CULTURE
Saint-Sauveur-en-Puisaye et le chœur des femmes en guerre
le lundi 13 octobre 2014, 13:51 - CULTURE - Lien permanent
3ème édition du Festival international des écrits de femmes à l'initiative de la Maison de Colette
Cette année c’est Florence Aubenas, journaliste au Monde, qui a présidé le 3ème Festival International des écrits de femmes à Saint-Sauveur-en-Puisaye, un festival qui cette fois était axé autour du thème de la guerre, des conflits, et du regard des femmes sur ceux-ci.
C’est l’Association La Maison de Colette qui créa ce Festival en 2012, s’appuyant sur la célèbre dame de plume, de scandale, d’indépendance, d’amour et de sincérité, qui ne pouvait qu’être une excellente ambassadrice de la voix des femmes.
Il n’est pas inutile de mentionner la célèbre Edith Wharton (1862-1937), auteur de L’âge de l’Innocence et autres œuvres qui bénéficient de son regard clair sur la condition des femmes dans la société américaine de son temps, qui a mérité sa plaque au 53 rue de Varenne à Paris, où elle vécut. Elle fréquenta librement les grands auteurs de l’époque, tels qu’André Gide, Henry James – qui la surnommait la grande généralissime - , Jean Cocteau, Anna de Noailles… Elle avait quitté les Etats-Unis pour la France en 1907, par amour de la France et sa littérature.
Edith Wharton
Lorsque la guerre éclata, dès septembre 1914 un raz de marée de réfugiés s’abattit sur Paris, et elle fonda des American Hostels for Refugees après avoir obtenu d’amis qu’ils lui cèdent trois grandes maisons. Elle collecta des dons – elle écrivait inlassablement à tous ses amis fortunés restés en Amérique - , gérant ces dons avec efficacité, et ouvrit aussi un comité de sauvetage pour les enfants des Flandres dont les Allemands avaient bombardé les villes. Elle fut parmi les rares femmes à être autorisées à aller sur le front, se décrivant comme une étrange Walkyrie chargée de cigarettes, en jupe étroite, et chevauchant une mule.
Depuis que nous avons quitté Paris hier nous sommes passés par des rues et des rues de maisons tellement assassinées, des villes et des villes étendant leurs contorsions, écrit-elle le 13 mai 1915 depuis Nancy. Et devant les trous noirs qui autrefois étaient des maisons, au bord des gouffres qui étaient des rues, partout nous avons vu des fleurs et des légumes poussant dans des jardins ratissés et arrosés…
Edith était une grande amoureuse des jardins, ayant dessiné elle-même celui qu'elle possédait en Amérique avec l'aide d'un ami architecte... Elle ne pouvait donc qu'être particulièrement touchée de voir ces parcelles d'avenir et de couleurs surgir des décombres.
53 rue de Varenne à Paris
Au programme donc de ce 3ème Festival international des écrits des femmes de Saint-Sauveur-en-Puisaye, on a pu apprécier entre autres choses la présence d’une juriste internationale engagée dans la lutte contre le viol utilisé comme arme de guerre, Céline Bardet ; la projection en avant-première d’un documentaire intitulé Elles étaient en guerre 1914-1918 ; Florence Aubenas a dédicacé son dernier ouvrage, En France ; la création du spectacle Colette à Verdun ; une table ronde autour du thème Femmes reporters de guerre ; une exposition de photographies Générations Rangzen…