Qui soutient véritablement Bernard Casoni l'entraîneur, homme seul forcément, qui semble objectivement abandonné par les forces vives du club, à commencer par le président en exercice Guy Cotret ? Que l'on nous prouve le contraire si cette affirmation est fausse.

Nous l'étayons sur deux exemples simples. Les tergiversations du président pour manifester sa confiance à l'entraîneur depuis le mois de septembre 2013. Il aurait pu (du) donner un signal fort à tout le monde, joueurs, staff, encadrement, supporters, public, amateurs de foot. Hamel l'a toujours fait avec Roux et Fernandez dans les moments les plus difficiles traversés par le club car il y en a eu. Le président de Troyes, l'ESTAC, a prolongé le contrat de son entraîneur alors que les Troyens descendaient en Ligue 2, au mois de mai dernier.

En anticipant le renouvellement du contrat de Casoni qui expire fin juin. Casoni qui fait l'unanimité en tant que leader d'hommes, performant (Marseille, Bastia, Évian monté coup sur coup de Nationale en Ligue 1) et entraîneur qui promeut les jeunes - du jamais vu depuis 2006. Avec une équipe à construire sans avoir encore eu véritablement la main sur le recrutement, du fait de l'encadrement de la masse salariale par la DNCG (direction nationale de contrôle de gestion) et du changement de propriétaire  au mois de mai 2013.

En accédant aux demandes du coach auxerrois lors du mercato, quitte à mettre la main à la poche pour renforcer l'équipe avec un ou deux cadres d'expérience au poste de numéro 6 et 9, afin d'injecter de la puissance dans une équipe qui en manque, cela crève les yeux, et de mieux encadrer les jeunes talents - car ils sont talentueux - qui ne demandent qu'à progresser et s'épanouir. 

Pointons aussi l'épisode Jérôme Rothen, à la fin de l'été, le Bastiais signant finalement à Caen alors que Casoni le voulait et que Rothen était d'accord. Car l'ancien international parisien Jérôme Rothen affirme qu'il ne serait pas venu par dépit à Auxerre, bien au contraire.

Ces éléments sont exposés ici non pour les juger au fond mais pour illustrer que la confiance et l'entente, la complicité nécessaire entre un président et son entraîneur, n'existent pas à l'AJA, ou alors il faudrait qu'on nous explique. Au vu et au su de tout le monde. L'ambiance générale s'en ressent, cela pourrit l'atmosphère. Comment avancer dans ces conditions, quelles que soient les équipes ... au centre de formation compris. Un club est un tout. Si une pomme est corrompue, tout le cageot est rapidement contaminé.

Le plus curieux et le plus désarçonnant dans l'affaire, est que Guy Cotret a affirmé il y a quinze jours, que sa décision de prolonger ou non Bernard Casoni ne dépendrait pas des résultats. Comment décrypter sachant que le président a cru devoir dire à la grande presse, au mois de novembre dernier, visant l'entraîneur, que les résultats de l'AJA étaient insuffisants ? Cotret n'aimerait donc pas Casoni et voudrait le remplacer par un homme de son réseau personnel qu'il se préparerait à placer à la faveur des mauvais résultats de l'AJA et de son élimination en Coupes de la Ligue et de France ? Au fait quel réseau sinon son réseau en National dont il fut président pendant 9 ans du club le Paris FC avant d'être écarté par l'actionnaire majoritaire. Si l'on poursuit le raisonnement, le futur de l'AJA ne s'inscrirait-il pas naturellement en National ?

Si l'on ajoute à ce contexte sportif, un contexte financier désastreux de restructuration permanente (réduction du budget de 16,5 millions d'euros à 12), qui alimente l'inquiétude mais aussi la difficulté de vivre au quotidien, avec son lot de stress sur fond d'avenir bouché sans rayon de soleil, il n'est pas interdit de penser que si une prise de conscience générale et un vent de révolte ne se lèvent pas, le club qui se meurt sous perfusion et morphine, va finir par trépasser, sans avoir combattu. 12 joueurs sont en fin de contrat et ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Ça c'est motivant.

 

La fierté du pauvre

La vente de Ntep (5 M d'euros + 1 de bonus) est loin d'être suffisante, il en faudrait 3 de plus pour l'année en cours. Le propriétaire dont personne n'a encore compris la stratégie, sinon qu'il n'a pas le sou et veut en trouver dans la poche des autres, à l'autre bout de la planète, ce qui fait un peu loin pour les paysans Bourguignons. En vendant le savoir faire (ah la fameuse ADN de l'AJA formation quelle belle image de communication ! ) sauf que ceux qui en étaient les artisans ne sont plus là, certains même ont été écartés, et que les nouveaux cadres en place ont tout à prouver et que ce n'est pas trop bien parti pour l'heure. La plus éloquente image de l'AJA, en vérité, est sa vitrine sur internet. Une vitrine la plus vide de la Ligue 2. C'est bien la peine d'aller vendre de l'ADN en Iran, au Qatar, en Chine, en Inde ou en Arabie Saoudite. Faut pas prendre les enfants de l'Abbé-Deschamps ( du bon dieu) pour des canards sauvages (dans le film d'Audiard  Rita a l'habitude de prendre des gangsters pour amants et se fait truander)

Quoi qu'il en soit, l'heure n'est plus aux pleurs, pleurnichements, lamentations, critiques ni aux regrets. L'heure est à l'action. Le moment est venu. Il n'est pas trop tard. Il est encore temps. Le phare du club c'est l'équipe fanion, aujourd'hui, la priorité absolue. L'AJA doit assurer son maintien. Il sera temps de discuter après du reste.

L'action passe par la prise de conscience, la mobilisation et la révolte collective : dans les bureaux, à la présidence, au centre de formation, dans le staff, dans les vestiaires, dans les travées regarnies pour le match de Coupe contre Rennes. 

Révolte individuelle, révolte collective, solidaire. On laisse de côté les rancoeurs, les doutes, les petites haines qui gangrènent de manière insidieuse. On fait la trêve, on regarde devant. Et on va au charbon. On chante dans les (sinistres) bureaux et Baptiste revenu sur les fonts baptismaux donnera le "la" quitte à se forcer un peu. Et Caso, il va cesser de se répéter sans cesse en répétant la même chose qui retombe inévitablement dans les mêmes oreilles qui, à force, n'entendent plus. Caso on le veut avec son grand sourire large qui éclaire le visage d'un homme, droit, bon, d'un homme qui est capable d'emmener ses troupes loin parce que ce sont les moyens et outils mis en oeuvre qui comptent, le résultat suit. Comme disait Bébert (Guy Roux) : il faut gagner pour apprendre à gagner.

Et enfin, Cotret, cet homme insaisissable, qui préside bénévolement par mandat social, un club dans lequel il n'a pas mis un kopek. Cet écorché vif, au fort besoin de reconnaissance, au rôle ingrat de banquier qui restructure et qui voudrait, malgré tout, être aimé, apprécié, adoubé. Qu'il fasse le premier geste, qu'il se déleste de sa carapace et costume gris dans la tête et prenne Casoni dans ses petits bras du banquier qu'il fut, est et sera toujours. Qu'il l'étreigne, le regarde dans les yeux sans un mot. Devant les joueurs.

Monsieur Guy Cotret vous êtes le président de l'AJA, c'est votre vrai costume emprunté à vos prédécesseurs dans ce grand club qui dépasse les hommes qui ne font que passer. Vous êtes garant de son unité et de sa pérennité. C'est votre responsabilité. Vous êtes responsable.

Alors, révolte, oui, de toutes et tous partout et donc sur le terrain de l'Abbé-Deschamps, vendredi (20 heures) contre Angers qui joue la montée en Ligue 1.

À défaut de tout, il n'y a que la conscience, l'amour, la fraternité et la solidarité, pour lever le vent de la révolte et extirper de l'humanité parmi les hommes. Ce sont les armes du pauvre et la fierté du pauvre, qui ne manque pas de grandeur.

 

Pierre-Jules GAYE