Il est né à Auxerre le 17 janvier 1897. Sa mère meurt alors qu’il n’a que 12 ans, d’une pathologie psychiatrique. Commencent alors de nombreux déboires alarmants pour lesquels on le juge irresponsable. On le définit comme neurasthénique, dépressif paranoïaque, en proie aux phobies. Il est ce qu’on appelle aujourd’hui bipolaire. Il est kleptomane, violent avec les animaux, et accumule les délits. Brillant psychopathe cependant, il pratique aussi la médecine avec bienveillance, vaccinant et soignant gratuitement les indigents, ce qui lui vaut de devenir, à 29 ans, maire de Villeneuve-sur-Yonne.

Marcel Petiot

Les disparitions étranges se succèdent dans son sillage, ainsi que vols et faux, et il est démis de ses fonctions. Il s’en va à Paris pour commencer « une autre vie » et y ouvre un cabinet médical. Ses pulsions kleptomanes le mettent à nouveau en difficulté et le font remarquer. Pas au point de pouvoir intervenir pourtant.

Pour un homme dont toute l’intelligence – et il en avait – est mise au service de « plans » macabres et inimaginables pour les autres, il a tout loisir de s’organiser. Dans l’hôtel particulier qu’il vient d’acheter il fait d’importants travaux : le mur mitoyen est surélevé pour protéger ses secrets, les communs sont transformés en cabinet médical, et la cave est aménagée pour servir ses passions psychopathes : munie de doubles portes et d’une chambre à gaz avec une porte à judas par lequel il suivait l’agonie de ses victimes, et un puits de chaux vive.

Trouver les victimes est un jeu d’enfants dès 1942 : elles viennent d’elles-mêmes. Il offre en effet, sous le nom du « Docteur Eugène », d’organiser la fuite de gens poursuivis par la Gestapo, des Juifs ou des personnes ayant besoin de se mettre à l’abri d’ennuis légaux leur demandant de se présenter chez lui dans la discrétion de la nuit, munis de bijoux, argent, biens de valeur. Ils ne vont plus nulle part, comprenant sans doute dans l’horreur qu’ils se sont jetés dans la gueule d’un loup absolument fou. Les Allemands, lorsqu’ils découvrent l’existence du réseau du bon Docteur Eugène, l’arrêtent et le torturent pour connaître le maillon suivant de... la résistance, mais malgré la torture, n’obtiennent rien, et pour cause : la résistance n’a rien à voir dans cette monstrueuse tragédie. Mais il a eu chaud, Petiot, et tente de faire disparaître les indices.

C’est en mars 1944 qu’une odeur dérangeante alerte les voisins, et conduit les recherches dans la cave, où des cadavres attendent l’incinération. Petiot, jamais à court de stratagèmes, apparaît, se fait passer pour son propre frère, et… s'évapore. On découvre la chambre à gaz, la fosse de chaux vive et 655 kgs d’objets divers volés aux victimes.

Mais le bourreau est loin déjà, avec une nouvelle identité et une nouvelle vie : sous le nom de Capitaine Valéry il s’est engagé dans les forces françaises de l’intérieur. Il doit être assez fier de lui, et prendre le reste du monde pour un ramassis de naïfs peu ingénieux. Il est un génie. Il faut dire qu’il a l’avantage de faire l’inimaginable et de ne penser qu’à ça. Et c’est sa conviction d’être inattaquable qui aura enfin raison de sa trajectoire meurtrière : un article est publié dans Résistance, article qui accuse Petiot d’avoir collaboré avec le IIIème Reich. Ulcéré il écrit de sa plus belle plume une lettre de dénégation, et c'est ainsi que l'on remonte jusqu’à lui, pour enfin l’arrêter dans le métro, le 31 octobre 1944.

 

Petiot à son procès

Son procès aura lieu du 18 mars au 4 avril 1946, portant sur 27 assassinats, mais il en revendique 63, qu’il qualifie de collaborateurs ce qui fait de lui, en somme, un simple justicier au nom de la France. Le pyjama d’enfant retrouvé chez lui ainsi que des preuves matérielles du passage sans issue d’innocents chez lui resteront inexpliqués. Il est guillotiné le 25 mai 1946, toujours aussi arrogant et détaché des réalités, railleur, hautain et souriant.

 

 

 

 

Marcel André Henri Félix Petiot, dit le docteur Petiot, est né le 17 janvier 1897 à Auxerre, dans l'Yonne