SOCIETE
L'inquiétude sourde comme une morsure à La Maison à Auxerre
le lundi 01 avril 2019, 13:09 - SOCIETE - Lien permanent
Déjà compliquée, la situation de La Maison gérée par l'association du même nom, empire et suscite une grande inquiétude parmi le personnel, après la disparition de la présidente Bernadette Pauline Massenot qui se bat depuis deux ans, pour assurer la survie d'un site en voie d'abandon par le Département qu'elle préside depuis une dizaine d'années. Il reçoit moins d'enfants, n'a plus de suractivité et ne se développe pas. Les charges sont trop lourdes
42 enfants, 43 membres du personnel d'encadrement éducatif et administratitf, sans compter les 33 enfants placés à domicile à Toucy : cela fait du monde dans le secteur de la protection de l'enfance à Auxerre sous la houlette de l'association la Maison, avenue Foch et rue Jeanne d'Arc.
Bernadette Pauline Massenot la présidente de l'association, a succédé à Michel Thullier qui fut président pendant trente ans.
Le sentiment qui habite le personnel très inquiet, est un sentiment d'abandon et de déshérence. Rien ne bouge, aucun retour d'activité depuis le mois d'octobre, au sein de la petite association qui voit ses moyens diminuer au fil du temps, sans que l'on comprenne toujours bien certaines décisions au niveau du Département qui subventionne le placement des enfants et les oriente vers les organismes appropriés. Autrement dit, le Département a la main puisque c'est lui qui paye.
Pourquoi, par exemple, en 2014, c'est l'association EJA, enfance jeunesse avallonnaise qui a décroché l'appel à projet pour l'accompagnement des familles à domicile sur Auxerre dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement en matière de protection de l'enfance ? Alors qu'elle ne dispose pas de Maison d'internat sur Auxerre comme prévu au cahier des charges de l'appel à projet ?
L'objectif de la nouvelle disposition législative depuis 2014, est de privilégier le maintien à domicile auprès des familles et de les accompagner, plutôt que de placer les enfants en internat. Un objectif qui présente aussi l'avantage de coûter beaucoup moins cher, le maintien à domicile représentant par enfant, un tiers du coût du prix en internat.
Disparités et privilèges
Or la baisse des coûts sociaux et la recherche d'économie sont des leitmotivs au Département dans une situation financière contrainte.
La fermeture de la Maison de Coulanges-sur-Yonne et aux 3/4 celle de la Maison des enfants de Paron en sénonais (70 places fermées en internat) a provoqué des coûts supplémentaires car nombre d'enfants étaient en rébellion et en situation difficile.
Outre les fermetures, les moyens se réduisent alors qu'il faudrait les augmenter là où les besoins sont criants.
Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne fort heureusement. Ainsi la Maison EJA, enfance jeunesse avallonnaise, a gagné l'appel à projet de placements à domicile à Auxerre alors qu'elle ne dispose pas d'internat (de Maison accolée), aux dépens de la Maison d'Auxerre qui a gagné l'appel à projet sur Toucy. La Maison EJA s'est imposée y compris dans le tonnerrois, l'Yonne étant découpée en unités de territoires depuis 2014.
Une association avallonnaise qui semble privilégiée et a le vent en poupe, sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Ces Maisons "accolées" se justifient par le fait qu'il faut pouvoir accueillir les enfants qui posent problème à domicile. Celle de l'avallonnais n'en a pas à Auxerre.
Statuts et contrôle de gestion
Un autre aspect apparaît selon nos informations, celui de la gouvernance et du contrôle de celle-ci. Il n'y a pas de délégués du Département dans les conseils d'administration des associations de la Maison. Mais les services du Département ont accès et connaissance des comptes. Ce sont des bénévoles qui composent les CA. Comment sont alors élaborés les contrats des intervenants dont les directeurs ? Comment ces derniers sont-ils rémunérés en cas de suractivité liée à l'arrivée d'enfants supplémentaires pris en charge dans une certaine urgence ?
Bernadette Pauline Massenot, présidente de l'association La Maison d'Auxerre avait porté plainte l'été dernier pour abus de confiance, tant il apparut aux administrateurs que des charges supplémentaires indues (?) étaient intégrées dans les comptes. Cela a déclenché concommittament une enquête du Département qui devrait être rendue, la semaine prochaine.
Cette problématique va dans le sens du malthusianisme qui étrangle la Maison d'Auxerre au point que, selon nos informations, d'aucuns estiment que le Département veut la peau de l'association, quitte à l'étouffer petit à petit pour ensuite la fusionner ou l'éteindre, on ne sait. L'ancien président André Villiers qui a fermé la Maison de Coulanges-sur-Yonne, nous soutient le contraire et paraît étonné que d'aucuns puissent penser cela.
Quoi qu'il en soit, l'action de Bernadette Pauline Massenot, présidente de l'association La Maison, incinérée, ce lundi au crématorium d'Auxerre bondé et au-dehors après des hommages sensibles, éclaire sous un jour nouveau une situation sociale grave, préoccupante, qui révèle hélas, un secteur des travailleurs sociaux sinistré dans l'Yonne.
Une présidente et femme généreuse pour qui La Maison était un foyer familial, mûe par le seul intérêt du bien-être des enfants, elle avait entrepris de tout remettre en ordre et à flot, face à des acronymes arrogants et abscons. Un héritage précieux inestimable. Le travail rigoureux d'une nouvelle équipe.
Pierre-Jules GAYE
La façade avenue Foch à Auxerre (DR)
Commentaires
Hélas oui ce bel outil au service de la protection de l'enfance a du plomb dans l'aile!
Le 14 juin 2012 Auxerre TV nous avait gratifié d'un beau reportage sur ce même établissement "La Maison bien nommée".
La révolte des enfants de Vermiraux n'a pas suffi à éveiller les consciences encore aujourd'hui.
Comment sont nommés ces nouveaux capitaines qui dirigent ces établissements?
Les conseils d'administration sont-ils vraiment uniquement la réunions de bénévoles engagés dans une noble cause?
Même si l'établissement s'inscrit dans la politique du schéma départemental de la protection de l'enfance il reste une identité indépendante et souveraine.
Il serait bien réducteur d'affirmer que c'est une autre association qui est en partie responsable du déficit de demande de placement.
On ne peut pas aussi remettre en cause la qualité professionnelle des cadres territoriaux qui sollicitent les placements dans les institutions.
Une question simple se pose: pourquoi le département ne sollicite plus ou moins l'établissement?
Je parie que beaucoup de membres du personnel de cet établissement qui ont encore un peu d'ancienneté auraient bien des explications à donner sur la déshérence de l'institution.
Il y a des signes qui ne trompent pas: les arrêts maladie, le turn over du personnel, les ruptures conventionnelles tant autant de symptômes qui auraient dues alertées il y a bien longtemps.
42 enfants, 43 membres du personnel d'encadrement éducatif et administratif. Le titre de cette information triste nous interpelle , comment Mme Massenot pouvait elle résoudre cette équation dans le souci permanent de protéger les enfants en difficultés familiales tout en maintenant un équilibre budgétaire pour "la maison" ?
Et maintenant , sans Pauline ,que deviendrons les enfants et le personnel ?
Les opérations de survie sont toujours compliquées dans l'urgence ....
On pourrait pas faire un appel à projet pour 240 000 euros sur le thème « si je sacrifie un jeune sans foyer dans là déshérence « ma collectivité peut candidater ?
Cynique ? Pas plus que ce commentaire déplacé sur le fait de « balancer » des millions !!
Pour en finir avec ces arbitrages je demanderai que l’élu et le fonctionnaire responsable soient désignés nommément
Que leurs familles sachent dans quelle ignominie ces gens se vautrent en coupant les subsides de ce type d’association sans même proposer de projet alternatif.
Sous couvert de commission, de rapport, de délibération ce binôme fonctionnaire élu a le sentiment d’être bien planqué.
Et pourquoi ne pas suspendre les travaux du 89 pour ces fonctionnaires qui ont instruit un dossier à charge contre cette Association pour se voir attribuer cette ligne de crédit à leur confort matériel et personnel.
Jeunes adultes Iconais en souffrance, la collectivité et les élus qui ont voté le budget ont préféré vous sacrifier sur l’hôtel de leur commodités.
J’attends de connaître le nombre de collèges sauvés en sacrifiant Bienvenue Martin, surtout si ce dernier se retrouve seul sur la liste du département !
l'enquête du Département aboutira - chiche - sur la suppression de la Maison d'Auxerre.
Qui enquête pour le Département .... ?
On veut des noms !
Qu'on connaît !
Bonsoir Jeannot, je pense que vous faites une erreur. Il ne faut pas confondre unité territoriale et association qui gère une maison d’enfant
Pourquoi l'association avallonnaise a-t-elle pris le marché à Auxerre ?
Alors qu'il y a des unités territoriales ?
On se sert chez le voisin. Était-il au courant de cet appel d'offre ? Ou bine cela s'est-il joué en douce dans les services du conseil départemental ?