SOCIETE
L'ultimatum lancé par les agriculteurs aux députés, sénateurs et au gouvernement
le jeudi 23 octobre 2014, 10:53 - SOCIETE - Lien permanent
La FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants
Agricoles) et les Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Yonne menacent. Ils vont
organiser plusieurs "actions-surprise" avant une manifestation
régionale à Dijon mercredi 5 novembre. En hors d'oeuvre, jeudi soir, la nuit du fumier devant les résidences des parlementaires de l'Yonne
Les deux syndicats indiquent qu’ils ont l’intention de maintenir "une pression constante" sur les élus, l’administration, les GMS (grandes et moyennes surfaces), l’Etat et ses représentants.
Les manifestants ont prévu de répandre du lisier devant les permanences des parlementaires de l’Yonne. Parce que « ce sont eux qui votent à Paris des lois qui ont des conséquences pour nous sur le terrain ».
"Nos revendications étant "légitimes et connues de tous", nous ne souhaitons "aucune rencontre, le temps n’est plus à la discussion ou à la négociation", affirment-ils. La FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et les Jeunes Agriculteurs de l’Yonne estiment que "l’Etat, les élus et les GMS s’abstiennent volontairement de porter assistance à de nombreux agriculteurs en danger. L’Etat, les élus et les GMS sont en connaissance du danger. Soit ils agissent, soit ils choisissent de détruire un pan entier de l’économie."
Les deux syndicats agricoles accompagnent leur ultimatum du 5 novembre d’une série de revendications : une année blanche sur les contrôles en 2015, un versement anticipé des aides PAC, la mise en avant des produits français par les grandes et moyennes surfaces, un plan de modernisation des élevages accompagné par l’Etat et la Région, etc.
La « surcharge administrative » qui pèse selon les syndicats « sur la compétitivité des entreprises agricoles », avait poussé des agriculteurs à manifester, place de la Résistance, à Nevers, le 16 octobre dernier. La FDSEA et les JA, devant plus de 500 agriculteurs, avaient annoncé « entrer en résistance ».
La ville de Nevers a décidé de porter plainte contre les organisateurs, car le coût de l'opération de nettoyage est estimé à 70 000 euros.
A noter aussi qu'un inspecteur de la PAC (Politique agricole commune) venu vérifier la conformité d’une exploitation, sur la commune de Lormes. dans la Nièvre, s'est retrouvé immobilisé un bon moment par l'action de 45 agriculteurs de la FDSEA mardi 14 octobre 2014.
Le programme de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs
- jeudi 23 octobre : une Nuit du fumier est programmée à 21h devant les permanences des députés et sénateurs de l’Yonne à Sens, Avallon et Auxerre. « Nos parlementaires vont sentir (au propre comme au figuré) le mécontentement des agriculteurs », déclarent les deux syndicats, qui estiment que « les sénateurs et députés sont responsables en premier lieu puisqu’ils votent les lois qui nous accablent au quotidien ».
- mardi 28 octobre : Action surprise
- lundi 3 novembre : Action surprise
- mercredi 5 novembre : Manifestation régionale à Dijon et fin de l’ultimatum
FIN DE LA PAYSANNERIE ?
« C’est ça l’avenir, mon gars. Faut pas rêver »
« Vide ! » L'orage s'est divisé, comme d'habitude, au-dessus de l'Aumance. Les nuages se sont séparés en râlant, pour se rejoindre plus loin, dans le Cher, ou par dessus la forêt. On peut les voir par la fenêtre.
Les entendre gueuler tout leur saoul. Mais sur le bocage : rien. Pas une goutte pour le moment.
La pluie partout, mais pas ici. C'est comme ça. Ici, on dit que les automnes ont leurs favoris. Mon interlocuteur se ressert un café. L'aspire du bout des lèvres..
Ici, on dit que les automnes ont leurs favoris.
Vide, vide, vide
Mon interlocuteur se ressert un café. L’aspire du bout des lèvres. Puis reprend son fil. Le chien s’est enfin tu :
« C’est bien simple : on est quatorze à rester. Ou treize, je sais pas. Là haut, chez Moncergis [les noms des domaines ont été modifiés, ndlr], c’est vide ! Le père Michelat : c’est vide ! Les Mauriciers : vide ! Les frères Baudel : vide aussi ! »
C’est un voisin. On n’habite pas sur la même commune, mais sa ferme est tout en bas de la pente qui dégringole de chez moi à la rivière. C’est la route qu’on prend quand on veut éviter les flics. On y roule doucement, surtout quand il fait noir, rapport aux lapins qui surgissent par dix depuis ses fossés.
« Et puis sur le haut, quand tu t’en vas vers la forêt : c’est tout vide là-bas. Tu comptes même plus. Les Ravais : fermé ! Au Montant : vide ! La Chenaie : vide ! Aux Beurdoux : tout vide. Chez Michel, anciennement Bramard : vide pareil.
Et la liste est longue ! Tu veux que je continue ? Simon : parti ! Grimaud : parti ! Les Saules : vide ! Et chez Benoît : y a même plus un carreau sur les vitres. C’est vide, puis ç’a été vidé aussi. »
Un tracteur abandonné dans un champ (Steve Lyon/Flickr/CC)
Commentaires
Je diffuse ici le compte-rendu, publié au Journal officiel, de mon intervention à la tribune de l'Assemblée nationale, en réponse à Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, présentant sa loi dite de modernisation agricole en juillet :
"Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’avenir de notre agriculture passe-t-il d’abord par de nouvelles règles et de nouvelles procédures franco-françaises, c’est-à -dire une nouvelle loi et une nouvelle batterie de décrets d’application et de circulaires administratives ? Faut-il vraiment ajouter quelques dizaines, si ce n’est quelques centaines, de pages supplémentaires aux milliers de pages des normes législatives et réglementaires sous le poids desquels ploient déjà nos agriculteurs ?
Je ne suis pas convaincu que cela soit la meilleure méthode pour atteindre l’objectif qui doit être le nôtre. Notre objectif, ce doit être de reconnaître et d’encourager les efforts qui sont faits par les agriculteurs français pour produire de manière compétitive, en répondant à l’exigence de qualité exprimée par les consommateurs et en respectant notre patrimoine naturel.
Car chaque jour, dans chacune de nos régions, la « ferme France » se bat pour faire face à une ouverture croissante des marchés mondiaux et à une compétition européenne toujours plus intense, dont nos voisins, l’Allemagne et les Pays-Bas bien sûr, mais aussi la Belgique et l’Irlande, entendent bien tirer profit. Nos agriculteurs sont confrontés à l’instabilité des prix, à la fin des quotas prévue pour 2015, à des réglementations européennes toujours plus strictes, à des normes environnementales toujours plus exigeantes, et à une diminution de leurs revenus – de plus de 20 % l’an passé. Aussi, ce que les agriculteurs attendent d’abord des pouvoirs publics, du Gouvernement comme du Parlement, c’est une attitude pragmatique et offensive, pour leur permettre de se battre à armes égales, au sein d’une économie agricole extrêmement compétitive.
Nous devons, pour cela, agir vite, en utilisant trois leviers, international tout d’abord, européen ensuite, national enfin.
Le premier levier, c’est bien sûr celui des négociations internationales. Je vous appelle, monsieur le ministre, à préciser aujourd’hui, devant l’Assemblée nationale, l’état des négociations engagées par la Commission européenne avec les États-Unis d’Amérique pour préparer l’éventuel volet agricole du traité de libre-échange transatlantique. Nous devons pouvoir débattre, ici, concrètement et précisément, du mandat donné à la nouvelle Commission Juncker, car ce traité peut aboutir au meilleur comme au pire. Il peut être une menace s’il diminue les normes sanitaires. Il peut être une chance s’il nous renforce face à la Chine, au Brésil, à la Russie, en faisant prévaloir un principe de réciprocité des échanges. Le Gouvernement a, sur ce sujet, un devoir de transparence devant le Parlement, donc devant l’ensemble des Français.
C’est également un levier international, monsieur le ministre, que vous devez utiliser pour défendre efficacement notre viticulture. Je vous appelle tout particulièrement à faire respecter les viticulteurs français dans les instances opaques où se décide aujourd’hui l’attribution des noms de domaine sur internet. Si vous ne faites rien, n’importe qui, n’importe où, pourra exploiter demain l’adresse Chablis.wine ou Irancy.vin ! C’est inacceptable. Monsieur le ministre, vous devez faire entendre la voix de la France agricole et viticole sur la scène internationale.
Le deuxième levier qu’il faut utiliser, c’est celui de la marge de manoeuvre qui nous est laissée pour appliquer les normes européennes. Prenons garde à ne pas sur-transposer et à ne pas sur-contraindre, car ce serait étrangler les agriculteurs français !
La nouvelle PAC, que vous avez acceptée à Bruxelles, doit désormais être mise en oeuvre dans l’intérêt des exploitations agricoles de notre pays.
Je reste très peu convaincu, pour ma part, par la majoration appliquée aux cinquante-deux premiers hectares premiers hectares. Les exploitations de zones intermédiaires comme la Bourgogne vont être perdantes, qu’il s’agisse de grande culture ou de polyculture élevage, puisque la rentabilité à l’hectare étant moindre que dans d’autres régions, les exploitations y ont des tailles supérieures à la moyenne française. Si vous confirmez cette dotation ciblée sur les premiers hectares, il me semble souhaitable qu’elle soit limitée à 5% de l’enveloppe du premier pilier.
Il est nécessaire, de même, que la « transparence » s’applique à tous les actifs, quelle que soit la forme sociétaire choisie par l’agriculteur.
Évitons par ailleurs d’appliquer, en France, une définition trop restrictive des surfaces à intérêt écologique – SIE. Au moment où 30 % du budget du premier pilier fait l’objet d’un verdissement, pourquoi ne pas retenir les jachères mellifères dans le nouveau dispositif ?
J’ajoute qu’il est très important que la directive « Nitrates » soit mise en oeuvre de manière raisonnable. Chacun reconnaît désormais que des efforts sont encore indispensables pour mieux préserver la qualité de l’eau, mais les mises aux normes nécessaires pour la gestion des effluents d’élevage ne doivent pas être une charge financière déraisonnable pour les éleveurs, notamment pour ceux qui sont en fin de carrière.
J’en viens au troisième levier. Quelques mesures de bon sens, au plan national, peuvent être prises pour améliorer concrètement la situation de nos exploitations agricoles. C’est le sens des amendements que nous soutiendrons lors de cette deuxième lecture.
Nous voulons une meilleure reconnaissance des actifs agricoles, permettant de flécher les aides vers les agriculteurs exerçant réellement cette profession.
Nous tenons à préserver une vraie politique d’installation liée à la compétence professionnelle et non à la recherche d’on ne sait quels objectifs quantitatifs bureaucratiques sans lien avec la réalité du monde agricole. Ce nécessaire respect de la compétence professionnelle, c’est aussi la reconnaissance du rôle indispensable des établissements d’enseignement technique agricole, dont le maillage territorial doit être préservé.
Nous souhaitons, de même, que la ressource foncière soit gérée de manière équilibrée, en surface comme en qualité. Il y a bien sûr des conflits d’usage, on le sait, qu’il faut arbitrer au cas par cas, dans chacun de nos départements, selon une logique d’aménagement du territoire respectant toutes celles et tous ceux qui y vivent. Les exploitations agricoles ne doivent pas être une variable d’ajustement systématique. C’est pourquoi la voix des agriculteurs doit être entendue, non seulement lors de l’élaboration des schémas de cohérence territoriale – SCOT –, mais aussi lorsque ceux-ci auront été approuvés. Il est légitime que les commissions qui succéderont aux CDCEA puissent toujours donner leur avis sur les plans locaux d’urbanisme.
Nous tenons aussi à ce que le statut du fermage ne soit pas fragilisé. La généralisation à tout le territoire des baux à clauses environnementales serait une erreur. Prenons garde, enfin, à ne pas inventer de nouvelles contraintes qui affaibliraient encore l’équilibre économique des exploitations. Ainsi, chacun est désormais d’accord pour que l’utilisation des produits phytosanitaires soit raisonnée et raisonnable. Mais plutôt que d’interdire toute application dans un périmètre uniforme, au risque de réduire encore la surface agricole utile, il vaut mieux favoriser les bonnes pratiques, comme le plantage de haies qui empêchent la dérive des produits.
De même, la protection souhaitable de l’animal ne doit pas donner lieu à une créativité juridique débridée et improvisée, qui fragiliserait, demain, le monde de l’élevage comme celui de la chasse.
Le mieux est l’ennemi du bien.
Permettez-moi de faire à cet égard une dernière remarque en évoquant à cette tribune une question majeure d’efficacité mais aussi d’équité sur laquelle je tiens à interpeller le Gouvernement.
Au moment même où vous fragilisez les petites retraites agricoles en reportant de six mois la revalorisation annuelle des pensions, voilà qu’a été inventé, à l’occasion de la réforme des retraites, un système parfaitement absurde, celui du compte personnel de prévention de la pénibilité, qui va affaiblir l’ensemble de la profession agricole. Vous avez créé une machine infernale qui sera payée, non seulement par une surcotisation alourdissant le coût du travail, mais aussi par des coûts de gestion bureaucratique inédits. Ce n’est pas raisonnable. Les agriculteurs sont excédés, nous le voyons bien dans nos départements, par le poids des contraintes administratives, et vous allez en rajouter !
Aussi, monsieur le ministre, j’appelle le Gouvernement à faire preuve d’audace et à saisir cette seconde lecture du projet de loi d’avenir pour renoncer, dès maintenant, à cette absurdité qu’est le système de pénibilité.
Plutôt qu’un affichage de belles intentions, le monde agricole attend de vous une vision claire et une action solide. C’est ce à quoi nous vous invitons !"
Oui les agriculteurs sont abandonnés et oubliés et leurs revendications sont légitimes vis à vis de la grande distribution mais ils sont aussi les premiers responsables par leur choix :
- course à l'hectare
- course au matériel
- vente des céréale en bourse
- pollution massive
- décharges sauvages
- refus de l’agriculture extensive
- Cultures inutile à la vie humaine ou animal (Mais !!!, Colza)
- Culture convertie pour les soit disant biocarburants au final plus polluante que d’utiliser de l'essence
etc....
Que les JA revendique pour leur avenir c'est normal car les perspectives sont sombres mais que la FDSEA l'ouvre alors qu'elle tire les ficelles depuis des dizaines d'années, met en place les filières et pèse sur les politiques pour que rien ne change, c'est se foutre de la gueule du monde.
Si les agricultures continue de se plaindre sans chercher à améliorer leurs pratiques et pérenniser leur activité a long terme , ils vont finir viticulteurs (et sans la bmw).....
les non-agriculteurs doivent participer à l'action pour la survie du monde agricole mais en qualité de responsable dans un mouvement patronal, j'avais proposé à la fnsea, il y a qq décades, de soutenir leurs demandes de solution aux problèmes d'alors. la fnsea a refusé notre soutien.
alors, maintenant, allons nous les regarder sans rien dire ?
vont-ils s'adresser aux partis politiques ou aux mouvements divers de la société civile ?