment qui habite le personnel très inquiet, est un sentiment d'abandon et de déshérence. Rien ne bouge, aucun retour d'activité depuis le mois d'octobre, au sein de la petite association qui voit ses moyens diminuer au fil du temps, sans que l'on comprenne toujours bien certaines décisions au niveau du Département qui subventionne le placement des enfants et les oriente vers les organismes appropriés. Autrement dit, le Département a la main puisque c'est lui qui paye.

Pourquoi, par exemple, en 2014, c'est l'association EJA, enfance jeunesse avallonnaise qui a décroché l'appel à projet pour l'accompagnement des familles à domicile sur Auxerre dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement en matière de protection de l'enfance ? Alors qu'elle ne dispose pas de Maison d'internat sur Auxerre comme prévu au cahier des charges de l'appel à projet ?

L'objectif de la nouvelle disposition législative depuis 2014, est de privilégier le maintien à domicile auprès des familles et de les accompagner, plutôt que de placer les enfants en internat. Un objectif qui présente aussi l'avantage de coûter beaucoup moins cher, le maintien à domicile représentant par enfant, un tiers du coût du prix en internat.

 

Disparités et privilèges

 

Or la baisse des coûts sociaux et la recherche d'économie sont des leitmotivs au Département dans une situation financière contrainte.

La fermeture de la Maison de Coulanges-sur-Yonne et aux 3/4 celle de la Maison des enfants de Paron en sénonais (70 places fermées en internat) a provoqué des coûts supplémentaires car nombre d'enfants étaient en rébellion et en situation difficile.

Outre les fermetures, les moyens se réduisent alors qu'il faudrait les augmenter là où les besoins sont criants.

Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne fort heureusement. Ainsi la Maison EJA, enfance jeunesse avallonnaise, a gagné l'appel à projet de placements à domicile à Auxerre alors qu'elle ne dispose pas d'internat (de Maison accolée), aux dépens de la Maison d'Auxerre qui a gagné l'appel à projet sur Toucy. La Maison EJA s'est imposée y compris dans le tonnerrois, l'Yonne étant découpée en unités de territoires depuis 2014.

Une association avallonnaise qui semble privilégiée et a le vent en poupe, sans que l'on sache vraiment pourquoi.

Ces Maisons "accolées" se justifient par le fait qu'il faut pouvoir accueillir les enfants qui posent problème à domicile. Celle de l'avallonnais n'en a pas à Auxerre.

 

Statuts et contrôle de gestion

 

Un autre aspect apparaît selon nos informations, celui de la gouvernance et du contrôle de celle-ci. Il n'y a pas de délégués du Département dans les conseils d'administration des associations de la Maison. Mais les services du Département ont accès et connaissance des comptes. Ce sont des bénévoles qui composent les CA. Comment sont alors élaborés les contrats des intervenants dont les directeurs ? Comment ces derniers sont-ils rémunérés en cas de suractivité liée à l'arrivée d'enfants supplémentaires pris en charge dans une certaine urgence ?

Bernadette Pauline Massenot, présidente de l'association La Maison d'Auxerre avait porté plainte l'été dernier pour abus de confiance, tant il apparut aux administrateurs que des charges supplémentaires indues (?) étaient intégrées dans les comptes. Cela a déclenché concommittament une enquête du Département qui devrait être rendue, la semaine prochaine.

Cette problématique va dans le sens du malthusianisme qui étrangle la Maison d'Auxerre au point que, selon nos informations, d'aucuns estiment que le Département veut la peau de l'association, quitte à l'étouffer petit à petit pour ensuite la fusionner ou l'éteindre, on ne sait. L'ancien président André Villiers qui a fermé la Maison de Coulanges-sur-Yonne, nous soutient le contraire et paraît étonné que d'aucuns puissent penser cela.

Quoi qu'il en soit, l'action de Bernadette Pauline Massenot, présidente de l'association La Maison, incinérée, ce lundi au crématorium d'Auxerre bondé et au-dehors après des hommages sensibles, éclaire sous un jour nouveau une situation sociale grave, préoccupante, qui révèle hélas, un secteur des travailleurs sociaux sinistré dans l'Yonne.

Une présidente et femme généreuse pour qui La Maison était un foyer familial, mûe par le seul intérêt du bien-être des enfants, elle avait entrepris de tout remettre en ordre et à flot, face à des acronymes arrogants et abscons. Un héritage précieux inestimable. Le travail rigoureux d'une nouvelle équipe.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

La façade avenue Foch à Auxerre (DR)