SOCIETE
Jeannette Bougrad, entretien exclusif
le mardi 28 mai 2013, 19:39 - SOCIETE - Lien permanent
Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’État et ex-présidente de la HALDE était de passage à Auxerre. Elle a signé son livre "Ma république se meurt" chez Grasset à la librairie "Obliques", rue Joubert et accordé un entretien à AUXERRE TV
Dans cet ouvrage Jeannette BOUGRAD réaffirme avec force son attachement à la laïcité et aux valeurs républicaines : un combat permanent. Elle participera également, en soirée, à une "tenue blanche" au "Réveil de l'Yonne", loge maçonnique Auxerroise affiliée au Grand Orient de France.
Jeannette BOUGRAD à la librairie "Obliques" rue Joubert (DR)
L'auteur de "Ma république se meurt" s'exprime devant notre caméra sur la laïcité et la référence française sur ce sujet dans le monde entier tout en regrettant que dans notre pays la République ait fait preuve des plus grandes faiblesses. Elle revendique un "athéisme émancipateur"; dénonce les intolérances de tout bord, les ravages d'un communautarisme exacerbé et menaçant. Jeannette BOUGRAD ne semble pas très optimiste sur les évolutions à propos de ces questions fondamentales. Pour autant elle refuse d'abandonner ce combat souvent dangereux et qui ne lui a pas valu que de la "reconnaissance"
Dans une dernière partie de l'entretien, Jeannette BOUGRAD revient sur l'origine de son engagement politique, sa naissance au contact de Gaullistes sociaux tel le grand juriste Pierre Mazeaud. Elle évoque également Léon Hamon, René Capitant et la lutte perdue de ces Gaullistes sociaux face au libéraliseme "Pompidolien". Elle refuse cependant de condamner la "globalisation et la mondialisation" ou la construction européenne, ne voulant en considérer que les éléments positifs.
"Le livre est important pour comprendre le monde politique d'aujourd'hui, ses dérives. On y trouve les pistes de ce qu'il faudrait mettre en oeuvre pour que nos valeurs républicaines perdurent en France. L'ouvrage est courageux, l'analyse intelligente. On y découvre des hommes politique de gauche comme de droite, souvent plus soucieux d’être ou de rester élus plutôt que d'avoir un comportement responsable en regard de l'avenir de notre démocratie et de cette "fameuse République". Josette BOUGRAD constate que malheureusement, souvent, "ce n'est pas l’honnêteté qui triomphe".
Commentaires
Très cher JLH, si le micro d'Auxerre TV, avait pu tirer son fil dans cette "tenue blanche" il aurait enregistré la même sincérité du témoignage de "Dame Jeannette".
Bien que née ailleurs, elle est une digne descendante de l'autre Jeanne, de la Jeanne laïque, dite Jeanne Hachette, qui fut quelque peu éclipsée par l'autre Jeanne la Pieuse, dite Jeanne d'Arc. Voila bien des femmes, des jeunes femmes, qui ont donné ou consacré leur vie dans un engagement sans concession. Un engagement, donc une foi et une espérance dans l'amour entre les humains, même si cette foi se heurte aux égoïsmes et aux intérêts particuliers. Cette confrontation, donne l'apparence du doute et du pessimisme, mais la foi est là , derrière, pleine et entière, inébranlable. "Dame Jeannette" semble être de cette trempe.
Ces Jeannes là se remarque en "temps de crise", ce ne sont pas elles les pessimistes, mais c'est le constat d'une situation dont elles donnent le diagnostic. Le constat de "Dame Jeannette" est terrible. Dans cette société actuellement en crise, les solutions ne sont pas à court terme, mais à moyen et long terme. Elle parle d'une génération perdue, mais alors perdue pour quoi et à cause de qui ? L'avenir quel qu'il soit, nous vient du passé et se construit aujourd'hui. Il n'y a pas d'avenir "ex nihilo", mais celui résultant des seules conséquences de nos actions présentes. Quid des responsables ? Mais ne sont-ce pas ceux formant la "classe dirigeante" et leurs obligés, cette caste que l'on appelle "médiatico-politique"? Cette sorte d'aristocratie, victime des mêmes consanguinités que les précédentes. Elle aussi prompte à partir pour Coblence, si l'on égratigne ses privilèges.
"Dame Jeannette" a raison de ne pas mettre cette crise sur le dos de la "mondialisation", qui n'est que le simple constat que la "planète est devenue un village" où tout est interconnecté. Elle qui a approché de près, cette caste dirigeante, ne semble pas en avoir été contaminée. Peut-être qu'en cherchant bien, on trouverait bien quelques circonstances où la chair a été faible. Les puissants ont des séides qui excellent dans ces travaux de dénigrements. Mais ce n'est pas la puissance en elle-même, que contesterait "Dame Jeannette", elle qui revendique une "République forte et laïque" où l'intérêt général primerait sur les intérêts particuliers. La puissance à craindre est celle des lobbies, transnationaux et apatrides. Celle d'une caste qui s'accommode du communautarisme, comme on s'accommode bien de ces populations de rats qui peuplent les égouts, dès lors qu'elles y restent et ne pénètrent pas les cuisines du pouvoir.
"Dame Jeannette" nous dit : "Ma République se meurt", mais ne pêche t'elle pas par excès d'espérance, cette République là n'est-elle pas déjà morte ?
Quel bel entretien... Une dame intelligente et claire dans ses propos et sa démarche. Qu'elle soit entendue, d'autant qu'elle parle sans imposer sa pensée: elle la dépose sans fracas, la laissant se faire accepter.
C'est vrai que les religions s'emparent à présent des gens les plus fragiles, leur donnant l'illusoire force de la raison et de la rectitude, les armant du refus de l'autre et de la colère "du juste"... Nous sommes en danger, et en grand besoin de laïcité.