SOCIETE
Le Féminin à l'offensive
le samedi 17 novembre 2018, 08:26 - SOCIETE - Lien permanent
Ils sont vingt-neuf.....dix sept femmes, enfin majoritaires ! Et douze hommes
Tanella Boni, philosophe, écrivaine et poétesse, professeure à l’Université F. Houphouët-Boigny d’Abidjan de révéler combien la culture familiale et la notion de couple chez les Africains étaient éloignées de celles des pays occidentaux (DR)
Mais est ce bien la bonne orthographe pour présenter celles et ceux qui ont été invités par le Conseil Scientifique des Entretiens d’Auxerre pour dire leur expertise sur la thématique du FÉMININ / MASCULIN, thème de la 17ème édition ? Il fut un temps où le rédacteur que je suis aurait choisi sans hésiter ce pronom personnel masculin-pluriel, soi-disant représentatif de l’être humain en général, les deux sexes confondus ? Aujourd’hui, c’est beaucoup plus compliqué, comme il en est ressorti tout au long des quatre séquences de cette première journée d’interventions, devant un nombreux public attentif et participatif.
La première table ronde de la matinée - Égalité et différence – a permis à une brillante intervenante africaine, Tanella Boni, philosophe, écrivaine et poétesse, professeure à l’Université F. Houphouët-Boigny d’Abidjan de révéler combien la culture familiale et la notion de couple chez les Africains étaient éloignées de celles des pays occidentaux. Là bas, la polygamie, pourtant interdite par la loi, existe bel et bien.
Puis ce fut Patrice Decormeille, Président du Cercle Condorcet qui est intervenu par un exposé construit comme un philosophe sait le faire, avant de céder le micro à Catherine Vidal, neurobiologique à l’institut Pasteur qui a passionné l’auditoire par sa présentation scientifique de ce que peut permettre aujourd’hui les outils médicaux modernes d’investigation, tel l’IRM. Les recherches ont mis fin aux visions anciennes qui attribuaient à la femme ou à l’homme des spécificités particulières, souvent au détriment de la première.
Une présentation, images à l’appuis, a surprit le public : la plasticité cérébrale, mécanisme par lequel le cerveau est capable de se modifier à tous les stades de la vie en cas de lésions et de maladie. Cc peut être le cas pour l’enfant atteint d’hydrocéphalie par exemple.
Le corps en point d'orgue
La deuxième table ronde ainsi que la suivante ont abordé le féminin/masculin sous l’angle du travail et de l’entreprise. Philippe Frémeaux, éditorialiste à Alternatives Économiques a mis l’accent sur l’inégale féminisation des professions hautement qualifiées. Les tableaux statistiques présentés ont montré la réalité de la situation des femmes dans le monde du travail, même si des progrès significatifs ont été obtenus pour réduire les inégalités.
Ce fut ensuite à Anne Pfersdorff, militante mutualiste, de montrer le visage des entreprises de l’Économie sociale et solidaire (mutuelles, associations, coopératives). Dans ce monde où le bénévolat et la démocratie sont la règle, tout n’est pas parfait en matière de gouvernance et de parité. Une loi prochainement mise en œuvre, devrait y remédier.
L’après-midi, deux nouvelles tribunes ont été invitées à plancher ; lors de la première, Margaret Maruani, sociologue, directrice de recherche au CNRS et Rachel Silvera, économiste nous ont éclairé sur le marché du travail et le genre.
Le point d’orgue de la dernière table ronde, présidée par Héloïse Lherete, rédactrice en chef de la Revue Sciences Humaines, eut pour sujet : le corps.
Georges Vigarello, directeur d’études à l’EHSS a décrit l’évolution des femmes aux cours des siècles par le costume, la mode traduisant les changements sociétaux.
Camille Froideaux-Metterie, professeure de science politique à l’Université de Reims, a utilisé des formules choc, plaidant pour « une implication de l’homme dans le combat féminin », « une sexualité féminine libre et égalitaire », affirmant que « la chute des cheveux de l’homme n’est rien par rapport à la transformation du corps de la femme tout au long de sa vie » ou « que renoncer à sa féminité c’est renoncer à son humanité » ou encore, lors des réponses aux questions de la salle et ce fut la conclusion de cette journée, riche par le talent des intervenant(e)s, lorsque Camille Froideaux-Metterie déclara, ce qui ravit Michel Wieviorka, Président du comité scientifique des entretiens d’Auxerre :
« Le vrai plaisir est le plaisir clitoridien » (applaudissements)
Jacques MILLEREAU
Commentaires
On ne peut que souscrire aux "formules-choc" de Mme Froideaux-Metterie.
On doit aussi, en effet, tenir compte des progres de la science et de la medecine qui ont permis, au moins theoriquement, aux femmes de s'affranchir de leur "alienation"; une simple conversation avec une femme nee dans les annees 20 en attesterait.
Il n'en demeure pas moins vrai, malheureusement, que la condition des femmes depend du niveau de vie de la societe en general, et que lorsque la societe regresse, la situation de la femme regresse parallelement.
Quant aux questions de polygamie et de pouvoir, il faut se referer a l'imperatrice Theodora, qui, lorsque l'empereur Justinien songea a fuir face a la menace turque, lui repondit ainsi: "tu peux partir, Cesar, moi je reste"; et l'empire fut sauve.