Sur son blog Vikash Dhorasso pousse l'analyse qui interpelle. Extraits.

"L’heure du bilan pour une équipe Black-Blanc-Beur aussi vantée qu’imaginaire. C’était donc le moment de montrer au monde entier qu’une bande de “banlieusards”, de “caillera”, de mecs du ghetto pouvait tout éclater en Afrique du Sud. Le problème, c’est qu’en dehors de la Coupe Du Monde, ces mecs là, on leur promet le kärcher et une répression sans pitié. Il n’y aurait pas un petit lézard ? Le foot français est un foot de ghetto, aussi clivé que le reste de la société. Les banlieusards sur le terrain, les énarques et les chefs d’entreprise aux commandes. Et les vaches sont bien gardées. Vous nous avez offert un spectacle pitoyable mais prévisible, tant le champ était miné. Votre échec pointe du doigt, de façon implacable, ce qu’est le foot d’aujourd’hui en France, c’est-à-dire un foot de quartier, de banlieue, abandonné aux petits caïds du coin et aux guerres de clans et de gang.

"Une fois de plus, nous sommes tous responsables. Les vedettes et stars de 20 ans que le système a engendré se retournent forcément un jour contre lui… et ce jour est enfin arrivé. Il fallait élever la voix et marquer le coup en frappant fort. Et c’est ce que vous avait fait espérant enfin reprendre le pouvoir face aux présidents, sponsors et agents de joueurs, ne serait-ce que quelques instants…

"Le foot, ce n’est que du foot, et rien d’autre. Oui, les joueurs de foot sont indispensables au football, mais tout le reste n’est indispensable qu’à l’économie du football. Ce n’est pas notre problème. Nous sommes “joueurs” de foot, et notre métier est de jouer au foot. Nous sommes formés pour jouer au foot et sommes, pour les meilleurs, payés pour divertir les Français. Il est vrai qu’en ce moment le divertissement est plutôt mauvais.

"Les footballeurs ne sont pas des professionnels de la représentation nationale. Ils n’ont aucune obligation à être des exemples pour les plus jeunes, ils n’ont aucune obligation à se battre pour l’honneur de la nation. Qui, du reste, pourrait l’être à cet âge - 20 ou 25 ans ? Ils sont issus de quartiers populaires, assez souvent désoeuvrés. On les sort de la réalité à 12-13 ans pour les mettre dans des centres de formation et les formater, à l’âge où un jeune normal vit encore chez ses parents, tous les soirs bordé par sa mère. Ils réapparaissent ainsi à l’âge adulte, complètement coupés du monde réel.

Pourquoi leur en demande-t-on autant ? Une société où le joueur de foot devient un exemple, un modèle pour les jeunes, n’est-elle pas une société en mauvaise santé ? Où sont donc passés les instituteurs, les politiques, les intellectuels, les résistants de tous ordres ?