Force est de constater que les réunions du comité de suivi (représentant des usagers et des élus, du conseil régional et de la Sncf) des deux  lignes du Morvan Avallon-Auxerre et Clamecy-Auxerre, se suivent et ne se ressemblent pas.

La réduction du nombre de trains, la fermeture de nombreuses gares la mise en place de liaison par autocar et taxis, avait suscité un tollé dans les campagnes considérant que c'était un coup dur porté à leur survie, le service public se rétrécissant considérablement, alors que leur déshérence est déjà largement entamée.

La réforme de la desserte TER était motivée par plusieurs considérations : la rationalisation nécessaire des services pour davantage d'efficacité, des économies utiles, une meilleure prise en compte des besoins, la volonté de réduire la durée des parcours et le constat sur certaines lignes, d'un nombre de voyageurs qui  pouvait se compter sur les doigts d'une main - pourquoi maintenir des liaisons ferroviaires dispendieuse dans ces conditions ? C'est notamment ainsi qu'il n'y a plus que trois aller-retour entre Avallon et Auxerre-Paris, au lieu de six auparavant, des liaisons simplifiées permettant de rallier Paris plus rapidement aux heures demandées.

La concertation engagée par le conseil régional, depuis un an, a permis aux uns et aux autres de s'expliquer et de rapprocher autant que faire se peut les points de vue et les intérêts. Les réunions, dures au départ - on se souvient de l'initiale à Avallon dans la salle des mariages bondée - ont évolué au fur et à mesure que les arguments et la raison ont pris le dessus et que le conseil régional tout en demeurant ferme sur les principes évoqués qui ont conduit à la réforme de la desserte, a pris en compte les revendications légitimes des maires, usagers et autres présidents d'association.

C'est ainsi que trois évolutions ont pu être actées définitivement, mardi soir à Cravant, par le comité de suivi, qui entreront en vigueur le 13 décembre 2015.

- L'alternance de la desserte ferroviaire entre Champs-sur-Yonne, Saint-Bris-le-Vineux et Vincelles.

Trois A/R quotidiens à Champs et à Vincelles, selon la répartition suivante :

Branche Clamecy : halte à Champs-sur-Yonne, Saint-Bris-le-Vineux

Branche Avallon : halte à Vincelles.

- Halte routière à Vermenton 

Création à la gare, en sus, de la halte ferroviaire.

- Renforcement de l'offre routière entre Corbigny et Clamecy

Création d'un A/R routier supplémentaire permettant une correspondance de/vers Paris à Clamecy

Ajout d'un arrêt routier à l'église de Tannay en sus de l'arrêt routier à la gare de Flez-Cusy.


Une démarche pragmatique de démocratie de proximité

 

Michel Neugnot, vice-président du conseil régional de Bourgogne à la manoeuvre depuis le début sur ce dossier et qui eut à traverser des tempêtes, a reçu avec le sourire, les remerciements du maire de Cravant, Madame Colette Lerman, satisfaite de l'évolution.

Certes tout n'est pas idyllique, loin de là, d'autant qu'il demeure bien des insatisfactions exprimées par les uns et les autres, mais cela traduit des avancées réelles. La formule est plus d'écoute, plus de proximité, plus de démocratie frôlant parfois le surréaliste et l'intérêt particulier peut-être au bout du compte trop chouchouté.

Mais lorsque vint la cerise sur le gâteau, sous forme d'une proposition de Michel Neugnot de tester pendant huit mois la réouverture de la gare d'Arcy-sur-Cure afin d'accueillir trois aller/retour par jour, à partir du mois de février prochain jusqu'en septembre 2016, c'est avec gourmandise que chacun accueilli la nouvelle et la fit sienne, d'autant que la municipalité d'Arcy qui veille sur ses grottes, deuxième trésor de l'Yonne en affluence de touristes répertoriés, avait soumis un dossier argumenté en ce sens.

Il restait néanmoins au représentant de la ville d'Avallon d'adresser une observation de fond sous forme de coup de semonce. Gérard Delorme constata que l'esprit initial de la réforme était quelque peu dévoyé. On avait raccourci le temps de trajet et maintenant on rouvrait des gares et des arrêts. Et d'annoncer que d'aucuns en Avallonnais dans les instances compétentes, prônaient une liaison Avallon-Montbard, une alternative. L'adjoint de Jean-Yves Caullet, souligna aussi le succès des liaisons autocars entre Avallon et Dijon notamment le dimanche soir, pour le prix d'un euro cinquante cents. Les cars sont complets.

Mais Michel Neugnot avait encore des munitions dans son sac. Il proposa aux membres de l'assemblée d'examiner la possibilité d'éviter l'arrêt en gare d'Arcy-sur-Cure du train qui part d'Avallon pour Paris à 5h50 du matin. On imagine mal les touristes affluer à Arcy-sur-Cure à cette heure matudinale.


Une révolution en marche

 

Et Neugnot d'évoquer la révolution en marche dans le domaine des transports de plus en plus concurrentiels avec les systèmes mutualisés tels que blablacar, l'uberisation, le covoiturage, les autocars et autres formes de taxis. La Sncf se lance dans le porte-à-porte, ce n'est pas un hasard. Le conseil régional dans le cadre de l'évolution de la loi NÔtre, veut conserver sa compétence et l'élargir afin de maîtriser davantage les différents domaines de sa politique de service public au service des territoires et de ses populations.

Pour le reste on retiendra que grosso modo, les recettes TER sur ces deux lignes du Morvan réformées sont du même ordre que celles de 2014, sachant que les chiffres sont plus précis pour les cars que le train. Que 11 correspondances ont été ratées à Auxerre. Que l'année 2016 sera marquée par des perturbations dues à d'importants travaux, provoquant des ruptures. Que les trajets domicile/travail seront privilégiés systématiquement matin et soir. Que la ligne la plus fréquentée est bien celle d'Avallon-Auxerre. Que le trafic du frêt va augmenter ... ce qui débouchera sur le principe à qui perd gagne, valable dans tous les domaines des deux lignes du Morvan. Que la sécurité sera prioritaire pour installer les haltes bus dans les communes.

Enfin, il fut à nouveau acté que la Sncf n'était pas à la hauteur de la communication nécessaire. Il y a des lieux où il n'est toujours pas possible de prendre un billet, sauf à le faire par internet.

Voilà.

Et dire que Michel Neugnot a pris soin d'affirmer qu'il n'était pas en campagne dès le début de la séance. Vice-président en exercice du conseil régional de Bourgogne, point besoin de le faire dès lors qu'elle est suspendue chez les socialistes compte tenu des événements, ce qui arrange peut-être la tête de liste du PS en Côte d'Or, Michel Neugnot.


Pierre-Jules GAYE