PATRIMOINE
Mémoire et racines pour 2010 : le marché couvert d'Auxerre
le vendredi 01 janvier 2010, 19:35 - PATRIMOINE - Lien permanent
De nombreuses sépultures de notables locaux reposent sous le parking des Cordeliers
Peu le savent. La place des Cordeliers à Auxerre abritait un couvent, le couvent des Cordeliers et une église avec un haut clocher.
L'oeuvre de Fijakowski (DR)
Le couvent des cordeliers s'étendait de la rue des Cordeliers à celle des grands jardins (rue du 4 septembre). La suppression du couvent des Cordeliers, en 1790, fournit une excellente occasion pour établir un marché, sous forme de halle aux grains d'abord. Nombre de représentants de la noblesse et de la bourgeoisie auxerroise reposent sous le parking actuel. Cela explique en partie pourquoi jamais aucun maire de droite ou de gauche ne s'est lancé dans la constructionn d'un parking souterrain dont aurait besoin Auxerre en centre ville.
La ville n’avait pas de marché couvert pour la vente des légumes et des autres objets de consommation ordinaire. Les maraîchers et autres marchands étalaient alors leurs produits tout le long des rues de l’Horloge, de la Draperie, etc. Puis, on éleva, en 1817, des tentes en ardoises sur des colonnes en bois, qui formèrent plusieurs lignes parallèles et en sens divers. Enfin ces "tentes" cédèrent à leur tour la place , en 1876, à un marché couvert dont les structures en bois provenant du pavillon d'exposition de Lyon de 1874.
Le marché d'Auxerre de 1876, place des Cordeliers, fit place, en 1905, à un édifice nouveau dont la municipalité entendait se servir à la fois de marché et comme salle des fêtes. Les architectes Fijalkowski et Cavé et l'ingénieur Dumez firent entrer dans cette construction les matériaux alors à la mode: le fer et la fonte, la brique de grès émaillé. Il fut inauguré, le 4 septembre 1904, par Emiles Combe, président du conseil.
Le petit marché métallique de 1884 fut démonté. Il fut alors réinstallé dans le parc de l'arbre sec ou il devint un café-terrasse sous le nom de "Chalet des sports". On peut le voir encore de nos jours : c'est le bar de la piscine.
Il reste quelques vestiges de l'ancien marché couvert, des faïences principalement. Elles ornent un mur de la place des Cordeliers côté cafés en face de la tour d'Orbandelle. Mais surtout, elles les abas reliefs sont nombreux dans l'ancienne usine de tuiles aujourd'hui, désaffectée route de Toucy.
Enfin, sous le marché couvert inauguré par Emile Combe, le président du conseil, il y avait de vastes caves où entreposer les aliments car il n'existait pas de frigos à l'époque. Ces caves ont malheureusement été comblées avec les gravats de la démolition du marché. Sans creuser, on aurait pu y construire un parking qui fait tellement défaut de nos jours en centre ville, problème qu'aucune municipalité n'a véritablement réussi à résoudre. Jean-Pierre Soisson a-t-il manqué de vision pour sa ville ?
Légende sur le site de l'INA avec le commentaire de l'époque : 17 juillet 1971
Après Baltard à Paris, Auxerre va perdre ses halles, merveille de l'architecture métaliique du début du 20ème siècle. Comme la rénovation couterait trop chère à la ville, le maire, Jean Pierre SOISSON, souhaite donc la démolition de ce bâtiment mais contrairement à ce qui s'est fait à Paris il envisage la vente de ces halles à un financier américain. Interview d'une charcutière : "elle pensait que la vente aux américains était un canular..." Interview d'un fleuriste - "c'est un canular..." Interview de Jean Pierre SOISSON devant les halles : "il est exact que l'on va vendre les halles, un contact est pris avec un acheteur américain" Cette démolition s'inscrit dans un vaste projet de rénovation urbaine, aussi un nouveau marché couvert sera implanté en centre ville.
Commentaires
honte a jp soisson d'avoir démoli un si beau batiment!!!!
En 1972-1973
En quelle année ce marché couvert a-t-il été détruit?
Moi aussi suis déçue par Mr Soisson... que le marché couvert ne soit plus la, ils ont fait un parking à la place, et sous ce parking il y a des galeries . et, en jour tout s'écroulera ! avec toutes ces voituires qui y stationnent
Nombreux sont les Auxerrois qui regrettent la disparition du marché couvert de la place des Cordeliers et du kiosque à musique. Il eut été possible de conserver ces deux témoignages de l'histoire de la ville, nombre de cités françaises l'ont fait sans pour autant négliger les nécessaires aménagements urbains. L'on aurait aussi pu profiter de cette démolition pour construire un parking souterrain qui serait, aujourd'hui, très apprécié pour l'animation et le commerce du centre ville.
"J'en veux à Jean-Pierre Soisson d'avoir été l'instigateur de la démolition du marché couvert et du kiosque à musique situé en face du cinéma Casino. Il aurait été possible de préserver le premier en entreprenant des travaux de restauration comme a su si bien le faire la ville de Sens avec le sien. Au lieu de quoi, nous avons un parking sans âme au dessous duquel on n'ose même pas creuser pour l'étendre, de crainte de tomber sur les anciennes murailles de la ville et les fondations du monastère des Cordeliers.
Auxerre la frileuse, qui préfère cette verrue en plein cœur à un centre marqué par la vie de la cité et par l'histoire : n'est-ce pas à cet endroit, lors de l'inauguration du marché, que le Petit Père Combes prononça ce fameux discours qui annonçait la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat ? Quant au second, il serait encore l'ornement de nos promenades, encore utilisé par des formations musicales pour le plus grand bonheur des badauds, et sans attendre forcément la journée de la musique".