Le président de l'AJA Francis Graille a donné le coup d'envoi du match décisif de qualification en 32 èmes de finale du championnat de France de rugby de Fédérale 3 opposant le RCA au Puy-en-Velay, avec savoir-faire et élégance, dans le rond central du stade Pierre-Bouillot. Une botte souple et précise envoyée côté gauche.

Mais le patron du club d'à-côté a du se demander où il était tombé par ce beau dimanche après-midi estival. Un clown sympathique certes, sur la pelouse pour orchestrer l'avant-match - les vieux de la vieille de Bouillot n'ont pas aimé ça - comme à la foire aux bonimenteurs. Des mouvements de foule le long de la lice, des débuts de bagarre, sans incidence, qui attestaient de l'importance de l'enjeu et de la volonté des supporters Ponots de porter leur équipe à réaliser l'exploit de faire tomber Auxerre.

"Ici c'est Lafayette (le stade)" scandaient les Ponots sans dentelle. Bigre, l'inestimable Pierre-Bouillot a du se retourner dans sa tombe.

Effectivement, d'emblée sur le terrain, ce fut le monde à l'envers. La mêlée du Puy-en-Velay prenant le dessus sur les avants du RCA. Et de leur distiller deux groupés pénétrants avançant comme dans du beurre pour franchir la ligne d'en-but. Vite fait bien fait. Une cocotte manoeuvrée avec une technique consommée. Reste à boire la verveine jusuq'à la lie.

Le monde à l'envers, oui. Les deux essais Auxerrois, le dernier tardif, furent le fait de jeunes arrières, des actions de toute beauté conclues par Lowyck et Forrestier issu de l'école de rugby. Aucun essai des avants. Rare. Un signe. William Webb Ellis a bien existé. Et il a fait ça ... prendre le ballon en mains pour une course en avant. Un acte révolutionnaire qu'on ne s'y trompe pas. Qui requiert une bonne dose d'escroquerie. Les Bleus Auxerrois en ont manqué.

Et puis que dire de cette "nervosité" d'un dirigeant Auxerrois ancien joueur, sur la touche, qui ne sait plus accepter l'injustice - ce qe le rugby transmet le mieux - qui se lance dans le mur et prend un rouge synonyme d'exclusion d'un joueur de terrain ? Et voilà le RCA réduit à 14 pour les 20 dernières minutes : le RCA qui se prend dans la foulée un nouvel essai en coin sous les frondaisons. Double peine. Et Bing.

Pourtant cette équipe Vert et Rouge en manque de ce supplément d'âme qui peut renverser des montagnes, n'a rien lâché, jamais. Signant d'un paraphe le match d'un essai au large dans le temps additionnel, qui restera dans les esprits.

Le chaud et le froid dans la foulée. L'envahissement du terrain de supporters Ponots fumigènes à la main fut insupportable pour les locaux qui se rendirent compte bien tardivement qu'ils étaient éliminés. La frustration de s'être roulés eux-mêmes dans la farine en pensant qu'ils allaient passer - même la presse l'écrivait ce qui ne se fait pas - le péché d'orgueil objectivé et du coup le manque d'humilité constaté, suffirent à entraîner une bagarre générale le long de la lice devant le centre d'hébergement. Cela arrive au rugby et ce n'est jamais bien méchant car on retrouve toujours les protagonistes bras dessus bras dessous quelques instants plus tard. Il fallut quand même que le speaker pria les joueurs d'arrêter ces échauffourées sous les yeux des enfants. Rugby c'est famille. Les garnements chenapans !

On aurait voulu les voir sur le terrain animés d'autant d'ivresse du jeu et du combat.

Mais ils n'ont sans doute pas supporté la pression qui les a inhibés et neutralisés. C'est comme ça qu'on apprend. La prochaine fois, ils n'oublieront pas le plat de lentilles vertes.

Le club en chantier en a vu d'autres et en verra d'autres. Les péripéties des résultats n'entament jamais les fondements du jeu et de la culture rugby.

Il reste que le club évolue, dans ses infrastructures dont les travaux ont pris 6 mois de retard, sale punition, jusqu'au prochain printemps donc, et dans l'organisation de l'équipe dirigeante. Un coprésident et non des moindres sur le départ annoncé de longue date - certains n'arrivent toujours pas à y croire -, et de nouveaux progrès d'organisation à suivre.

Bizarrement, le long de la lice, dimanche à Bouillot, des figures rugby étaient absentes. Comme si elles s'étaient réservées pour les 16 èmes de finales, le prochain tour décisif pour l'accession en Fédérale 2.

Seulement voilà. Il y a eu un bug.

Pour la première fois de son histoire, le RCA est tombé en 32 èmes de finale. Un palier que le club de l'Yonne avait toujours franchi.

À méditer.

Car à Auxerre la verte et la liquide, où le rêve des hommes prend les couleurs du rugby, on peut y contempler à nu ce que ce jeu a de si généreux dans sa manière bien à lui de donner un supplément de vie. C'est cette cité que les joueurs du Puy-en-Velay ont honoré, au-delà des espérances.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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