LA CITE
Au dernier conseil municipal d'Auxerre avant les vacances : que de surprises !
le jeudi 25 juin 2015, 19:54 - LA CITE - Lien permanent
Le conseil municipal d'Auxerre réuni,
jeudi soir, a mis en évidence l'absence totale de communication entre le
Département et la Ville sur nombre de dossiers. De nombreuses lettres
adressées au président Villiers restent sans réponse. Le député Larrivé a proposé une médiation. Férez n'a pas d'interlocuteur en face, or il en veut un. L'avenir du conservatoire de musique départemental est notamment en jeu
Outre peut-être, la motion d'appel au grand rassemblement de soutien, vendredi (19 heures) sur le parvis de la cathédrale, aux Chrétiens d'Orient martyrisés par les terroristes, votée à l'unanimité, par le conseil municipal ;
- Outre l'adoption à la hussarde comme un groupé pénétrant, du programme de nouveaux locaux au Rugby Club Auxerrois pour 3,2 millions d'euros, à la restriction près que manque le financement du conseil départemental - alors que la région et les organismes sportifs ont donné leur accord - ;
- Outre le feu vert donné pour la vente d'un terrain de 3 000 m2 aux Brichères (270 000 euros) à l'ACSTA (160 membres), association culturelle et sportive turque d'Auxerre, situé boulevard Lafayette aux fins d'y construire de nouveaux locaux pour les activités cutlturelles et sportives de l'association ainsi que pour ses activités cultuelles (lieu de prière) les locaux étroits et limités place Corot à St Geneviève obligeant à externaliser des activités ;
- Outre un nouveau réglement d'intervention de la Ville dans le domaine des subventions (critérisations objectives opposables aux tiers) afin de favoriser les conventions pluri-annuelles entre associations et la Ville compte tenu de la baisse actuelle et future des dotations de l'État ;
- Outre une enveloppe de plus de 600 000 euros votée pour des aménagements dans les quartiers objets du contrat de ville
- Outre les absences constatées de plusieurs acteurs majeurs du conseil municipal tant dans l'opposition qu'au sein de la majorité.
Le néant
Le fait majeur, à nos yeux, de cette séance du conseil municipal, est la révélation publique de l'absence de toute communication et relation entre le conseil départemental de l'Yonne et la Ville d'Auxerre. On le savait mais pas à ce point. Avec les conséquences que l'on connaît et celles que l'on devine. Le rapport de la chambre régionale des comptes sur l'EPCC (établissement public de coopération culturelle de l'Yonne) n'arrange rien à l'affaire qui concerne tous les Icaunais. Un rapport accablant qui souligne les "responsabilités écrasantes et coupables du directeur" soulignera Guy Férez qui ne s'exonère pas pour autant en tant que cogestionnaire fondateur.
Guillaume Larrivé, le député chef de l'opposition municipale était présent pour cette dernière séance d'avant vacances où fut voté le compte administratif et ses annexes 2014, présentés par Pascal Henriat adjoint aux finances, un compte notamment marqué par le désendettement et un endettement équilibré, sans emprunts toxiques.
Le député Les Républicains fut étonnamment mesuré et constructif tout au long de la séance, montrant une déférence certaine à l'endroit du maire Guy Férez.
Sur la vente du terrain aux Brichères à la communauté turque, son groupe s'est abstenu. L'argument fut le manque d'information communiquée par la municipalité et le manque de concertation, avec les habitants du quartier. Mais le fond ne fut à aucun moment mis en cause. Au contraire. Personne ne crut devoir expliquer que la prière musulmane turque ne peut être confondue avec d'autres prières musulmanes.
Les parvis de la cathédrale
Tout est souvent dans la vie, question de priorités, de niveau de responsablité et de perceptions.
Si l'on s'y réfère, force est de constater que les deux hommes publics opposés hier, sont réunis aujourdhui par la force des choses, jusque dans les parvis de la cathédrale, demain (vendredi soir 19 heures).
Ce qui est en cause, c'est le fonctionnement de la République. Or les chambres haute et basse (Sénat et Assembleé nationale) légifèrent dans le domaine de la loi NOTRe, nouvelle organisation territoriale de la République.
Personne ne sait encore ce qu'il en sera. Ainsi va le monde et son évolution.
Dans ces conditions, comment ne pas comprendre que André Villiers, président du conseil départemental de l'Yonne, étranglé, ne peut pas répondre ? Guy Férez son camarade de classe au lycée Jacques-Amyot, le sait en son for intérieur. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a.
Comment le pourrait-il d'ailleurs, Villiers, qui est harcelé en permanence par les demandes - comme des dûs et acquis - par les uns et des autres, comme si les temps n'avaient jamais changé depuis le roi Jean, Jean Chamant des années 80-90, qui unifiait le département de l'Yonne en arrosant ses sujets de subventions, pour autant que vous filiez droit. Raincourt a fait pareil et a légué à ses successeurs un département quasi en faillite, aggravée au moment de la crise des subprimes.
Alors que les administrateurs de Yonne Développement s'échinent à réécrire les statuts plus justes d'une association qui sera peut-être rayée de la carte bientôt, au profit de l'agence régionale, il semble urgent de demeurer prudent en attendant la réforme. Tout est possible, tout peut arriver y compris la transformation des Départements en agences sociales guichet d'ici cinq ans.
Perceptions
Sur le fond, ce qui est en cause, c'est la perception des problèmes d'évolution des territoires par les uns et les autres ainsi que la perception des évolutions possibles. Même les parlementaires s'y perdent, Guillaume Larrivé tranchant sur le plan national se montre plus que nuancé au plan local.
C'est dans ce cadre flou que les politiques doivent s'inscrire.
Dans ce contexte, l'attitude des élus de la République, jeudi soir à Auxerre, fut éminemment responsable.
Il reste que cela fera une belle jambe aux représentants de l'intersyndicale des Agents territoriaux d'Auxerre, qui n'ont pu se faire entendre en début de séance, le maire Guy Férez, faisant référence au règlement intérieur. Le maire maître de l'ordre du jour. Même si Guillaume Larrivé s'est fait leur interprète, à contre-emploi. Ces gars là méritaient mieux. Ils ont eu la réponse circonstanciée du maire répondant au député en séance publique : il faut attendre les nouvelles dispositions Lebranchu qui doivent revaloriser les grilles indiciaires notamment afin d'évaluer les charges nouvelles qui vont peser sur les finances de la ville pour pouvoir apprécier s'il reste encore quelque marge de négociation.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
Mr Férez énonce une contre-vérité: ce n'est ni à son initiative ni celle de ses services que la Chambre Régionale des Comptes a été saisie.
Par ailleurs, s'il est à porter à son crédit d'avoir commandité un rapport d'expertise sur l'EPCC, il n'en reste pas moins que sa responsabilité est pleine et entièrement engagée dans:
1/ le recrutement d'un directeur au mépris des lois élémentaires en matière de recrutement
2/l'absence de contrôle par ses représentants sur la gestion de l'EPCC et l'octroi de rémunérations somptuaires à son directeur
Par ailleurs, il aura vraisemblablement "oublié" qu'avant même la création de l'EPCC un courrier lui avait été adressé le 3 décembre 2007 par le Secrétaire Général du SNEA ainsi qu'au Préfet de l'Yonne, au Président du Conseil Général, au Directeur de la DRAC, au Directeur de la DGCA du Ministère de la Culture et au Président de l'Association des Parents d'élèves du Conservatoire.
Ce courrier dénonçait le flou de ce projet et l'opacité de sa préfiguration, la fragilité de l'affectio societatis des partenaires (qui éclate aujourd'hui au grand jour), et réclamait avec force la réalisation d'une étude de faisabilité et de dénoncer à l'avance les risques encourrus, bref tout ce qui est aujourd'hui établi dans le rapport de la Chambre Régionale des Comptes.
 Il aura aussi certainement oublié qu'à l'appui des fortes réserves émises dans ce courrier quant à la pertinence de créer cet EPCC, était mentionnée l'étude commandée par le SYNDEAC à Bernard Faivre d'Arcier établissant qu'alors sur 47 EPCC existant alors en France, seuls 3 étaient à vocation d'enseignement dont un était en cours de dissolution.
Il aura encore oublié la référence faite dans ce courrier au rapport du Groupe d'Etudes présidé par le Conseiller d'Etat Gilles le Chatelier sur les dangers du changement du mode de gestion d'un service public et les dangers d'une impréparation, d'une absence d'étroite concertation des tous les acteurs et d'un manque d'adhésion majoritairement partagé sur le projet.

c'est donc bien en parfaite connaissance de cause et au mépris des avertissements pourtant adressés dans ce courrier que la décision a été prise conjointement avec le Département et avec l'aval du Préfet de créer cet EPCC et de le confier "de facto", ",naturellement"... à l'ex-directeur P. Bacot qui n'en avait ni la carrure ni les compétences mais qui tenait à qui voulait l'entendre des discours aussi flatteurs que sans contenus.
Faire porter sur ce dernier la responsabilité seule et entière de ce fiasco est pour le moins...singulier pour ne pas dire simplement écoeurant.
Je reviens sur ce "bras de fer" entre le CD89 et la ville concernant la subvention du conservatoire demandé par la ville au CD89 : 700000€ le CD89 "répondant" 500000 voir 300000€.
Si on regarde les effectifs des élèves : 138 élèves viennent d'une autre ville qu'Auxerre sur un effectif de 538 élèves (près de 1000 il y a deux ans ! quelle dégringolade).
Ce qui n'est pas dit c'est que sur les 138 la plupart viennent des villes de la communauté d'agglomération...qui ne finance pas le conservatoire et ne se précipite pas pour le faire.
Pour rester CRD : le CD89 = 300000€ la communauté d'agglomération 400000€ et le budget est bouclé.
J'ajoute que la moyenne nationale de financement des Conseils Départementaux sur le fonctionnement des conservatoires à rayonnement départemental en France est de 14 %.
Le budget de fonctionnement du conservatoire est de 2,1 M d'€ : donc 14 % =294000€ donc si le CD89 verse 300000€ cela correspond à la moyenne nationale.
Enfin, 2,1M d'€ pour un conservatoire "normal" cela correspond à 1000 élèves en effectif et là ...on est loin du compte, avec en plus un département danse qui n'est pas dans les clous pour permettre de répondre aux critères de classement en CRD.