Quel spectacle navrant des politiques de tous bords sur toutes les chaînes après l'annonce des estimations de résutlats des élections européennes. Déboussolés, sans  fond (même Guaino accroché au mythe Gaullien), Ils ont utilisé les mots, à défaut d'idées, tout en les confondant.

D'abord et avant tout, surtout ne pas insulter le peuple qui s'est exprimé dans les urnes. Alors là, c'est top, on se cache, on respecte, mais cela ni n'explique ni ne résoud.

D'un mot, ils sont tous paumés et ne savent pas quoi dire. Sauf que "ils" vont faire de la politique autrement.

Le décryptage, l'analyse de cette "décomposition", de ce "séisme" de cette "fracture" et bien, les uns et les autres, n'ont que la grille d'un petit cerveau migraineux. On ne comprend pas donc on accuse le voisin ou mieux, les siens (Fillon, l'UMP). En attendant, on ne fait pas avancer le schmilblick.

On va essayer de les aider, modestement.

D'abord, désolé, on a le droit d'engueuler le peuple lorsqu'on estime qu'il déconne. On peut estimer (peut-être à tort) avoir raison contre tous. On n'est pas obligé d'être un mouton.

Ensuite, il faut essayer de comprendre le message populaire, qui est toujours frappé au coin du bon sens. Certes, si contester la compétence des élus revient à nier la démocratie, contester la compétence du peuple revient au même. C'est le noeud de la problématique : le peuple remet en cause la compétence des élus en regard du bon sens.

Comment décrypter ?

Il faut raison garder. Il s'agit d'une élection européenne après celle de 2009, une élection multi-nationale. Les résutlats français ont du poids mais relativement peu de poids dans le système. Autrement dit, les électeurs Français, qui sont tout sauf des veaux (désolé Henri Guaino), savaient très bien ce qu'ils faisaient et connaissaient la portée de leur vote.

Cette élection multinationale était le terrain idéal pour exprimer le ras-le-bol des attitudes et comportements des politiques de tous bords aujourd'hui, infligés aux consommateurs, salariés, contribuables, citoyens. Qui en bavent et sont spectateurs des monstruosités qu'on leur impose non sans mépris. La fracture date du référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne. Les élites politiques des partis traditionnels se sont assis sur le "non" du peuple. Et puis les politiques d'austérité se sont succédées sans succès sauf à faire suer le peuple en le rackettant.

Puisqu'au plus haut niveau de l'État, on n'a manifestement pas compris le message des municipales, le même message a été renvoyé au destinataire avec copies cachées à toutes et à tous.

Les Européennes, c'était l'occasion rêvée et unique pour les Français de pouvoir s'exprimer. Quitte à en avoir marre de répéter la même chose.

Les Français n'ont pas voté contre l'Europe, fondamentalement. Ils ont voté contre les politiques Français de droite et de gauche et du centre voire d'ailleurs. Ils n'ont pas voté pour le FN en tant que tel (bien embarrassés d'ailleurs les responsables frontistes devant cette victoire totale et massive ), ils ont voté pour sonner les cloches à des humains tricolores qui disent écouter mais n'entendent rien. Le coq chante, sait chanter !

Autrement dit, pour faire court, les Français sont pour l'Europe, massivement, les sondages en attestent indiscutablement. Et les Français ne sont pas forcément adeptes de l'idéologie FN avec tout ce qu'elle comporte, et ils ne réclament pas le retour du franc. Au contraire.

Le FN, aux affaires, c'est évident, ne ferait pas mieux et ferait sans doute pire que nos gouvernants. D'hier et d'aujourd'hui.

Mais le système UMPS cela suffit ! Et cela n'a rien à voir avec l'Europe. Il faut balayer devant sa porte. Dans l'Yonne certains politiques ne le font pas. C'est insupportable. On doute qu'ils comprennent le message. C'est ça le pire... et c'est là où le FN fait moisson.

En attendant, on va nous faire phantasmer avec les pires peurs et illusions, celles de l'ignorance. Un des vices de la démocratie.


Pierre-Jules GAYE