La dernière fois, ce fut il y a quatre ans. Et cela s'était bien passé pour les Parisiens qui se sont ouvert la voie de l'accession en Fédérale 2 en éliminant les Auxerrois en match aller-retour des 16 èmes de finale d'un play-off de qualité de la Fédérale 3.

Le XV de Bignat avait été magnifique à Saint-Denis au retour, à Auguste-Delaune, sous les yeux de Bernard Laporte qui avait ainsi résumé l'équation à la mi-temps du match très incertain : est-ce le collectif bien organisé et structuré d'Auxerre qui parviendra à faire la différence, ou bien est-ce le talent individuel ?

Il faut dire que Saint-Denis avait laissé entrevoir en deux occasions la vitesse et la percussion d'un de ses centres, avant que le pack Auxerrois n'aille porter le ballon par trois fois, faisant plier et défiant les Parisiens dans leur 22, sans jamais parvenir à franchir la ligne de la terre promise. En manque du dernier geste.

Ce que l'on pouvait pressentir se produisit toujours sous les yeux du futur patron de la FFR bien mal en point aujourd'hui avec un chantier monumental devant les yeux. Deux raids de ce grand et fort gaillard éminemment sympathique, plièrent le match. Il fendit l'espace comme un éclair avant de redresser sa course d'un crochet intérieur pour aller aplatir entre les perches. Il venait de mettre 40 mètres dans la vue à des Verts et Rouges tout à coup éventrés et déchirés.

Auxerre avait perdu à nouveau de justesse (34-36) à l'aller et il s'en était fallu de peu que la moissonneuse batteuse icaunaise ne rase gratis. Un coup d'éclat dûment préparé et mijoté suffit à renverser les plans et l'espérance des Bouillot et de Bignat qui n'allait jamais réussir à faire remonter le RCA en Fédérale 2, éliminé plus tard, par Antony autre belle et sympathique équipe d'une bande de copains capables de tout ravager au passage comme des garnements toujours à l'affût d'un bon coup.

Bignat en revanche aura coupé l'herbe sous le pied d'Auxerre en venant éliminer le club qu'il venait de quitter au profit du Puy, au nez et à la barbe de tous. Penauds devant les Ponots. Ainsi va le rugby et le jeu.

 

Ode à la vitesse

 

C'est donc avec un surcroît de plaisir que l'on suivra attentivement la belle affiche sportive de ce dimanche après-midi qui parfois souvent se résume à la vie en un temps concentré, pour un nouveau match entre Auxerre et Saint-Denis au réservoir de joueurs qui semble illimité. Un match entre le leader de la poule et le troisième.

Auxerre a perdu la première manche sans démériter et aurait pu entrevoir mieux. On verra la suite cet après-midi.

Surcroît de plaisir direz-vous, mais pourquoi ?

Pour de vraies retrouvailles, celles d'amis du rugby et du jeu qui se reconnaissent d'emblée au premier regard tel un coup de foudre qui vous possède sans jamais vous délivrer et finit par vous habiter à vie. Sans doute des dirigeants et les joueurs ont du changer en quatre ans, d'autant que Saint-Denis monté en Fédérale 1 a été relégué ce qui provoque toujours un renouvellement. À Saint-Denis le phoenix la nature a horreur du vide. Il reste que le plaisir demeure le même quels que soient les acteurs et figurants. Le Dionysien « pure souche », Olivier Glévéo, qui assure la présidence depuis longtemps ne dira pas le contraire.

Surcroît de plaisir enfin, parce que l'empreinte est telle de cette magie du dernier play-off que l'on se demande si on va à nouveau avoir le privilège d'y assister à défaut de pouvoir y prendre part. La vitesse est l'ultime excitation en sport, la seule chose qui n'est pas encore usée à la corde, qui demeure potentiellement nue, exprime l'écrivain américain Don DeLillo dans son roman "End Zone" (zone de but). L'auteur obsédé par la vitesse des "running backs" de la NFL (National Football League), explore ce thème.

Allons-nous voir les rideaux défensifs solides d'Auxerre à nouveau transperçés sur le pré Bouillot, ce dimanche après-midi,  par la cavalerie de Saint-Denis ? À moins que la défense locale, impeccable face à Courbevoie l'autre leader, ne bloque et étouffe les velléités adverses.

Et si ces Verts et Rouges du jour, étaient inspirés pour leur rendre la pareille ? Ils sont mieux armés qu'autrefois avec ce pilier gauche poyaudin qui ne bouge pas d'un poil dans la mêlée et ce centre ou ailier qui a parfois des fourmis dans les cannes. Sans parler des autres.

Les amoureux du rugby savent que ces choses là ne sont pas des hasards du jeu mais se préparent minutieusement au centimètre près.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

L'US Saint-Denis saison 2016-2017 est allé jusqu'en 1/8ème de finale du championnat de France de Fédérale 2, sorti par Suresnes (DR)