POLITIQUE
Manoeuvres autour de l'Abbaye de Pontigny
le vendredi 29 mars 2019, 12:02 - POLITIQUE - Lien permanent
Le domaine de l'abbaye (*) cistércienne deuxième fille de Citeaux et plus grande église cistercienne au monde fondée en 1114, joyau, est à vendre, car le coût de fonctionnement pèse lourdement (250 000 euros par an minimum pour 40 000 visiteurs annuels un peu plus que les 10 000 du musée Zervos à Vézelay) sur les comptes de la région Bourgogne Franche-Comté qui est prête à céder l'édifice acquis en 2003. Le maire de Saint-Florentin et président de la Communauté de communes de la vallée du Serein et Armance, Yves Delot, est vivement intéressé pour valoriser le site, qui a fait l'objet de projets mais la Région ne répond pas
L'abbaye cistércienne deuxième fille de Citeaux et plus grande église cistercienne au monde fondée en 1114. C'est le domaine qui appartient à la Région, pas l'abbaye en tant que telle (DR)
Le Député André Villiers a organisé un déjeuner de travail, jeudi 28 février, auquel Colette Lerman, conseillère départementale du canton en question et Dominique Charlot président de la Communauté de communes de Chablis, Villages et Terroirs étaient invités.
Le sujet de cette réunion était l'avenir du domaine de l'abbaye de Pontigny et plus particulièrement le projet élaboré par Serge Scapol, président de l'association Orgues à Pontigny.
Ce projet a fait l'objet d'une demande de subvention à la Communauté de communes Chablis Villages et Terroirs en 2018, et n'a pas été retenu.
Il consiste en un volet muséographique pour le dortoir des convers (instruments de musique anciens dans le cadre d'une mise à disposition de leur propriétaire), un volet culturel (organisation de master classes musicales (en complément de l'autre projet soutenu par Orgues à Pontigny, la restauration de l'orgue de l'abbatiale) et un volet hébergement touristique (dans les anciens bâtiments de l'ADAPT, association pour l'insertion sociale et professonnelle), une mise en valeur de la maison de Paul Desjardins et une restauration des jardins.
Le domaine de Pontigny est propriété de la Région Bourgogne-Franche-Comté, et la présidente Marie-Guïte Dufay a exprimé sa volonté de le vendre.
Elle n'avait pas donné suite jusqu'à présent aux demandes d'audience de Serge Scapol, ni donné de réponse pour un portage de son projet.
Yves Delot en maître du temps
En janvier, lors d'une cérémonie des voeux à Saint-Florentin, Serge Scapol a présenté ce projet à André Villiers et à Yves Delot, président de la Communauté de communes Serein et Armance et suppléant du député André Villiers.
Yves Delot s'est déclaré vivement intéressé et serait disposé à porter ce projet (au titre de la Communauté des communes du Serein et Armance), Pontigny étant à faible distance de Saint-Florentin.
Entre Chablis Villages et Terroirs et Serein et Armance, Yves Delot souhaite un porteur de projet unique, Serein et Armance, à savoir la Communauté de communes qu'il préside.
Cette proposition suppose un redécoupage territorial où les communes de Rouvray, Venouse, Pontigny, Ligny-le-Châtel, Méré, Varennes et Carisey seraient transférées à la Communauté de communes Serein et Armance.
Deux des 7 maires concernés auraient déjà été contactés par Yves Delot. Le Préfet ne serait pas opposé si les communes et les communautés de communes en étaient d'accord.
Le souhait de Yves Delot est que cette modification territoriale puisse être faite le 1 janvier 2020. Elle aurait de nombreuses incidences qui impacteraient à la fois les communes concernées, mais aussi les 29 autres communes de la communauté des communes de Chablis, Villages et Terroirs 3CVT :
- la communauté de communes Chablis Villages et Terroirs passerait en dessous du seuil de 15 000 habitants, requis par la loi NOTRe, - en matière de fiscalité,
- les compétences de la 3CVT que la CCSA (Serein-Armance) n'exerce pas aujourd'hui (périscolaire, assainissement collectif et non collectif, ...), remettant en cause le travail et les études en cours.
La communauté de communes du chablisien (3CVT) étudierait pour sa part, quelles diverses solutions pourraient être envisagées pour le domaine de Pontigny.
Alors que pendant des années, les rumeurs diverses ont évoqué la reprise de l'ensemble par un grand groupe hôtelier de luxe, sans suite visible et entouré d'une espèce d'omerta dont le Département et la Région excellent, un autre projet est porté par l'association Les Amis de Pontigny que préside Micheline Durand.
Il consisterait en une bibliothèque qui servirait de ressource à des professionnels, où auraient aussi lieu des masters class proposés par un violoniste professionnel, des résidences d’artistes et des expositions. Un projet de musée d'outils de l'époque calqué sur un exemple Belge qui marche fort, avait aussi été évoqué. Mais sans suite, sans visibilité, la Région faisant la sourde oreille selon d'aucuns, depuis 2003, lorsque l'abbaye fut achetée pour la sauver sous la présidence de Jean-Pierre Soisson.
Les deux mandats de François Patriat et celui de Marie-Guïte Dufay se seront révélés infructueux pour Pontigny et auront coûté plus de 4 millions d'euros à la collectivité.
Contexte politique sensible
D'aucuns pourront s'étonner de ces manoeuvres qui surviennent à un an des élections municipales lesquelles, il ne faut pas l'oublier, permettent de désigner les délégués communautaires pour constituer les 14 intercommunalités du Département.
D'une part, depuis trois ans, des communes ou ex-cantons périmés par le nouveau découpage, ont manifesté officiellement auprès du préfet de l'Yonne leur volonté de quitter l'intercommunalité qui leur a été dévolue pour en rejoindre une autre.
C'est le cas de Charny commune nouvelle qui demande à quitter la communauté de communes Orée de la Puisaye et aujourd'hui, les ex-cantons de Brienon et de Seignelay qui font partie de la communauté des communes de la Vallée du Serein-Armance, présidée par Yves Delot.
Brienon et Seignelay veulent rejoindre la communauté des communes du Migennois.
D'une part, parce que les deux ex-cantons penchent naturellement de ce côté sur le plan des flux économiques et sociaux d'une manière générale, d'autre part parce que la méthode Delot ne semble pas plaire à tout le monde. L'ancien chef d'entreprise est quelqu'un de direct et plutôt buldozer. Son dernier dossier amené ex nihilo dans l'ordre du jour du dernier conseil communautaire a fait bondir certains. Son projet de centre nautique prévu à Saint-Florentin est chiffré à 9 millions d'euros, sans que personne ne connaisse le financement, sauf à imaginer des subventions miraculeuses qui tomberaient du ciel ainsi qu'une augmentation sensible de la pression fiscale, sans oublier le poids à supporter en termes de fonctionnement annuel du stade nautique.
Si les deux ex cantons quittaient la communauté Serein-Armance, la réélection d'Yves Delot à la tête de la communauté Serein-Armance ne poserait pas vraiment question. Sauf à perdre le financement de son DGS ex cadre du Département jalousé par ses homologues pour ses émoluments. Le contraire en revanche pose question car l'opposition se renforce, les conseillers communautaires ayant manoeuvré la calculette par rapport au projet de stade nautique. La réélection d'Yves Delot paraîtrait improbable.
La limite d'âge est aussi une question face à la fracture générationnelle qui prône consensus, construction et surtout égalité des sexes dans le périmètre des décisions. Ce serait alors un système patriarcal qui s'effondrerait.
C'est aussi dans ce contexte politique qu'il convient de regarder les manoeuvres en cours autour de Pontigny la belle Arlésienne. Qui impliquent l'adhésion de 7 communes du Chablisien et leur transfert dans la communauté Serein-Armance. Au-delà, se jouent aussi des combinaisons subtiles en vue des prochaines élections sénatoriales dans l'Yonne. Question : alors, on n'a pas invité Patrick ...?
On se référera aux propos du préfet de l'Yonne subtilement distillés, lors de l'assemblée générale des maires de l'Yonne à Nitry.
Lumières vivantes qui avaient impressionné François Mitterrand lors d'une visite promenade à laquelle il tenait (DR)
L'abbaye de Pontigny de face (DR)
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(*) L’abbaye de Pontigny est un ancien monastère fondé en 1114. C’est le plus grand édifice cistercien du Moyen-Âge conservé intact de nos jours dans le monde, à mi-distance entre Paris et Dijon. 108 mètres de hauteur, mélange d’art roman et d’art gothique, un domaine de 10 hectares. De quoi faire rêver les passionnés d’histoire.
Commentaires
Non seulement faire rever les passionnes d'histoire, mais aussi et surtout de nous permettre de comprendre ce que nous sommes, d'ou nous venons et, par suite, ce que nous voulons devenir; un bon outil de travail, en somme.
40 000 visiteurs à Pontigny
10 000 pour le musée Zervos (chiffres du Département)
Nombre d'élus ne comprennent pas que le musée Zervos ne recoivent que si peu de visiteurs dans la maison de Romain Rolland.
Votre article est très intéressant. Et tant mieux si les élus locaux se préoccupent du sort de cette abbaye bien oubliée de la Région et d'autres (j'ai visité l'église et seulement l'église la semaine dernière, étonné par la saleté et le désordre de panneaux divers qui y règnent).
Mais, en chapeau, vous écrivez que Zervos (le Musée j'imagine) reçoit 40 000 visiteurs par an, ce qui m'étonne grandement, les derniers chiffres que j'avais en tête était autour de 10 000 visiteurs à l'année (c'est un autre scandale icaunais ce musée). De plus ce musée est "géré" par le Département et est à entrée payante, alors que la visite de l'église est libre, la Région ayant en charge le domaine proprement dit : jardins et dépendances.
Que le temps des décades de Pontigny est loin !
Quand on voit l'embarras du Département avec le musée Zervos et les autres, le château de Maulnes, il n y' a peut être pas le feu...
Cordialement
Christophe Gay
Dans cet article, il est écrit : "Brienon et Seignelay veulent rejoindre la communauté des communes du Migennois".
N'oublions pas Chemilly sur Yonne qui a exprimé par l'intermédiaire de son conseil municipal (14 voix pour, 1 voix contre) la volonté des habitants de rejoindre l'Auxerrois !
Se reporter à la délibération municipale et à la réponse de la Préfecture.
Delot est certainement un garçon intelligent mais chacun le sait brutal et égocentrique. Guidé par la folie des grandeurs il est suffisamment habile pour être élu et réélu à la tête de la Communauté. Il sait parfaitement distribuer les postes de vice président à quelques maires avides d’indemnités ou attribuer quelques équipements à d’autres. Il sait aussi tirer avantage de l’opposition droite gauche parmi les représentants des communes. En fait le plus grand scandale, c’est que les président des intercos ne sont pas élus au suffrage universel, mais par les représentants des communes !
De plus par facilité de gestion il a fait voter (notez les noms de ceux qui ont voté pour) le retour à la taxe d’enlèvement sur les ordures ménagères par facilité de gestion au détriment de l’intérêt des usagers.
Dans cette affaire il est a craindre que le contribuable soit sacrifié au nom de ces projets et de ces savants calcul pour rester au pouvoir.
Il reste aux électeurs à demander des engagements sur l’élection du président de l’intercos après les élections municipaux aux candidats maires. C’est la seule solution pour maitriser son avenir
Lorsque Yves Délot entre dans une pièce, il n´allume pas la lumière, il éteind l’obscurité.
Si je comprends bien le Préfet userait de son droit préféré d’inertie pour ne pas convoquer l’instance (CDCI) qui permettrait aux communes de motiver et faire voter leur départ de la communauté, qu’elles souhaitent quitter. Les abandonnant à leur triste sort et subir le courroux de Présidents despotiques durant encore 12 mois.
Lors des débats publics nationaux, les maires de toute la France ont fait connaître leur position vis à vis des intercommunalités, de la perte de leur champs d’actions et leur légitimité à agir. La réponse de Monsieur le Préfet à vous lire, serait : rien ne bouge avant les élections municipales de 2020.
En l’on constate que le binôme influent Villiers / Delot (chez qui on peut faire des sauts en parachute) demande de rattacher des communes au nombre de 7 à la communauté de communes de Serein et Armance pour sauver le site de Pontigny.
Opération de reconversion qui sera aussi brillante que celle du camps militaire de Jaulges sur lequel c’était positionné le Président, Delot, qui devait se transformer en un projet économique au rayonnement international par la création d’une Champignonnière. Pour finir après de lamentables négociation interministérielles, sur fond de testostérones « Delotienne, » en site de rééducation de jeunes délinquants violents.
Il était misogyne, il devient misanthrope avec l’agent de la collectivité, alors vous voyez qu’il en reste plus grande chose de ce Monsieur Delot.
Attendre encore un peu, cela veut dire que le purgatoire du Préfet sur ce département de l’Yonne serait bientôt. L’Etat et notre parlementaire tableraient alors sur le fait que la moitié des maires ne seraient pas réélus, ce qui permettrait de balader les nouveaux maires durant au moins une mandature (5 ans) dans le périmètre imposé de l’intercommunalité et de chasse gardée politique.
Et après ca, ils se posent la question des critiques à l’endroit de l’Etat, des élus et des petites manipulations.