"Je suis persuadé que la sécurité est un droit républicain fondamental. Pour le défendre, la Ville y a consacré et y consacre des moyens importants au service d'une énergie que personne ne peut démentir"(...).C'est ce que souligne le maire d'Auxerre dans un courrier transmis, jeudi, au préfet de l'Yonne, Pascal Lelarge, en référence aux actes de délinquance survenus dans le quartier Sainte-Geneviève, dans la nuit du 4 août.

"Pour autant, je ne voudrais pas que l’interprétation que vous donnez à ces faits, qui
sont l’oeuvre de quelques individus dont le comportement ne relève plus de
l’éducation ou de la prévention mais de la seule action répressive et pénale de la
police et de la justice, puisse conduire à stigmatiser toute la population d’un quartier
ou minimiser les efforts qui sont entrepris par la Ville, pour permettre à tous les
habitants de vivre en harmonie et en sécurité" ajoute Guy Férez.

S'il condamne fermement les tirs sur les deux policiers, Guy Ferez rappelle que ce n'est pas à l'Etat seul de décider de la mise en place de vidéosurveillance dans ce quartier.

Cette décision appartient à la municipalité précise le maire d’Auxerre.

Guy Ferez demande par ailleurs le rétablissement d'une police de proximité dans ce quartier.

A la suite d'une intervention dans le quartier Sainte-Geneviève d'Auxerre, des policiers de la BAC d'Auxerre alors qu'ils étaient à la recherche d'un homme qui dégradait des véhicules, ont été la cible de tirs dans la nuit 3 au 4 août. Cinq hommes ont été interpelés, mis en examen et écroués dans différents établissements pénitentiaires pour violence aggravée, incitation à l'émeute et outrage en réunion.

En réaction à ces incidents, le préfet de l'Yonne Pascal Lelarge avait déclaré : "Ce qui s'est passé est absolument inadmissible. On est dans un schéma criminel". "Il s'agissait d'un guet-apens où l'on a tiré sur des policiers", a poursuivi M. Lelarge.

 

LA LETTRE AU PREFET DU MAIRE GUY FEREZ

Auxerre, le 12 août 2010
Préfecture de l’Yonne
Monsieur Pascal LELARGE
Préfet de l’Yonne
Place de la Préfecture
89016 AUXERRE CEDEX

 

Monsieur le Préfet,

 

Après les actes de délinquance survenus dans le quartier Sainte-Geneviève, dans la
nuit du 4 août, je tenais, dans un premier temps, à partager votre indignation. De tels
actes sont absolument inexcusables et doivent être condamnés avec la plus grande
fermeté. J’ai par ailleurs écrit aux deux fonctionnaires de police victimes de ces tirs
pour les assurer de mon soutien. Je me félicite de la rapidité et de l’efficacité de la
justice et des fonctionnaires de police ainsi que de la collaboration entre les services
municipaux et ceux de l’Etat. Comme vous, je suis persuadé que la sécurité est un
droit républicain fondamental. Pour le défendre, la Ville y a consacré et y consacre
des moyens importants au service d’une énergie que personne ne peut démentir.

Pour autant, je ne voudrais pas que l’interprétation que vous donnez à ces faits, qui
sont l’oeuvre de quelques individus dont le comportement ne relève plus de
l’éducation ou de la prévention mais de la seule action répressive et pénale de la
police et de la justice, puisse conduire à stigmatiser toute la population d’un quartier
ou minimiser les efforts qui sont entrepris par la Ville, pour permettre à tous les
habitants de vivre en harmonie et en sécurité. Loin d’être une zone de non-droit, vous
conviendrez qu’en dehors des récents événements qui gardent un caractère
exceptionnel, ce quartier est calme, que l’immense majorité de ses habitants respecte
la loi et les règles qui permettent la vie en collectivité.
Ils me l’ont rappelé mardi soir, après une réunion de travail que j’ai tenue avec les
correspondants de nuit et une visite de l’ensemble du quartier Sainte-Geneviève,
accompagné du président de l’Office Auxerrois de l’Habitat.
J’ajoute que, lors des échanges que j’ai avec lui, le directeur départemental de la
sécurité publique se félicite de l’action de médiation des correspondants de nuit, dont
les missions ont vocation à réguler les conflits de la vie quotidienne et de rassurer
nos concitoyens. L’Etat participe, d’ailleurs, au financement du dispositif, preuve de
l’intérêt qu’il y porte.

Cependant, face aux actes délictueux ou aux incivilités, j’ai toujours encouragé les
agents de la Ville à porter plainte pour que les auteurs des délits soient poursuivis et
condamnés. Je tiens à votre disposition les statistiques précises qui attestent de ma
volonté : en 2009, 28 plaintes ont été déposées et déjà 20 en 2010 pour outrages,
vols, violences sur personne chargée d’une mission de service public, dégradations
diverses. A ce total, il convient d’ajouter les plaintes ( plus de 60 en 2009) déposées
par l’OAH. Je pense que ces chiffres placent la Ville au-dessus de toute accusation
de laxisme, et j’y veille personnellement. Je n’accepterai jamais, d’ailleurs, que la
Ville soit mise en cause sans raison.

Je vous rappelle qu’en collaboration avec les services de l’Etat, la Ville d’Auxerre a
investi plus de 120 000 € dans un local dédié à la présence de policiers dans les
quartiers de Sainte-Geneviève et de Rive Droite. La Ville paye toujours le loyer du
local Sainte-Geneviève qui n’accueille plus que des permanences, alors que le local
situé Rive Droite a dû être fermé, faute d’effectifs suffisants de policiers nationaux.
Je reste persuadé que la proximité et la présence des policiers, au plus près des
habitants, est une solution qui mérite d’être encouragée.
Je vous propose donc que nous réfléchissions dès maintenant à la mise en place
d’une unité territoriale de quartier, version nouvelle de la police de proximité, solution
susceptible d’assurer une présence policière efficace dans nos quartiers et qui,
semble-t-il, rencontre la volonté du Ministre de l’Intérieur.

Vous le savez, la Ville a fait de la rénovation de ses quartiers une priorité majeure.
Avec l’aide de nombreux partenaires financiers (O.A.H, Communauté de l’Auxerrois,
Département, Région, ANRU, Etat et Europe), elle a investi pour changer
durablement les conditions de vie des habitants, sur le plan urbain ainsi que par le
développement et la présence diversifiée de services à la population municipaux,
depuis près de dix ans.
Nous sommes tous persuadés qu’il s’agit là d’une chance qui ne manquera pas
d’avoir des répercussions bénéfiques sur la vie de ces quartiers.
Le quartier des Rosoirs, dont une partie de la population connaît de sérieuses
difficultés socio-économiques, a été écarté de ce plan de rénovation, malgré moi. Je
suis persuadé qu’au-delà d’une politique de répression et de présence policière,
ce quartier mérite d’être lui aussi rénové.
C’est pourquoi, si l’Etat accompagne nos partenaires, je suis prêt à proposer au
conseil municipal d’engager la Ville aux côtés de l’Office Auxerrois de l’Habitat. La
participation de l’Etat au financement du dispositif n’a d’ailleurs jamais été mise en
cause depuis sa création.

Sur la vidéoprotection, vous n’ignorez pas que j’ai décidé d’engager la Ville dans le
déploiement progressif d’un tel dispositif et je n’ai pas à agir sous la contrainte de
l’Etat. Je dis oui à la vidéoprotection, mais comme un élément parmi d’autres dans
une politique générale en faveur de la sécurité urbaine. N’en déplaise au Ministre de
l’Intérieur et à sa prétention de compenser la diminution des effectifs de policiers et
de gendarmes par la technique, elle ne saurait, sur la voie publique, se substituer à la
surveillance humaine.

Enfin, vous me permettrez de souligner combien, dans un contexte présent où la
passion et les préférences partisanes l’emportent trop souvent sur la raison quand il
s’agit de sécurité publique, il revient aux responsables publics que nous sommes,
engagés dans l’action quotidienne en faveur de cette sécurité, de donner l’exemple.
Celui d’une action qui privilégie la coopération entre l’Etat et la Ville, davantage que la
désignation d’un bouc émissaire, qui est le contraire de ce qu’il convient de faire.
Pour ma part, je m’y tiens et refuserai toujours de me placer dans un registre
polémique. Plus qu’à l’agitation, je crois à la hauteur de vue et à la sérénité dans un
souci constant d’efficacité.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma haute
considération.

Guy FEREZ