PATRIMOINE
Cession du domaine de l'abbaye de Pontigny : la région Bourgogne Franche-Comté parie sur la renaissance des activités initiales de l'abbaye cistercienne
le vendredi 11 décembre 2020, 13:41 - PATRIMOINE - Lien permanent
En choisissant de céder le domaine de Pontigny, à la Fondation d’utilité publique du Jovinien François Schneider, les élus de la Région Bourgogne Franche-Comté misent sur un projet à long terme de développement du site historique. Aux dépens de l’autre candidat en lice au final, qui a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par la collectivité en 2019, une solution à court terme, proposée par la Fraternité de Saint-Pierre une confrérie traditionaliste
Micheline Durand, présidente de l'association des Amis de Pontigny et le candidat repreneur le Jovinien François Schneider, dans l'abbatiale au mois de février 2020 (Ph PJG)
En choisissant de céder le domaine de Pontigny, à la Fondation d’utilité publique du Jovinien François Schneider, les élus de la Région Bourgogne Franche-Comté misent sur un projet à long terme de développement du site historique. Aux dépens de l’autre candidat en lice au final, qui a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par la collectivité en 2019, une solution à court terme, proposée par la Fraternité de Saint-Pierre une confrérie traditionaliste qui n’avait jamais fait entendre son intérêt pour le site depuis 2 décennies. Et dont la mise en oeuvre se serait avèrée très compliquée selon la présidente Marie-Guïte Dufay.
Un projet économique ambitieux sur le papier, versus une église traditionaliste séminariste avec ordinations et messes en latin.
Rappelons que la Région Bourgogne-Franche-Comté a acquis, en 2003, le domaine de l’abbaye de Pontigny (« l’ensemble immobilier ») appartenant au conseil départemental de l'Yonne qui l'a cédé au Conseil Régional de Bourgogne, adossé à l’Abbaye du même nom qui elle, est la propriété de la commune de Pontigny.
En 2019, la région, Conseil Régional de Bourgogne et de Franche Comté aujourd'hui présidée par Marie-GuÏte Dufay, a décidé de se séparer des 9 hectares de terrain foncier et 6 000 m2 de bâtiments composant le domaine, adossé à l'abbaye de Pontigny.
La charge de l’entretien du site a donc été transférée, en 2003, à la collectivité régionale (les contribuables) qui supporte les coûts de fonctionnement de l’ensemble immobilier du domaine qui s’élèvent, en gros, pour près de entre 200 et 300 000 euros annuel.
De nombreuses projections sur le devenir du site ont été ambitionnées, mais au fil des ans, plusieurs projets d’ordre divers ont tous avorté par manque de consensus ou de pertinence et viabilité économique, soit qu’ils ont rencontré une opposition locale soit qu’ils n’étaient pas jugés pertinents et fiables.
Le Département de l’Yonne, sollicité en son temps, aurait pu s’investir mais a choisi de ne pas le faire en dépit d’un projet local avancé qui semblait tenir la route.
La candidature retenue dans le cadre de l’AMI lancé par le Conseil régional de Bourogne Franche Comté est fondée sur un projet économique ambitieux qui demande à être détaillé et mis sur pied, ce qui prendra un certain temps.
Le projet de la Fondation Schneider s’inscrit dans cette logique RSE de performances ou le volet social, environnemental et économique sont liés, voir entremêlés.
Productions locales, ventes de divers produits de la terre siglés abbaye de Pontigny, hôtel-restaurant monacal ; l’objectif annoncé est d’attirer un large public autour de centres d'intérêts divers, tant économiques et touristiques qu'artistiques et culturels. Sur la base de 3 pôles qui comprendront :
- Un volet hébergement
- Un volet muséal et culture cistercien
- Un volet production locale
TERRE NOURRICIÈRE TERRE DES HOMMES
L’intérêt d’un tel projet réside principalement dans l’élargissement du public qui viendra se rendre sur site et ainsi redonner la lumière dans ce lieu habité par les esprits.
Qu’ils viennent en qualité de touriste, d’acteur économique ou artistique, cette mixité sociale accédera à la compréhension du long passé cistercien et son rayonnement européen.
Il y a 9 siècles, Robert de Molesme fondait le « Nouveau Monastère » de Cîteaux, suivant les principes de la règle de Saint Benoît : prier loin du monde et vivre du travail de ses mains.
Parti de Bourgogne en 1098, l’Ordre cistercien s’est rapidement développé sur tout le continent européen, rassemblant quelque 750 abbayes d’hommes et 1000 monastères de moniales.
Le site de Pontigny a trouvé naissance à partir du vignoble chablisien ; mais également cette plus récente période de 1910 à 1939, celle des Décades de Pontigny, créées par Paul Desjardins et où se réunirent et séjournèrent les plus grandes sommités intellectuelles.
Francois Schneider porte haut les valeurs écoloiques dans le projet dans le thème directeur, « la terre nourricière, la terre des hommes », s’inscrit dans la déclinaison des quatre éléments, voulue méthodiquement par le fondateur.
UN ENTREPRENEUR ATYPIQUE, UNE REUNION D'INFORMATION
Francois Schneider est atypique dans le monde de l’entrepreunariat, des managers. Homme effacé, malgré une stature et un charisme naturel imposant, il est à la fois un artiste et un ingénieur en bleu de chauffe qui oeuvre dans la cale et la soute.
Homme de communication (il a fait fortune et a connu son premier succès dans la publicité - années 60 -) puis a conforté sa réussite une deuxième fois dans l’agro-alimentaire - années 90), il n’a jamais paradoxalement, donné d’interview.
Il préfère faire les choses dans l’ombre et laisser à d’autres le faire savoir.
Le calendrier a fait débat mais il est ancré dans le réel et se trouve être la clé de voûte de la réussite du projet.
La Fondation François Schneider prévoit une année d’études et d’établissement des plans en 2021, une année de travaux en 2022 et la mise en exploitation au 1er janvier 2023.
L’équipe dirigeante est constituée à partir de la complémentarité des parcours, des formations et des tempéraments de chacun dans un souci d’efficacité et les principaux partenaires sont choisis.
Le Président du conseil de surveillance est un chef d’entreprise entrepreneur de 56 ans au parcours sans faille, responsable d’une société importante. Il a été pendant dix ans directeur général d’une très grande société dans le secteur des produits agro-alimentaires, cotée à la bourse de Paris.
Un associé ancien haut fonctionnaire au parcours atypique qui tient l’Yonne dans son cœur.
La Présidente du directoire a 32 ans, est Auboise diplômée de Sup de Co Paris. Elle a, pendant huit ans, travaillé au développement d’une société dont la première expérience professionnelle est un atout dans l'agricole commercialisant toutes ses productions bio sous sa propre marque.
Un administrateur issu du terroir, Michel Pisani, un visionnaire, le fondateur de la Maison de l'entreprise et de la formation par alternance des éingénieurs dans l'Yonne, a construit sa carrière au service de l’industrie et de la formation. Sous l’œil bienveillant des décideurs icaunais et des capitaines d’industrie, ce naisseur de grands projets a enrichi le territoire et au-delà.
L’équipe sera présentée lors d’une réunion d'information, jeudi 17 décembre, par le Jovinien, le chef d’orchestre François Schneider, salle des conférences à la Maison de l'Entreprise à Auxerre (et non à l'abbaye St-Germain), à 15 heures. Sur invitation, jauge limitée à 40 personnes.
L’ensemble du projet de la Fondation François Schneider pour le domaine de Pontigny sera ainsi pleinement exposé.
UN PROJET À L'ÉCHELLE DE L'EUROPE
Ces premiers jalons montrent que l’on n’a pas encore pris toute la mesure de l’ampleur du projet de la Fondation François Schneider. Il apparaît que ce n’est pas le projet d’un homme mais qu’il vise l’exceptionnel et la mobilisation des énergies.
Le mécène a laissé entendre que pour être à la mesure de ce lieu hors normes, il fallait fixer des objectifs quasi inaccessibles. Entreprendre et construire un programme d’une dimension économique, culturelle touristique à l’échelle de l’Europe, en fédérant les forces vives de la région autour du seul intérêt commun.
Pontigny peut devenir, deviendra, une vitrine exemplaire dans des domaines de pointe et d’innovation, d’avenir, la préservation de la terre, l’économie d’énergie, la qualité de la vie et la création d’emplois pour les jeunes sans diplômes, la culture bio requérant beaucoup de main d’oeuvre demandant plus de passion que de diplômes. Pour François Schneider, Pontigny est une opportunité, une chance rare. La réussite selon lui, passera par l’association de toutes les volontés, le réveil des talents et la révélation des passions.
« Nous appartenons à un terroir qui au temps des frères Convers savait générer des produits vrais aux antipodes de la malbouffe. Nous pouvons être porteurs d’avenir pour les jeunes passionnés de nature et d’environnement qui rêvent de bâtir une société plus respectueuse de notre planète. Sommes-nous capables de comprendre que la jeunesse d’aujourd’hui, est fatiguée d’une société de consommation qui se consomme elle-même ?
« Je veux croire qu'à Pontigny, nous sommes capables de donner des objectifs qui répondent aux aspirations de notre époque et satisfont nos principaux besoins sans hypothéquer demain. "
« Au XIIème siècle Pontigny avait plus de 150 filiales et rayonnait dans le monde. Pourquoi serions-nous aujourd’hui sans ambition ? «
Pierre-Jules GAYE
Là est le futur hôtel restaurant (Ph PJG)
François Schneider (à gauche) avec Olivier Naviglio, l'architecte en chef des monuments historiques dans le bâtiment des frères convers que l'acquéreur veut exhumer pour retrouver dans son état originel (Ph PJG)
Commentaires
Merci PJG