L'AJA est en finale de la Coupe de France, institution régalienne.

Il fallait voir Jean-Claude Hamel, le président historique, se mêler à la cour des courtisans. Et insister pour aller saluer Vannuchi qu'il cherchait toujours en fin de soirée.

Il fallait voir Guy Roux, installé dans ce coin de tribune d'honneur, tout en haut à droite, dans le coin. Il était debout, avec son célèbre bonnet, à la fin du match. Longtemps, il a regardé la pelouse envahie par les spectateurs. Longtemps jusqu'à ce qu'il s'en aillent, lentement, à regret, car il faut bien partir un jour. Quitter les lieux.

Il fallait voir Guy Roux, le visage décomposé, sérieux, profond, venir prendre place dans la salle de presse, comme un journaliste, qu'il paraît être en tant que consultant payé pour sa prestation à Europe 1 et Canal spécilaliste.

Il fallait le voir, Guy Roux, serrer la main de Jean-Luc Vannuchi, lorsque ce dernier, comme il le fait toujours en arrivant en conférence de presse, a salué le bonhomme, d'une poignée de main, comme chacun des journalistes présents.

Guy Roux lui retint la pogne avant de la relâcher puis de la reprendre, pour mieux souligner son attachement ou sa reconnaissance. Jeu affectif. Vannuchi s'y prêta poliment mais n'insista pas : depuis que le sorcier bourguignon a dit du mal de lui, il ne lui ouvre plus son bureau.

Et puis, il fallait voir Emmanuel Limido, le propriétaire de l'AJA s'inviter discrètement en conférence de presse (il est chez lui) pour s'installer à côté de Guy Roux, flanqué de Fabrice Hérrault, ancien directeur général de l'AJA.

LImido apparut comme le meilleur des bisounours. Vraiment. Après un long temps de silence, Guy Roux se résolut à lui parler en blaguant comme il sait le faire ..."Vous avez hérité d'un bon club.... un bon fond et des résutats constants... " Roux l'oeil matois.

Et Limido de sourire, et de répondre avec une douceur respectueuse : " Vous nous avez bien préparé le travail ... Merci Monsieur Roux".

Tout était dit.

La transmission, que n'ont pas réussi à assurer les dirigeants historiques - qui nul doute se sentaient et se croyaient uniques et indispensables à l'AJA - (après nous le déluge...Ndlr,) est désormais objectivée et assurée. Dans la mesure où le pouvoir cela se prend.

Hamel et Roux l'ont bien compris. Limido et Cotret aussi.

C'est le miracle de l'Abbé-Deschamps.

Cela dit, les deux premiers auraient pu, peut-être, avoir la décence sinon l'élégance, de laisser aux "nouveaux", ces intrus, le bonheur de la victoire qui est aussi et d'abord, leur victoire. La première, hautement symbolique. D'une série qu'on leur souhaite longue.

Oui il y a une vie après Guy Roux et Jean-Claude Hamel.

 

Pierre-Jules GAYE