CULTURE
Les Rouges de la Migennoise Pascale Fautrier
le lundi 12 mai 2014, 14:38 - CULTURE - Lien permanent
Entretien avec l'auteure d'un livre qui exhume la mémoire des paysans rouges, bientôt ouvriers, le courage cher payé, les déterminantes solidarités, avec douze heures de travail dans les dents, la foi dans une société meilleure et ce Zéphyrin Camélinat bronzier de Mailly-la-Ville qui signa pour les députés ouvriers, historique communard enterré au cimetière de Mailly. C'est notre histoire
Camille le grand-père... et Madeleine son épouse devenue aussi Pascale Fautrier en écoutant ses récits (DR)
Le livre de Pascale Fautrier, Les Rouges (*), est une saga familiale qui couvre huit générations et deux siècles, une fresque où défilent les personnages historiques et contemporains, ponctuée des révoltes, des résistances, de la vie au quotidien, des mots du petit peuple, la parole perdue que veut retrouver l'écrivaine, avec en trame de fond l'histoire du parti communiste après-guerre.
Migennes la cheminote prend beaucoup de place et est au coeur géographique des épopées qui se jouent. Guy Lavrat, Bernard Foutrier, Jean Cordillot, sont présents, acteurs et témoins de ce roman qui paraît davantage un livre de souvenirs basé sur l'investigation qu'une fiction. Georges Marchais lui aussi avait une résidence dans le nord de l'Yonne et a chassé dans le sud-auxerrois avec des cadres du parti dont Fitterman en présence de Guy Roux. Et qui est ce JC alias Kostas, député sinon Jean-Christophe Cambadélis, aujourd'hui 1er secrétaire du parti socialiste ... avec qui l'auteure entretient une relation dialectique passionnelle.
AUXERRE TV a rencontré l'auteure dans va ville natale chez elle rue Edouard Vaillant entre la canal et la rivière, dans la maison de son père Bernard Foutrier, personnage complexe et incontournable qui a utilisé son libre arbitre au fil du temps et des événements. Il possède les archives les plus détaillées et complète de l'histoire du parti communiste après-guerre ainsi qu'un site internet édifiant.
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(*) Les Rouges de Pascale Fautrier, Édition du Seuil, 512 pages, 22 euros
(*) Pascale Fautrier est professeur agrégé de lettres, spécialiste de Simone de Beauvoir et de Nathalie Sarraute. Elle est aussi l'auteure de deux biographies Chopin et Napoléon Bonaparte.
Commentaires
« Rouges » – Le drapeau et le chiffon
« Le voilà , le voilà , regardez !
Il flotte et fièrement il bouge,
Ses longs plis au combat préparés,
Osez, osez le défier !
Notre superbe drapeau rouge,
Rouge du sang des ouvriers ... »
... fusillés sur la butte, contre le mur des fédérés, (et pas que).
Contrairement à ce que certains ont cru pouvoir chanter à partir de 1981, ce drapeau n'est pas un « chiffon ». Ne laissons pas les bobos et autres nomenklaturistes, reconvertis en « nouveaux chiens de garde », s’essuyer les mains dans ce qu’ils essaient de nous vendre comme le linceul - non du vieux monde - mais de la lutte des classes.
Dès qu’on accepte « d’en croquer », le fer de l’esclave est scellé … Et, tôt ou tard, un pied vient pousser la gamelle un peu plus loin ; alors, la chaîne se tend. Aujourd’hui, le préfet Laurent Pilate se lave les mains, et l’Oint de Madeleine est de nouveau cloué au pilori.
Chère Pascale, toi qui as l'âge de ma fille, je te remercie d'avoir publié cet indispensable viatique à transmettre à Léo ...
Un détecteur qui l’aidera à « déminer », lui aussi, son héritage psycho-émotionnel.
Merci d’avoir su « prendre ta place de sujet dans l’Histoire ».
Tes « p'tiotes » madeleines ressemblent à « not’ Mélanie », à « not’mâtre », le Françouais -d’Jean - d’Fanchon, porteurs de toutes les violences subies, et les révoltes si souvent tues ou écrasées, qui accompagnent la migration de la génération suivante des terres de l’Auxois aux corons de la rue des Lamineurs … Ce sont ces « mémoires de vies », transmises en héritage, et rassemblées, qui conduisent, un soir de Noël, à la salle du Manège.
A ta façon, tu te constitues, par ce livre, « chahib » - « martyr » - « témoin » de cette « reconstitution de ligue dissoute » que fut, "par le fait", la « résistible ascension » de la nomenklatura, et pas seulement chez le « grands frères ».
Souviens-toi de la vase de Weimar !
Cette république de Solférino nous y entraîne inexorablement.
Juste sans en rajouter, félicitation, une femme de lettre à la portée de tous. J'aurais aimé connaitre dans la précision, ses interventions dans le sud du dptmt et notamment à Avallon et Clamecy pour nos voisins. C'est une révélation tellement importante que nous montre aujourd'hui Pascale Fautrier subitement, sur les valeurs républicaines et démocrates qu'il serait tellement interposant que soit évoqué tout de même les travers, les défauts du socialisme (le vrai) alors que ce n'est que là , que persiste ces valeurs aujourd'hui...
J'ai été "scotchée"... sans être particulièrement intéressée - ni hostile - dans le communisme. Mme Fautrier parle clair, pas "de bois", lucidement, avec à la fois légèreté et profondeur, sans drame. J'ai tout simplement adoré. Elle a raison sur tant de points, identifie sans agressivité mais avec fermeté certains de nos maux sociaux actuels...
Et oui... l'histoire de sa famille, c'est bien ce qui nous regarde directement. Pas les séries télévisées ni les films à Happy Ending scandaleusement improbable.
Bravo et merci...