FIGURES
FareVeil, Simone
le vendredi 30 juin 2017, 13:29 - FIGURES - Lien permanent
Simone Veil n'est plus. Sa vie est à jamais. Son semis est devenu une moisson, à jamais
Ah combien son visage racontait ce qu’elle a elle-même raconté : cette fusion avec sa mère, ce plaisir du tactile, de la chair, du confort des genoux et bras maternels. Ça, c’était dans la douceur du sourire, un sourire qui se refermait, heureux, sur ce trésor : les souvenirs tendres. Et le deuil jamais fait de ces souvenirs tendres aussi… Et puis il y avait ce regard posé loin, loin, comme pour déceler la silhouette du père, cet homme élégant et raffiné, ce père dont elle ne sut jamais ce qu’il était devenu… Tout comme le frère qui, du haut de ses dix-huit ans immortels, lui a laissé l’empreinte de ses derniers regards et le son des derniers mots…
Simone Veil (D.R.)
Et la vigueur de son apostolat : vivre et transmettre ! Cet apostolat qui l’a nimbée d’une beauté pure comme le lait qui coule, la source qui court, le vent qui fait tanguer le monde. Beauté qui fit que l’on choisit de l’aider, de lui ouvrir les portes – même si pas toujours avec le sourire - parce qu’elle était rare et contenait un trésor qui devait encore éclore.
Une femme qui aime sa mère, qui aime ses amies, qui aime les femmes. Qui gardera toujours son élégance un peu distante, bourgeoise, sans audace, alors qu’elle, dans ses tailleurs, c’est une paisible rebelle. Paisible et déterminée. Les femmes l’ont aidée, sauvée, et elle s’activera à en sauver d’autres. Inlassable, infatigable, comme si la vie qui lui avait été rendue devait être deux fois plus remplie, et était en tout cas deux fois plus précieuse. De la femme, elle a fait une grande personne. De l’être féminin elle a fait un être avec des droits. Dans un monde d’hommes, où elle avait trouvé sa place sans minauderies ou retraits dans l’ombre.
Farewell Madame Veil, nous avons eu de la chance que vous soyez venue et restée assez longtemps…
Suzanne DEJAER
Commentaires
Le 16 février 1995, à Paris, dans la grande salle de délibération du Conseil Economique et Social, la Caisse Chirurgicale Mutuelle de l'Yonne (CCMY) se voit attribuer par la Délégation Générale à l'Innovation et à l'Economie sociale rattachée au Ministère des Affaires sociales, parmi 105 candidatures en provenance de coopératives, d'associations, de mutuelles, le premier prix de l'innovation en reconnaissance de son engagement en faveur de la solidarité culturelle dont le but est de permettre au plus grand nombre et en particulier aux personnes les plus fragiles et les plus démunies de ressources, d'accéder à la connaissance et au savoir tout au long de leur vie.
Ce prix m'est remis par Madame Simone Veil, alors ministre d'Etat.
Je me souviendrais toujours de la profondeur du regard de cette grande dame et des propos nous encourageant à poursuivre dans cette voie.
à plusieurs occasions, j'ai pu rencontrer simone veil en tête à tête, pendant et après son passage au gouvernement et à la présidence du parlement européen. ces heures de conversation me reviennent comme une leçon de paix et de tolérance. j'ai récemment essayé de la joindre et l'on m'a répondu qu'elle n'était pas en état de recevoir mais (on m'a dit) qu'elle se souvenait de m'avoir pris sur sa liste aux européennes. maigre atténuation de la peine prémonitoire qui éclate aujourd'hui.