Marie Noël, de son vrai nom Marie, Mélanie Rouget, est née le 16 février 1883, ruelle des Véens, à Auxerre, et décéda le 23 décembre 1967, la veille de Noël, quelques jours avant l’anniversaire de la mort le 27 décembre 1904, de son jeune frère Noël, dont elle prit le prénom pour pseudonyme.

Poétesse et écrivaine reconnue, elle fut élevée au rang d’officier de la Légion d'Honneur. Elle naquit dans une famille cultivée mais peu religieuse, son père, professeur agrégé de philosophie au lycée d’Auxerre, était agnostique, mais laissa Marie recevoir une éducation religieuse. C’est son parrain, inspecteur d’académie à Blois, qui le premier découvrit les talents de poète de sa filleule et l’encouragea à écrire. De cette vie dans une bourgade provinciale, comme l’était Auxerre en ce temps là, elle puisa en elle une force capable de l’extraire de ce charme désuet de la bourgeoisie. À sa mort, elle lègue son œuvre à la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne.

Elle commence à écrire en 1902 et, en juin 1910, ses premiers poèmes paraissent dans la “Revue des deux mondes”. Dès lors, elle prend son envol dans le monde littéraire parisien, reconnue par de nombreux écrivains comme Aragon ou Montherlant. Sa poésie est toute en mélodie, à la fois légère et chantante : « des chansons » comme elle aimait les appeler. Elle voulait exprimer sa foi en Dieu et en Jésus, comme son attente de l’amour, qui disait-elle : « passa devant sa porte sans daigner s'arrêter ». Mais derrière cette façade de douceur, les torrents de la révolte pouvaient gronder. Elle entends la révolte des cœurs, partagés entre l’espérance en un Dieu d’amour et le constat, hélas par trop évident, que dans la vie l’ignoble le dispute à l’immonde.

Dans ses « Notes intimes », elle nous éclaire sur sa conscience révoltée, mais s’exprimant par les mots de l’amour, comme signe d’espérance, sans laquelle la vie n’aurait plus de sens. Elle était de ces êtres, qui dans des colloques singuliers, s’interrogent sur l’injustice. Dans la chambre de sa conscience, elle interpelait les puissances tutélaires, poussant aux limites du blasphème, pour aussitôt s’en repentir, ne sachant trop si cette contrition était là pour lui éviter le courroux de Dieu et de ses Saints où pour manifester son inébranlable espérance ?

Si l’on aime à se représenter la petite Marie Mélanie, comme gambadant dans les vignes, ou croisant les habitants du village de Diges qu’elle aimait tant. Si l’on aime s’en souvenir comme d’une vieille dame, marchant sur les chemins avec sa cape, son béret et sa canne, souvent accompagnée d’une bande d’enfants ou de son chien, aurait-elle eu toute cette puissance évocatrice, toute cette présence, si elle n’avait été que cela ? A l’évidence Marie Noël fut une de ces femmes d’exception qui marquèrent les débuts de l’émancipation féminine.

Sa célèbre voisine poyaudine, Colette, manifesta sous d’autres formes cette force émancipatrice, de celle seule capable de se libérer de ses propres chaines, de celles forgées par son milieu social, par l’éducation bien pensante. « Serrée de près par les devoirs, je n’ai eu que Dieu pour espace » dira Marie Noël. Elle dira aussi : « Dieu voyait pour moi plus grand que moi. Il ne m'a pas permis de «m'installer» sur terre. Il m'a forcée à avoir besoin du Ciel. » (Notes intimes - 1978) ou encore : « Père, ô Sagesse profonde - Et noire, Vous savez bien - A quoi sert le mal du monde, - Mais le monde n'en sait rien ». (Chants de la merci, Chant de la divine merci)

 

[Marie Noël]
En Français dans le texte - 14/05/1959 - 15min19s

Visite chez Marie NOEL, dont les poèmes bouleversent Montherlant : En sortant de la cathédrale d'Auxerre, elle retrouve son frère dans la rue, puis Raymond ESCHOLIER, son biographe. Dans le jardin de sa maison "la maison du diable", elle raconte à Raymond ESCHOLIER sa rencontre avec le général de GAULLE, évoque un souvenir d'enfance, lorsque son père lui lisait Aristophane dans la cuisine. Elle ne s'intéresse plus à ces poèmes passés, n'aime pas paraître en public, et assure, avec malice, que si elle avait été connue plus tôt, elle n'aurait pas écrit autant. Elle s'adresse à ses admirateurs et leur envoie toute son amitié. Marie NOEL rejoint des enfants qui font une ronde. Madeleine ROBINSON dit un de ses poèmes. .

 

 Le site Marie Noël :  de http://www.marie-noel.asso.fr/

Passionnée et tourmentée

Elle est née dans une famille très cultivée mais peu religieuse. Elle resta célibataire et s’éloigna très peu de sa ville natale. Sa vie ne fut pas si lisse pour autant : un amour de jeunesse déçu (et l’attente d’un grand amour qui ne viendra jamais), la mort de son jeune frère un lendemain de Noël (d’où elle prit son pseudonyme), les crises de sa foi... tout cela sous-tend une poésie aux airs de chanson traditionnelle. À sa mort, elle lègue son œuvre à la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne. Cette société savante (née en 1847) gère et étudie son œuvre à travers de nombreuses publications.

Femme passionnée et tourmentée, elle n'est souvent connue que pour ses œuvres de « chanson traditionnelle », au détriment de ses écrits plus sombres, dont la valeur littéraire et la portée émotive sont pourtant bien plus fortes. Citons à titre d'exemple le poème pour l'enfant mort, véritable « hurlement » (titre d'un autre de ses poèmes) d'une mère écartelée entre sa souffrance quasi animale et sa foi en Dieu, appelant à l'acceptation (Marie Noël était profondément catholique). Le déchirement entre foi et désespoir, qui culmine dans un cri blasphématoire aussitôt repenti, est ici particulièrement poignant.

Grande amie de Léon Noël (1888-1987), homme politique français, Ambassadeur de France, Président du Conseil Constitutionnel (sans lien de parenté). Extraits de Wikipédia

Ses oeuvres

  • Les Chansons et les Heures (1922)
  • Noël de l'Avent (1928)
  • Chants de la Merci (1930)
  • Le Rosaire des joies (1930)
  • Chants sauvages (1936)
  • Contes (1946)
  • Chants et psaumes d'automne (1947)
  • L'Âme en peine (1954)
  • L'Œuvre poétique, (1956)
  • Notes intimes (1959)
  • Chants d’arrière saison (1961)
  • Le chant du chevalier (1961)
  • Le cru d'Auxerre (1967)
  • L'Œuvre en prose, (1976)
  • Les Chansons et les Heures suivi de Le Rosaire des joies, (1983)

Florilège

Le chant du chevalier

Il était noble, il était fort.
Il se battait pour une reine.
Il était noble, il était fort
Et fidèle jusqu’à la mort.

Il la prit par la main un soir.
- C’était la plus pauvre des reines –
Il la prit par la main un soir
Et la fit sur le trône asseoir.

Il posa la couronne d’or
- C’était la plus humble des reines –
Il posa la couronne d’or
Sur sa tête comme un trésor.

Haut l’épée, il se tenait droit
- C’était la plus faible des reines –
Haut l’épée, il se tenait droit
Pour la défendre, elle et son droit.

À ses pieds tristes, en vainqueur,
- C’était la plus triste des reines –
À ses pieds tristes, en vainqueur,
Il mit le monde… Hors son cœur.

Il mourut pour sa reine un jour.
- C’était la plus pauvre des reines –
Il mourut pour sa reine un jour…

Il aimait une autre d’amour.

(Marie Noël, « Chants légendaires » in Chants d’arrière-saison, 1961)

Déclarations d'amour

Je vous aime, vous... pour l'amour de Dieu, parce que vous êtes mon prochain, parce que vous êtes l'un de mes proches. Sans l'amour de Dieu, je ne vous aimerais pas, vous ne m'êtes pas sympathique.
Je vous aime, vous... parce que vous êtes bon, parce que vous êtes sage, parce que vous agissez bien..., parce que... parce que... parce que...
Je vous aime, vous... parce que vous êtes malheureux. Si vous ne l'étiez pas, je ne songerais pas à vous, et quand vous ne le serez plus, je vous oublierai.
Je vous aime, vous... parce que vous pensez où je pense, voulez où je veux, aimez où j'aime et qu'il y a entre nous deux cette merveilleuse harmonie.
Je vous aime, vous... parce que ça me fait plaisir.
Et vous, je vous ai aimé, vous seul, parce que je ne pouvais pas m'en empêcher malgré le mal que vous aimer m'a fait. Je vous ai aimé sans voir, sans savoir, sans vouloir, sans pouvoir...

Le site de la Société des sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne (SSHNY) :  http://sshny89.canalblog.com/

 

                                                                                                   JEAN