FIGURES
Armand Simonnot, un bûcheron en Morvan
le jeudi 13 février 2014, 13:01 - FIGURES - Lien permanent
Témoignage exceptionnel sur la vie d'un homme élevé par ses grands parents au hameau la Provenchère à Saint-Léger-Vauban, sa mère nourrice à Paris. À 12 ans il dut travailler. Le service militaire en 1928 lui fit perdre le peu de biens que vendit sa grand-mère, 75 ans, pour subsister. De retour, il devint bûcheron, s'engagea au parti communiste et fut le premier Franc tireur partisan enregistré dans l'Yonne sous le matricule 6013 en 1942, contrairement à ce que dit l'histoire officielle savamment construite après la Libération
C'est un livre passionnant d'un bout à l'autre que vient de publier Jean-Yves Boursier, Nivernais, professeur en anthropologie à l'Université de Nice, aux éditions l'Harmattan.
Armand Simonnot dit Commandant « Théo », fut un chef de la Résistance dans la Morvan, initiateur du « Maquis Vauban », né à Saint-Léger-Vauban, dans l' Yonne le 18 mars 1908 et décédé au même lieu le 26 août 1984, âgé de 76 ans.
Au travers d'un témoignage unique, enregistré de 1982 à 1984, deux ans avant la mort d'Armand Simonnot, c'est une vraie histoire dans l'histoire qui est narrée. L'histoire et l'itinéraire d'un homme, d'un pays de caractère, pauvre, le Morvan, granitique, de forêts et d'eaux, pris dans la grande histoire de la guerre, la deuxième après la première. L'histoire passée dans ce coin du Morvan, révèle aussi combien le massif fut, de la Guerre d'Espagne à la Libération, le théâtre d'événements considérables, même s'ils ne furent pas spectaculaires.
Un témoignage qui déconstruit l'histoire officielle construite savamment après la Libération au nom du principe de la continuité de l'État.
Vauban, Bayard, Loffroy, Bailly, Flandin, Valtat, Bolzan, le commissaire Grégoire, Tillon et nombre d'autres personnages qui ont compté sont évoqués.
Un ouvrage passionnant qui, en éclairant les éléments du récit du résistant morvandiau par l'étude d'une multitude d'archives et publications, fixe la distance entre l'action locale d'un militant communiste "de base", simplement patriote, et la « grande politique » du Parti décidée à Paris ou à Moscou. Quitte parfois à « déconstruire » l'histoire telle qu'elle a été figée.
L'incroyable destin de cet humble Morvandiau, né et mort à Saint-Léger Vauban [1908 -1984], qui côtoya les grandes figures communistes du XXe siècle et demeura un soutien indéfectible de Charles Tillon, le fondateur et commandant en chef des FTP exclu du Parti après guerre, dont il fut le fidèle garde du corps jusque dans les épreuves.
Ce livre singulier qui contribue à la recherche de la vérité, met en lumière un homme droit ayant le sens de la solidarité sous des dehors individualiste. D'une certaine manière, une référence, un exemple voire un modèle. Par les temps qui courent, c'est une denrée rare.
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Armand Simonnot, bûcheron du Morvan - Communisme, Résistance, Maquis - Jean-Yves Boursier - ISBN : 978-2-343-02001-3 • décembre 2013 • 302 pages – 32 euros.
A l'occasion de la sortie de ce livre, et sans rapport avec celui-ci, nous vous proposons également de voir ou revoir l'évocation (vidéo) du parcours d'Armand Simonnot que lui consacre sur son site la commune d'Aubervilliers, dont Charles Tillon fut le maire de 1945 à 1953, et qui a baptisé l'un de ses espaces publics au nom d'Armand Simonnot
Jean-Yves BOURSIER, Nivernais et professeur en anthropologie à l'Université de Nice, auteur du livre (DR)
Commentaires
Intéressant, très intéressant. Merci et ... vive le Morvan et ses femmes et hommes
Un livre remarquable, une piqûre de rappel à l'ordre pour tous ceux qui ont un cerveau de poisson rouge. Merci pour cet admirable travail.