ARQUEBUSADE
Ne vous chargez pas de l’inutile, l’essentiel est bien assez lourd
le mercredi 08 novembre 2017, 14:08 - ARQUEBUSADE - Lien permanent
La charge mentale des femmes. Très vrai. Les femmes sont souvent de petits ordinateurs dont les rouages cliquètent sans cesse
La femme a toujours été l’ordinateur de son clan. Elle a toujours eu conscience du temps parce qu’avec 24 heures à vivre il lui fallait trouver le sommeil ainsi que l’espace pour maintenir le clan en vie et santé. Les vieux et petits à laver et dans quel ordre, les grands, moyens, petits et vieux à nourrir, et avec quelles exceptions. A soigner, et dans quels dosages. Les choses du ménage et de la vie à accomplir. Elle savait quelles tâches pouvaient être scindées, et ce qui demandait un effort de plus pour qu’on en voie la fin. Elle avait avalé une horloge comme le crocodile de Peter Pan et pas une minute ne lui échappait, pas un battement du balancier. Le soir, elle s’écroulait, paisible : tout avait été fait, et ce qui attendait ne criait pas d’impatience, à chaque jour suffit sa peine. Les heures de nuit qui venaient lui appartenaient et elle y oubliait le monde et sa course.
Encore et toujours il y a cette monumentale et invisible organisation féminine, qui permet à chaque membre de la famille de garder ses énergies pour ce qui le concerne, lui. Parce que ce qui concerne la femme au centre de ces gens qui s’affairent, c’est que toutes ces vies soient en place, la sienne aussi. Puisqu’en plus de faire le majordome, elle a, désormais aussi, sa vie extérieure, son travail, ses collègues, sans que la liste des choses à faire sur l’heure de midi et dès le retour à la maison ne cesse de clignoter dans son cerveau.
Et oui, depuis le Me too et Balancetonporc, on réalise aussi d’autres charges bien plus sournoises, secrètes, parfois si effrayantes qu’on croit les avoir oubliées, mais non, c’était dans un tiroir secret et le moindre bug peut déclencher le code, et littéralement assommer la plus brave des femmes.
C’est énorme. Et quotidien. Et on n’y coupe pas. Ça fait partie de la vie d’une femme.
Et peut-être les choses changeront-elles peu à peu, par la prise de conscience des enfants qui eux, apprennent à aider maman, et ne s’y trouveront donc pas humiliés ou maladroits une fois adultes.
Honoré Daumier (1808-1879) Le fardeau
Mais le bon sens aussi, devrait faire partie de la vie des femmes. Puisqu’elles disent en avoir.
J’ai du mal à ne pas être exaspérée quand on me parle de certaines femmes qui ont voulu un enfant seules, ou qui en ont de Pierre et puis Paul, ces bons à rien qu’heureusement elles ont largué. Ou qui ont épousé – ou accepté dans leur vie – ce fameux Paul qui ne fiche rien, on a beau le lui dire, il reste vautré dans le divan et refuse de bouger ses fesses. Chacune ses choix, oui, c’est parfait. Le droit à l’erreur, aussi, mais pas le droit de s’en lamenter comme si on était victime du sort ! Le sort, ce fut elles. Qui ont fait ces choix. Le Paul qu’elles ont aimé – peut-être – en pensant que quand elles l’auraient dressé et transformé en roi du repassage et papa rigolo à temps plein il serait parfait. Et pour qui elles ont gaspillé énergie, patience et salive à tenter de le dompter, ajoutant un stress absurde à la charge mentale habituelle.
Et que dire aussi de ces couples (et la femme peut aussi « mettre le hola, non ? ») qui vont dans le mur à toute vitesse parce qu’ils veulent tout, et tout de suite, et tout à la fois : le bel appart, les enfants de rêve habillés chez Votre enfant de rêve, les vacances « pas comme les autres, de la vraie aventure ou du luxe à créer des envieux », les tenues et sorties trendy… La charge mentale vire à l’explosion, parce qu’aucun palier-sas de sécurité n’a été atteint, on est dans le on verra bien après. Et ce qu’on voit, c’est une déflagration et un petit clan qui part en fumée.
J’ai connu des femmes qui pourrissaient leur fils, attends mon amour je le fais, laisse-maman le faire pour toi, et me disaient « ma belle-fille me détestera plus tard, ha ha ha ! », parce qu’il était « leur petit homme rien qu’à elles » une fois que le mari avait déçu (il n’était pas devenu l’homme de leurs rêves, était resté lui tout simplement). La charge mentale d’avoir ce dieu vivant à vénérer devait être éprouvante ! Et la charge de la poursuite de la perfection, de surveiller que papa rigolo joue bien sa demi-heure par jour avec les enfants, alors que les enfants, ça joue merveilleusement bien seuls aussi, que ça stimule leur imagination (qui ne se souvient pas des combat d’escrime avec les lattes de plastique ou des cubes de bois qui devenaient voitures, maisons, pions ?), et que papa rigolo pourrait passer cette demi-heure à papoter avec maman.
Alors oui, elle existe bel et bien, cette charge mentale, et elle n’est pas nouvelle même si elle a un nouveau visage. Mais il faut aussi prendre son temps, là où on le peut, et ne pas choisir des options qui vont broyer l’édifice.
Suzanne DEJAER
Commentaires
Décidément, je suis fan de Suzanne.......
C’est énorme. Et quotidien. Et on n’y coupe pas. Ça fait partie de la vie d’une femme.