POLITIQUE
Marie-Louise Fort épinglée par une enquête de Mediapart sur son management des ressources humaines
le mardi 05 mars 2019, 10:24 - POLITIQUE - Lien permanent
À la lecture de l'enquête, la bienveillance ne semble pas caractériser le management à Sens. Extraits
"À Sens, l’omerta dure depuis des années. La situation sociale des agents de la Ville, dirigée par la maire LR Marie-Louise Fort qui effectue son deuxième mandat, est pourtant critique. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré une dizaine de personnes, des agents broyés et terrorisés à l’idée d’évoquer leur situation, persuadés de subir les foudres de l’élue ou de son entourage s’ils osent briser la loi du silence. (...)
"Le rapport rédigé par le cabinet indépendant Res-Euro Conseil en novembre dernier sur l’évaluation des risques psychosociaux à Sens et dans l’agglomération, que s’est procuré Mediapart, fait pourtant un bilan accablant de la situation."
(...) La conclusion du cabinet est sans appel. « Nous soulevons l’hypothèse d’un “harcèlement institutionnel” […] qui découlerait d’une stratégie de gestion, ou plutôt d’une absence de stratégie », indique le document, qui précise que « la violence s’exerce quel que soit le niveau de hiérarchie, allant de l’agent de catégorie C à des cadres A directeurs ».
(...) « Je suis élue d’une ville de 26 000 habitants, avec 850 agents. Je ne considère pas qu’il y ait grand monde de très malheureux… Après il y a toujours des cas particuliers », évacue la maire de Sens lorsqu’on l’interroge sur le climat social dans son administration. Lorsqu'on lui évoque quelques-uns des cas que nous avons eu à connaître, Marie-Louise Fort coupe court : « Je n’ai pas à vous répondre. Si j’ai des choses à dire et à régler, je le fais en interne. »
Marie-Louise Fort, maire LR de Sens et présidente de la Communauté d'Agglomération du Grand Sénonais
(...) " Quand on lui parle du harcèlement moral dont nous ont fait état plusieurs agents, elle rétorque que le « harcèlement, c’est un mot très fort que je n’emploie jamais ». Pour elle, le rapport sur les risques psychosociaux relevait que 77 % des agents étaient satisfaits de travailler pour la collectivité. Un chiffre abondamment relayé par la mairie, mais qui ne dit rien du climat délétère dans son administration. « Quand ça va vraiment très mal, il y a des grèves », avance l’élue LR, qui souligne que la Ville a augmenté « les plus bas salaires » et a revalorisé les Ticket-Restaurant. « Qu’il y ait des cas particuliers… On serait les seuls à ne pas en avoir ! », s’agace-t-elle. (...)
(...) " Pourquoi ces affaires, d’une rare gravité, ne sont-elles jamais sorties dans la presse locale ? Le rédacteur en chef de L’Indépendant de l’Yonne, Alain Chaboteau, qui a publié ce vendredi une enquête sur le cas d'Olivier* a sa petite idée. Pour s’être montré un peu trop impertinent avec l’édile, son journal s’est vu en 2015 brutalement retirer tous les budgets publicitaires de la Ville et de l’agglomération.
" Le journal n’est alors non seulement plus convié aux points presse de la mairie, mais le journaliste se fait même exclure manu militari lorsqu’il tente de s’y rendre. « Ils ont voulu tuer le journal », raconte Alain Chaboteau, qui constate que les responsables de la mairie refusent de lui parler en public. À l’époque, Marie-Louise Fort avait assumé la coupe du budget publicitaire à L’Indépendant par une formule sans ambiguïté : « Nous avons un budget contraint, justifiait la députée-maire à France TV. Et je ne vais pas m'autoflageller. La presse locale, ce qu'on lui demande, c'est aussi d'être un peu partenaire. » "
"Car Marie-Louise Fort n’aime pas trop la contradiction, ni les lourdeurs du dialogue social. Le 5 novembre dernier, lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dont Mediapart s’est procuré le procès-verbal, l’élue s’irrite de l’inutilité de ce rendez-vous légal, arguant qu’il n’y a pas grand-chose à discuter. « Le dialogue social n’est pas une obligation à ma connaissance, nous pourrions le supprimer », lance-t-elle. Une preuve de plus de sa conception bien particulière des ressources « humaines »."
Commentaires
C'est ce genre de situation qui démontre qu'un soutien aux syndicats est indispensable comme contre pouvoir en entreprise. Soutenir "les canaris" on se fait plaisir et cela n'a servi à rien.Que les salariés agissent avec leurs syndicats c'est mieux.
D'autre part une commune de 1000 habitants emplois 7 employés équivalent temps plein en moyenne (maximum10). Donc pour 26000 habitants 7*26 = 182 et non pas 850, mais je ne suis pas FORT en math. Math et politique sont deux mondes parallèles et même Macron avec son député mathématicien, n'arrive pas à compter ses déficits. Hollande et Sarko étaient moins mauvais.
Il y aurait beaucoup à dire sur le fonctionnement de la mairie de Sens. J’y ai travaillé 4 ans et même avant que Marie-Louise y soit réélue, il y avait déjà un fonctionnement délétère... c’est institutionnalisé depuis des années... il suffit de regarder les services dans lesquels il y a des responsables qui changent tous les 2 ans depuis une dizaine d’années, par exemple, pour comprendre qu’il y a beaucoup de problèmes et que cette façon de faire s’est généralisée. Ça a été la pire expérience professionnelle de toute ma vie. Je suis contente enfin que certaines choses sortent de ce huis-clos malsain qui a déteint sur beaucoup de comportements.
c etait beaucoup mieux sous CORDILLOT maire PC de SENS ; SI TU N AVAIS PAS TA CARTE AU PC TU N AVAIS AUCUNE CHANCE D ETRE EMBAUCHER
Quel serait l’intérêt pour MLF d’un management par la bienveillance alors que sa génération n’a évolué que sous la valeur du « labeur au travail »
Elle n’aurait en fait aucun intérêt à encadrer ses équipes avec un management bienveillant car elle n’attend pas d’eux un engagement mais un asservissement qu’elle plébiscitera avec une petite prime en fin d’annee qui doit être d’ailleurs déjà budgétee.
Sans nul doute qu’elle est, de part sa vie politique passée au sein d’un parti d’hommes, aux comportement et paroles violentes, loin d’appréhender le sentiment de justice, et surtout, de l’envie qui peut être attendu des équipes. Ses repères sont tout autres et ce n’est pas que generationnel c’est une détestation des autres tout simplement.
Il est certainement difficile pour elle de concevoir que la bienveillance est une clé de réussite à long terme, alors que chaque victoires a été durement acquises dans un environnement d’une brutalité tribale inouïe
C’est là que se trouve la vraie question, comment peut on chercher des résultats à court terme et pour y arriver, crier, mettre la pression, fixer des objectifs toujours plus hauts et intenables.
Certes, selon les valeurs acquises depuis plus de 30 ans de vie politique et de frictions permanentes elle a bataillé avec tous ses interlocuteurs, sans jamais trouver alliance ou compromis. Le choix de cette gestion rude et agressive est rentable dans un premier temps : les fonctionnaires tout autant que les élus ou l’administration ont peur de la cheffe et produisent plus.
Mais très rapidement dans cette nouvelle société de la Co-production, de la solution commune et partagée , cela ne fonctionne plus ou pas : tous seront de moins en moins créatifs, impliqués et finiront par tomber malades, et l’on arrive à cette situation de mise en lumière d’une personnalité dépassée par l’évolution des attentes du plus grand nombre.
Une simple prime de fin d’année, un limogeage du directeur, un peu de Calinotherapie et un « c’est partout pareil, circulez il y a rien à voir » ne permettront de voir s’éroder le socle des sympathisants / votants pour les prochaines élections municipales.
Qui voudrait reconduire ce mode de management des femmes, hommes et des projets de territoire en inadéquation avec les valeurs du nouveau monde