PATRIMOINE
Du bon usage du patrimoine architectural
le samedi 02 mars 2013, 14:50 - PATRIMOINE - Lien permanent
Comment à travers l'Histoire on a pu tenir compte ou au contraire bafouer les vestiges du passé. Toute relation avec des dossiers actuels serait complètement fortuite
De saint Pèlerin au III° siècle, au très janséniste Monseigneur de Caylus, Auxerre a connu plus d’une centaine d’évêques. Certains furent hauts en couleur. Tel Hainmar (Hainmaro) qui, à la bataille de la Berre, flanqua aux Sarrasins, alliés pour la circonstance aux Aquitains, une dégelée mémorable avant d’être lâchement assassiné par des jaloux du côté de Bastogne. Il y eut aussi Géran (Gerranno) qui apprit à d’imprudents Normands que, lorsqu’on boit le vin des Auxerrois, il est préférable de le leur payer si on ne veut pas finir écrasé au fond d’un fossé. Enfin je n’aurais garde d’oublier Hugues de Noyers (Hugo de Noeriis) surnommé le Marteau des Hérétiques (hereticorum malleus) en raison de la façon expéditive avec laquelle il traitait ceux de ses diocésains qui n’avaient pas de la religion la même conception que lui.
Le détail de leur histoire peut se lire soit dans l’original latin (page de droite), soit, pour ceux qui ignorent la langue officielle du Vatican ou qui auraient égaré leur Gaffiot, dans la traduction française (page de gauche) des trois tomes des « Gestes des évêques d’Auxerre » (Gesta pontificum autissiodorensium) publiés par les Belles Lettres et en vente dans toutes les bonnes librairies.
Ces Gestes font une large place à Guillaume de Seignelay (Guillelmus Silligniacencis) lequel au motif que son église cathédrale était « d’une architecture ancienne, peu élégante et souffrait de crasse et de vétusté », ordonna de la faire raser jusqu’aux fondations. Or son prédécesseur immédiat, Hugues de Noyers (hereticorum malleus) avait réalisé d’importants travaux de restauration dans ce joyau de l’art roman bourguignon. Il en avait, en particulier, rehaussé le sol qu’il avait ensuite décoré d’un pavement. Les fenêtres avaient été agrandies et pourvues de vitraux, les portes refaites et la toiture et les bas-côtés totalement rénovés.
A lire ce qui précède, on mesure à quel point les allégations du nouveau prélat étaient spécieuses. En vérité, Guillaume de Seignelay était aveuglé par les passions, si communes, du mépris né de l’ignorance de l’histoire et du désir de penser comme le siècle qui, de génération en génération ont agité et agitent encore les responsables politiques et religieux. L’évêque voulait tout simplement se faire construire une église dans le style à la mode. Au fond, ni plus ni moins qu’aujourd’hui, le conseil municipal de Bouny sur Vertoron, en remplaçant son ancien gymnase par un complexe sportif, bâti en matériaux à la fois isolants et durables et doté d’une toiture végétalisée, cherche à imiter et, si possible, à dépasser les réalisations les villes voisines de Froissard en Goutille et de Rougemoutier sur Souette.
Le Marteau des Hérétiques avait rappelé aux Auxerrois à quel point il est dangereux de contester des décisions épiscopales. En conséquence nulle association de défense du patrimoine ne déposa ses statuts au baillage et personne ne fit signer des pétitions place du Marché aux herbes ou rue des Boucheries. N’ayant à craindre ni un recours au Tribunal administratif, ni une intervention de Monsieur l’Architecte des Bâtiments de France, les démolisseurs se mirent à l’ouvrage avec entrain. Ils abattirent très vite le chœur et son déambulatoire. Deux tours jumelles encadraient l’édifice. Ils n’eurent pas à s’en occuper. En effet, le chantier ayant été conduit avec une certaine négligence, elles dégringolèrent d’elles-mêmes le dimanche de la Trinité 1217 sans, par bonheur, faire une seule victime. Le chanoine chargé de la communication de l’évêché, utilisa fort astucieusement l’événement. Il prouva que la destruction en cours était une œuvre pie puisque si les tours s’étaient écroulées sans qu’on ait à y porter la pioche c’est que Dieu lui-même y avait mis la main tout en veillant, par un surcroît de miséricorde, à épargner la vie des fidèles.
Le chœur et les tours par terre, on passa à la nef et aux portails « pendant qu’à l’appel des prêtres, le peuple, plein de dévotion, se pressait pour dégager les décombres » (Ad removendum aggerem sacerdotum edicto plebis excitata feruebat devotio). Bref, en 1220, quand l’évêque quitta Auxerre pour Paris où il avait été transféré à la demande du roi, il ne restait rien de la splendide église romane bâtie par ses prédécesseurs. En revanche, « élevant ses murs à une hauteur immense », se dressait un pur chef d’œuvre : la merveilleuse cathédrale gothique d’Auxerre.
Moralités ? Trouvez les vous mêmes et choisissez celles qui vous conviendront le mieux. Il y en a plusieurs et elles sont contradictoires.
Chambolle
Commentaires
DU BON USAGE DE L'ARGENT PUBLIC ET DU MASSACRE DU PATRIMOINE.
Bel exemple de gaspillage d'argent public que la démolition scandaleuse envisagée du marché couvert de BRIENON . Sa réhabilitation dans les années 2000 à 2001 ayant couté près de 4 millions de francs ( 610. 000 euros ), hormis la toiture que la nouvelle municipalité a été jugé préférable ensuite de laisser se dégrader pour justifier son projet établi dans le cadre de l'opération Coeur de Village financé par le Conseil Régional de Bourgogne qui se trouve ainsi complice de ce massacre d'un élément du patrimoine de l'Yonne figurant dans l'encyclopédie de la pierre des compagnons du devoir comme un bel exemple de monument réalisé en pierre de Charentenay. A noter que les études ont également fait l'objet à cette époque de financements de la DIREN , à son pied se trouvant la source à l'origine de l'urbanisation du village puis du bourg qui va ainsi disparaitre à jamais alors qu'il était prévu de la mettre en valeur. Etonnant qu'aucune personne ne s'insurge de ce méfait , bizarrement cautionné par le SDAP 89 alors que ce dernier a activement contribué à la réhabiltation de ce magnifique marché couvert du XVIII siècle précédemment. L'inculture semble devoir régner à nouveau au 21 éme siècle . Voir l'article de l'YR du 27 et 28 janvier 2001 saluant à BRIENON UNE RESTAURATION REUSSIE . sans tapage la municipalité a entrepris une superbe réalisation de la halle. Bientôt , il conviendra de rendre compte d'un massacre injustifié et injustifiable à moins qu'il ne soit pas trop tard. Appel d'offres des travaux en cours en mars 2013.
Voir les arguments fallacieux de la municipalité pour justifier un tel projet de démolition d'une superbe halle de marché , patrimoine de la commune de BRIENON SUR ARMANCON dans l'article de l'Yonne Républicaine du 1er MARS 2013 , repris par un journaliste sans aucun esprit ou avis critique se livrant à une opération de communication.