Panneau électoral devant le Musée de la Résistance à Auxerre : il y a 5 panneaux vides. Une campagne coûte au minimum du minimum 6 000 euros. Les affiches, bulletins et tracts sont les postes principaux

 

 

La nouvelle donne politique tricotée par les élections primaires et l'élection présidentielle est la trame de fond sur laquelle s'inscrivent les élections législatives des 11 et 18 juin.

Les paradigmes ont changé et bouleversent les perceptions, les positions ainsi que les trajectoires des uns et des autres en direction de recomposition qui semblent inévitables.

Deux axes semblent devoir guider le pays. Une France démocratique, honnête et fiable, ainsi qu'une sortie du face-à-face  stérile entre "droite" et "gauche" qui a trop longtemps fait ses preuves. Place à une troisième voie celle du rassemblement, de la coopération et de l'efficacité.

 

Le PS s'est perdu et pendu

 

Alors qu'en 2012, le candidat socialiste dans la première circonscription était Guy Férez le maire d'Auxerre, c'est une jeune écologiste, Maud Navarre, conseillère municipale à Auxerre, qui a été investie par le PS et les écologistes. Son suppléant est le Toucycois Jean-Luc Minier membre du PS 89. Jusque là, tout va bien.

Sauf que le premier secrétaire fédéral du PS de l'Yonne, autrement dit le patron, Guy Paris, premier adjoint au maire d'Auxerre, soutient un candidat indépendant issu de la société civile, le Dr Paulo Da Silva Moreira, maire de Treigny. Que les socialistes en quête de candidat, ont voulu le scotcher en l'adoubant et en lui proposant comme suppléant un jeune membre du PS, Mathieu Debain, kiné à l'AJA. Dans le même temps, Jean-Yves Caullet député maire d'Avallon, une des figures de proue du PS ralliait, En Marche au mois de janvier, tout en étant investi par la consultation des militants socialistes appelés à voter.

Il se trouve que Paulo Da Silva Moreira qui n'a jamais été encarté et n'a jamais raisonné en termes partisans, s'est retrouvé dans la démarche du mouvement En Marche porté par Emmanuel Macron dont il a obtenu l'investiture que briguait aussi Pascal Henriat président du MoDem 89, fidèle de François Bayrou.

Du coup, les socialistes qui s'étaient déjà fait hara kiri en permettant, d'abord, à Jean-Luc Mélenchon de partir tout seul avant tout le monde dans la course à la présidentielle car il savait qu'il serait à nouveau battu par François Hollande dans le cadre de la primaire, lequel a finalement décidé de ne pas se représenter considérant qu'il était davantage un problème qu'une solution, se sont mis à tousser fort. C'est ainsi que dans l'Yonne où le courant social démocrate libéral Manuel Valls est largement majoritaire, le courant minoritaire s'est retrouvé aux manettes.

Guy Paris le boss du PS 89 s'est mis en congé pour un mois le temps de faire campagne pour Paulo Da Silva Moreira de la République en Marche. Nicolas Soret un Aubryiste, assure l'intérim d'autant plus facilement qu'il fut pendant plusieurs années le premier fédéral dans l'Yonne et qu'il avait appelé à soutenir Benoît Hamon vainqueur de la primaire à gauche, lâché par les adhérents au premier tour de la présidentielle après une campagne calamiteuse il faut le souligner.

C'est ainsi que Paulo Da Silva Moreira s'est vu marqué à gauche lui l'indépendant, surtout par ses opposants de droite pour qui c'était plus commode de désigner "l'ennemi" afin de tenter d'enrayer la dynamique de la République en Marche. D'un mot, Moreira-Férez-Caullet-Paris c'est bonnet blanc et blanc bonnet, retrouvant les anciens marqueurs politiques pus faciles à comprendre.


La droite a implosé toute seule

 

Alors la droite parlons-en dans l'Yonne. Si elle n'a pas explosé comme le parti socialiste, elle a implosé ce qui n'est guère mieux. Après avoir éliminé Nicolas Sarkozy puis Alain Juppé lors d'une primaire prometteuse, son héraut François Fillon l'a emporté avec lui en enfer par obstination, manque de vision et de bon sens, reniant sa parole. Il a crashé la droite LR provoquant des divisions et en faisant réapparaître d'autres qui ont toujours existé au sein d'un parti qui prétendit au début des années 2000, via l'UMP regroupant des membres à la philosophie très différente, devenir la machine de guerre pour la fusée Sarkozy.

Conséquence directe dans l'Yonne, le président élu (pour la première fois par les militants) le jeune sénateur Jean-Baptiste Lemoyne décida de reprendre sa parole et sa liberté puisque François Fillon n'avait pas respecté la sienne (si je suis mis en examen je me retirerai de la course à la présidentielle). Et l'élu du nord de l'Yonne qui s'était déjà affranchi des barons locaux pour s'inviter aux sénatoriales, franchit le pas qui mène au mouvement En Marche, le 15 mars. Premier parlementaire d'opposition de l'hexagone à le faire. C'est ainsi que Guillaume Larrivé, secrétaire départemental nommé par Sarkozy, l'apparitchick du parti Les républicains dans l'Yonne, au détriment de François Boucher, fut amené à prendre la présidence par intérim. La concurrence entre ces frères ennemis, deux jeunes loups aux dents longues qui a miné LR 89, le député oeuvrant pour empêcher l'élection de Lemoyne à la présidence du conseil départemental, terminait en queue de poisson provoquant un profond malaise dans les rangs. Traître pour les uns, courageux pour les autres, Jean-Baptiste Lemoyne est désormais un des proches soutiens de Macron président de la République.

La défaite consommée des LR au premier tour de la présidentielle a ajouté au désarroi de nombre de militants et sympathisants qui avaient enfin vu l'espoir d'une alternance quasiment assurée, se volatiliser pour longtemps.

Cela a laissé des traces dans toutes les circonscriptions. Dans la première qui est l'objet de cet artcile, le premier élément le plus flagrant est l'émigration vers la troisième circonscription de l'ancienne animatrice de campagne de Guillaume Larrivé en 2012 aux législatives et aux municipales en 2014. Valérie Leuger-Dorange élue depuis, conseillère départementale faisant chuter le premier adjoint Guy Paris dans les hauts d'Auxerre, a choisi de faire la campagne de Clarisse Quentin, conseillère départementale LR et adjointe au maire de Sens. Et chacun connaît l'efficacité et la capacité de travail de l'élue LR d'Auxerre 1. Non seulement a-t-elle fait découvrir les fermes de Puisaye au jeune candidat député emprunté Guillaume Larrivé, ayant elle-même été élevée chez ses grands-parents à Arthonnay en Tonnerrois, mais a-t-elle contribué avec l'équipe dirigée par Michèle Bourhis directrice de campagne, à sa victoire serrée face à Guy Férez. Idem pour la campagne des sénatoriales de Jean-Baptiste Lemoyne dont elle devint l'attachée parlementaire.

C'est une grosse perte pour le député d'Auxerre-Puisaye qui a tenté en vain de la récupérer. Un député qui est parti tard en campagne alors que d'autres arpentaient le terrain.

Cela donne un éclairage autre qui explique sans doute en partie quelques scènes rocambolesques qui ont émaillé la campagne au sein de LR dans la une. Le choix tardif d'une nouvelle suppléante, provoquant des déceptions et interrogations. Au point qu'un dimanche récent, au marché Sainte-Geneviève très couru par les élus en période électorale, un psychodrame éclata entre membres du parti Les Républicains. Les plus jeunes tractaient pour Paulo Da Silva Moreira le candidat de la République en Marche tandis que les plus anciens tractaient pour Guillaume Larrivé. Explications, cris, larmes, suscitèrent la surprise et la confusion y compris des passants. L'affaire rentra dans le rang formellement mais pas sur le fond. La fracture demeure, comme à l'échelon du pays entre LR-UDI radicaux style le couple Wauquiez-Larrivé et le couple Philippe (1er ministre) - Lemoyne humanistes qui jouent l'ouverture vers Macron et à répondre positivement à la main tendue, dans l'intérêt supérieur du pays. Voilà dit pour faire court et sans pénétrer dans l'univers de la commedia dell arte.

Autrement dit, il y a des LR 89 et des UDI qui vont voter pour le candidat de la République en Marche.

 

L'UDI a perdu son âme

 

L'UDI parlons-en. Ce parti a connu les affres de la division et des querelles personnelles qui ont réduit ses composantes. Le président du Nouveau centre 89 Jean-Philippe Bailly a été suspendu pour la deuxième fois alors qu'il briguait la présidence du l'UDI 89, le contraignant à retirer sa liste que beaucoup voyait gagnante. Les sénonais se sont également désolidarisés d'une UDI réduite aux acquets présidée désormais par Dominique Vérien maire de Saint-Sauveur, conseillère régionale et présidente des maires ruraux de l'Yonne. Liée par un accord national avec LR pour le partage de circonscriptions, l'UDI a réussi à faire se retirer le candidat investi par LR dans la deux, Xavier Courtois, au profit d'André Villiers président du conseil départemental. Dans la une, point de candidat du centre.

Ce n'est que dimanche 4 juin, à une semaine du premier tour, que la présidente Dominique Vérien indiqua discrètement dans un texte posté sur une page Facebook réservée aux élections régionales passées et non sur son Facebook personnel, avoir fait le choix, avec l'UDI 89 de soutenir le LR Guillaume Larrivé. Choix tardif pour le moins, clair mais du bout des lèvres voire à contre-coeur. Application administrative de l'accord ? Un soutien aussitôt affiché par le député sur son FB en forme de collector suscitant de nombreux commentaires.Un post et photo du couple Larrié-Vérien retiré mardi après-midi.

Une Dominique Vérien bien seule désormais depuis les ralliements à En marche  entre autres, de Malika Ounès dès le départ puis de Maurice Pianon, Jean-Baptiste Lemoyne et Michèle Crouzet, encore UDI le 6 mai, puis investie le 8 mai par la République en Marche dans la trois Sens-Joigny. La présidente de l'UDI s'est bien gardée d'appeler à voter pour la LR Clarisse Quentin.

Vous allez dire que tout ceci n'est guère passionnant et n'éclaire guère. Il reste que cela traduit les contours de la nouvelle donne et des recompositions République en Marche qui devrait constituer un nouveau groupe politique au conseil départemental comme l'a suggéré Yves Vecten de Vincelles.

Les citoyens ne veulent plus des combines d'appareils politiques détenus par certains qui dictent leur loi à des petits soldats censés mettre le doigt sur la couture pour avancer quitte à ce que ce soit sous la pression, les intimidations voire la menace. Ce monde est révolu. Les gens veulent du respect, de l'écoute et de la concertation. Ils veulent porter un projet ensemble.

Les mentalités évoluent.

Les péripéties aussi rocambolesques soient-elles ne changeront pas le vote des uns et des autres.

 

PIerre-Jules GAYE

 

 

Panneau électoral devant le Musée de la Résistance à Auxerre : cases vides

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Voici la liste des 12 candidats et de leurs suppléants qui se présenteront devant les électeurs de la 1re circonscription : Auxerre - Puisaye

- Nordine Bouchrou (SE) / Suppléant : Sébastien Morvan
- Anna Contant : DLF (Debout La France) / Suppléant : Didier Hamelin
- Paulo Da Silva Moreira : LREM  (La République En Marche) / Suppléant : Mathieu Debain
- Mathieu Deburghrave : FI (la France insoumise) / Suppléante : Pascale Kaim
- Françoise Gazel-Charlier : la parti citoyen des animaux / Suppléant : Jean-François Lapied
- Guillaume Larrivé : LR - UDI (Les Républicains - UDI) / Suppléante : Maryline Saint-Antonin
- Sylvie Manigaut : LO (Lutte Ouvrière) / Suppléant : José Carrasco
- Véronique Montigny : UPR (Union populaire républicaine) / Suppléant : Gildas Joly          
- Maud Navarre : EELV-PS-PRG (Europe Écologie Les Verts - Parti socialiste - Parti radical de gauche) / Suppléant : Jean-Luc Minier
- Mathieu Porcher / Suppléant : Kevin Chevillard
- Ludovic Vigreux : FN (Front national) / Suppléant : Julien Guibert
- Ramazan Yilmaz : PEJ (Parti égalité justice) / Suppléante : Soeade Bousseddane

 

 

Panneau électoral devant le Musée de la Résistance à Auxerre : au total cinq panneaux sont vides