LA CITE
Guy Férez III
le dimanche 30 mars 2014, 21:53 - LA CITE - Lien permanent
Le maire socialiste sortant d'Auxerre va entreprendre un troisième mandat de rang. Il a devancé son challenger de 312 voix creusant l'écart du premier tour qui était de 283 voix
Guy Férez lors de l'inauguration des quais de l'Yonne rénovés, une fête de feu et lumière qui avait attiré plus de 20 000 spectateurs (DR)
La dynamique qui était en faveur du challenger le député UMP Guillaume Larrivé ne s'est donc pas confirmée au deuxième tour.
Pourtant, le challenger, le jeune élu qui avait battu contre toute attente Guy Férez à la députation dans la première circonscription de l'Yonne, en 2012, semblait devoir tenir la corde pour coiffer son rival au poteau.
Guillaume Larrivé a réussi à recomposer les familles de la droite auxerroise, qui s'étaient cruellement divisées en 2001, offrant la mairie à Guy Férez, l'opposant socialiste de toujours dans une cité qui vote au centre droit-centre gauche.
Guillaume Larrivé a mené une belle campagne avec beaucoup d'énergie et une équipe rajeunie, incarnant l'avenir d'Auxerre, l'avenir tout court. Le député de l'Yonne, hyperactif, symbolisait surtout la possibilité de l'alternance, ce balancier indispensable à la vie démocratique. Sans négliger le fait qu'il avait défait Guy Férez une première fois.
Sa campagne locale était fondée sur le rejet de la politique de François Hollande et sa faillite qui conduit le pays à la dérive et à la déroute. Or Férez= Hollande. CQFD.
Alors comment expliquer l'essouflement de la "dynamique" voire le reflux de la dynamique de la droite auxerroise recomposée, dans un contexte national de vague bleue marine et républicaine, infligeant une grosse claque aux socialistes, au gouvernement et au président de la République ? Une raclée historique dans les urnes, qui en annonce beaucoup d'autres (européennes, sénatoriales, régionales…), terrible réquisitoire contre ce quinquennat.
Première observation : les Auxerrois se sont mobilisés davantage au deuxième tour. Il apparaîtrait que l'électorat de gauche, qui s'est abstenu au premier tour pour marquer sa désapprobation de la politique gouvernementale, est allé voter pour son camp, d'autant plus naturellement que le FN n'était pas présent au second tour.
De nouveaux défis se profilent
Deuxième observation : si Guillaume Larrivé talonnait Guy Férez au premier tour (42-40), force est de constater que ce scrutin étant devenu national, le maire sortant d'Auxerre a plutôt bien résisté à la vague bleue, qui eût pu (du ?) placer Guillaume Larrivé en tête au premier tour. La résistance de Guy Férez peut s'expliquer par son implantation forte, de longue date et son enracinement à Auxerre.
Argument que balaye Guillaume Larrivé qui évoque une fin de campagne "haineuse et ordurière" (sic) à son égard dans deux quartiers qui ont fait basculer l'élection selon lui. Il n'évoque pas la lettre ouverte aux Auxerrois tractées et distribuées, samedi, par le conseiller FN sortant Richard Jacob, celui-là même qui avait appelé à voter en sa faveur aux deuxième tour des élections législatives de 2012, contrevenant à la consigne nationale, radié à vie du FN depuis, pour ses déboires judiciaires. Sans doute le député de l'Yonne se serait-il passé de cet appel empoisonné.
Triste, se dit le député de l'Yonne, qui considère que la victoire de Férez est une défaite pour Auxerre. Il oublie peut-être que 65% des Auxerrois se disaient satisfaits du travail accompli par Guy Férez dans le sondage Ipsos/Seria pour France 3 Bourgogne, dix jours avant le premier tour.
Il reste que les urnes ont livré leur verdict et que c'est ainsi. Guy Férez, qui a senti passer le vent du boulet plusieurs fois ces deux dernières années, va pouvoir confectionner le budget de la cité pour 2014 et imprimer une nouvelle empreinte voire un souffle nouveau, avec une équipe largement renouvelée et élargie à la société civile, qui va devoir faire ses preuves.
En face d'une opposition structurée forte d'une belle aventure et qui sera composée de 9 membres. Rien ne sera plus jamais comme avant à Auxerre.
On va pouvoir mesurer l'engagement de Guy Férez III et sa volonté pour redynamiser le centre ville non par des ripolinages mais par un projet structurant, celui de parkings souterrains place des Cordeliers. No parking no business. Vaste chantier, long, plein d'astreintes et d'inconvénients. La survie du centre ville n'est-elle pas à ce prix ?
Les élections sont terminées, de nouveaux défis se profilent. Les élus sont au service des citoyens et de la cité.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
La tactique choisie par Guy Férez de dissocier le choix du maire d'Auxerre de l'expression du mécontentement national à l’égard du gouvernement et d’aller chercher personnellement les voix qui lui manquait "avec les dents" dans les quartiers, et à l'aide de quelques tracts ciblés, a été payante. Il est resté le maire des quartiers !
C’est évidemment une immense déception !
Pour Guillaume Larrivé tout d’abord et pour les membres de son équipe, qui ont réalisé une campagne dynamique et exemplaire. Ils ont proposé tout à la fois un projet, un mode de gouvernance et des priorités : la sécurité, le développement économique, la réanimation du cœur de ville.
C’est une immense déception également pour Auxerre !
La ville avait une chance à saisir, celle d’un homme jeune, dynamique, talentueux, qui pouvait lui apporter un souffle nouveau et lui amener des financements, des investissements et des emplois.
Au lieu de cela, Auxerre risque de poursuivre son déclin économique et démographique, alimenté par la hausse de la pression fiscale et le départ de ses jeunes obligés de quitter la ville pour trouver un emploi, un déclin exprimé parfaitement par l’évolution démographique de la ville : - 1684 habitants entre 2007 et 2011 !
Une immense déception enfin, parce que l’élection semble avoir été gagnée par le maire sortant par des moyens plus que limites tels que des attaques personnelles indignes et des tracts diffamatoires et mensongers distribués à la dernière minute, privant ainsi son opposant de toute possibilité de réponse !
L’issue du scrutin s’est en effet jouée dans les quartiers, ceux des Hauts d’Auxerre et de la Rive Droite, là où la ville a concentré, pendant les deux mandats de Guy Férez, l’essentiel de ses investissements, dans le cadre des interventions de renouvellement urbain, et où le clientélisme électoral a pu jouer à fond, le socialisme municipal étant fondé, nous le savons, sur le triptyque : logements sociaux = population assistée = électeurs obligés !