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Une société de « parapluies »
le lundi 21 novembre 2011, 13:36 - BUZZ - Lien permanent
C’est un drame, un de plus. On peut cependant légitimement penser qu’il aurait pu être évité.
S'il permet à certains d’agiter à nouveau « les têtes à couper » ; il devrait pour le moins faire réfléchir à l’extrême fragilité de tous ces systèmes de soi-disant surveillance, à toutes ces décisions prises au nom d’expertises explorant des domaines non scientifiques et souvent délirants : si la psychiatrie était une science, ça se saurait !
Une élève de 13 ans a été rendue à ses parents calcinée après avoir été violée et tuée. L'horreur qui devient ordinaire ? Sauf que le contexte n’est tout de même pas banal. Celui qui semble avoir perpétué le crime a pu cacher son passé criminel parce que la Loi impose la confidentialité, quelle que soit la gravité des faits commis ? C’était un élève déjà coupable d’une tentative en tout point similaire. Sur son dossier scolaire, on pourrait sans doute voir ses notes, le niveau de ses performances en EPS, en Histoire, en dessin ou musique, mais rien sur un viol ou une agression sexuelle ou un séjour en prison.
Le procureur court d'ailleurs au-devant des critiques pour tenter de justifier :
« Le mis en examen, fils d'un professeur et d'une agent comptable, se trouve en effet sous le coup d'un contrôle judiciaire très strict qu'il respectait pour une affaire de viol en août 2010. Après avoir passé quatre mois en détention provisoire à la suite d'un dossier de viol sur une camarade de classe dans le Gard »
Il explique que le jeune homme avait interdiction de séjourner dans le Gard, département des faits poursuivis, mais sa scolarisation en Haute-Loire ne posait aucun problème puisque ce n'était pas le Gard . On croit rêver. L'établissement huppé avait été choisi par ses parents. Il devait ensuite s'astreindre à un suivi psychiatrique et psychologique. « Les expertises ont démontré (comme si un expert psychiatrique pouvait démontrer quoique ce soit ), qu'il ne présentait pas de "dangerosité particulière" », rappelle le Procureur, Jean-Yves Coquillat, ajoutant que « la psychiatrie n'est pas une science exacte » (sic) Enfin une parole de bon sens : en fait d'ailleurs, pas une science du tout !
Fermez le ban !
Pas un mot sur le reste : le choix d’un internat mixte pour un jeune dont on connaissait les antécédents, la non-ingérence de la justice quant au choix des parents sur l’établissement. Autrement dit les risques encourus pour les autres enfants seraient ainsi parfaitement couverts par la Loi ? L’administration judiciaire devient à juste titre l’accusée et pour cause : la direction du collège a jeté un pavé dans la marre en annonçant dimanche ne pas avoir été informée du passé de violeur présumé du suspect.
On pourrait donc ainsi imposer à nos enfants la proximité mortelle d’individus reconnus et suivis pour leur folie, dont la Justice connaît la dangerosité antérieure et n’en informe pas les responsables d’établissement ? Il serait temps d’y voir plus clair dans ces procédures. Il serait temps de juger également toute la chaîne de lâchetés et d'imbécilité qui vient de conduire une malheureuse jeune fille à une mort aussi atroce et cruelle. Dans cette chaîne, la famille du garçon ne devrait pas être exemptée d’interrogations.
A lire et entendre toutes les parties dans cette horrible affaire, psychiatres, psychologues, directeur d’établissements, administration judiciaire : des regrets mais guère de « mea culpa ». Il n'y aura pas de responsable : c'est le système. Le procureur va même jusqu’à déclarer : "Il faut respecter la douleur des familles. Non seulement de la victime mais aussi du jeune homme"
C'est certain, il faut respecter la douleur, mais ne serait-il pas temps aussi d'essayer de la prévenir plus efficacement en se montrant plus responsable en amont ? L'expert est un outil, un bien pauvre outil. Il peut, il doit être entendu, confronté à d'autres avant la décision, mais la décision ne devrait en aucun cas lui revenir. A quand le retour du décideur responsable : il se trompe ... Il trinque !
Notre époque risque bien de sombrer en partie à cause d'une responsabilité tellement diluée qu'elle en devient irresponsable. Ne désespérons pas, ici comme ailleurs, il y en aura un : le manque de moyens ! Et une fois de plus tout sera dit, alors que c'est le parapluie qui doit être accusé, le psychiatre demeurant pour sa part, l'un des plus grand marchand de cet outil d'irresponsabilité.
JLH
Commentaires
Qu'est-ce qui empêchait le directeur de l'établissement de poser une simple question : pour quelle raison ce jeune homme avait-il été incarcéré 4 mois ? Il aurait été quand même plus facile de cibler la surveillance ... Quant à la famille, elle aurait pu choisir un établissement de garçons plutôt qu'un établissement mixte. Car la famille savait, elle ....