La lettre de Guillaume Larrivé

Auxerre, le 12 août 2010

Monsieur le Maire, 

Alors que le quartier de Sainte-Geneviève a été le théâtre de très graves actes de délinquance et que des policiers ont été victimes d’un tir à balle réelle, vous avez cru pouvoir vous interroger, dans les colonnes de L’Yonne républicaine, en ces termes : « y a-t-il pu avoir une forme de réaction face au discours sécuritaire de Nicolas Sarkozy ? Peut-être. »

Permettez-moi de m’élever contre de telles insinuations, dont le caractère tristement politicien me navre. Je ne comprends pas que vous puissiez envisager d’expliquer ainsi un acte criminel, au risque d’excuser l’inexcusable.

Je crois profondément, pour ma part, qu’Auxerre a besoin d’unité et de responsabilité. Vous choisissez de diviser et de fuir vos responsabilités. 

Oui, Auxerre a besoin d’unité. Dans leur immense majorité, les habitants de notre ville, qu’ils résident au sein du quartier Sainte-Geneviève ou ailleurs, n’aspirent qu’à la tranquillité. Ils tiennent à préserver un équilibre serein. Ils ont droit à ce que tous les responsables publics – police nationale, autorité judiciaire, municipalité – fassent l’effort de lutter concrètement, avec la plus grande énergie, contre les voyous qui ne respectent pas les lois de notre République. La meilleure des préventions, c’est la certitude de la sanction.

Oui, Auxerre a besoin que chacun assume ses responsabilités.

Je vous le dis en tant qu’élu appartenant à la majorité nationale, qui soutient l’action engagée sous l’autorité du Président du République : le gouvernement exerce les responsabilités qui sont les siennes. Vous répétez pourtant une rengaine, qui consiste à critiquer toujours et encore les responsables nationaux, en leur faisant le procès d’un supposé « désengagement ».

Je vous rappelle que les effectifs des policiers de la sécurité publique intervenant aujourd’hui à Auxerre sont bien plus importants qu’ils ne l’étaient à l’époque de MM. Jospin et Vaillant : 116 policiers fin 2001, contre 133 en 2010, soit une augmentation de 14%. Depuis 2002, vos amis socialistes et communistes, au Parlement, ont systématiquement voté contre les mesures budgétaires et législatives permettant de renforcer la présence policière nationale sur le terrain. Est-ce à dire que vous souhaiteriez revenir à la situation de 2001 ?

J’approuve pleinement, de même, le choix d’en finir avec ce que M. Vaillant avait appelé la « police de proximité » et qui se limitait en réalité, à Auxerre, à la présence ponctuelle statique et sans valeur ajoutée, derrière un bureau, d’un fonctionnaire dans un local de Sainte-Geneviève ou de la rive droite. Ce n’est pas ce qu’attendent les habitants d’Auxerre. Je suis convaincu, contrairement à vous, que la police nationale doit être une police d’ordre public et d’investigation, disposant de moyens technologiques et matériels adaptés. C’est pourquoi j’ai personnellement obtenu du ministre de l’intérieur la mobilisation de 6 millions d’euros pour moderniser le commissariat d’Auxerre et améliorer ainsi le cadre d’action opérationnelle des policiers nationaux servant au sein de notre ville.

Faut-il vous rappeler une nouvelle fois, aussi, que le gouvernement a débloqué un budget conséquent pour aider les communes à s’équiper en caméras de vidéoprotection ? Faut-il vous rappeler qu’une subvention de 150 000 euros vous a été proposée il y a un an pour équiper Auxerre ? Le conseil municipal n’a toujours pas été saisi d’un plan de déploiement de caméras. Vos atermoiements ont fait perdre du temps à notre ville quand d’autres maires de toute sensibilité politique ont fait, eux, le choix de l’efficacité. Dois-je vous rappeler que, depuis le 1er janvier, le concours financier de l’Etat a été apporté à 659 projets, permettant l’installation de 7 314 caméras ? Pendant ce temps, les Auxerrois ne bénéficient toujours pas, malheureusement, de la tranquillité apportée par les caméras de vidéoprotection.

Je vous rappelle enfin que vous avez des responsabilités propres, en tant que maire, pour participer activement à la prévention et à la lutte contre la délinquance. Je vous avais fait des propositions dès le conseil municipal d’avril 2008, au nom du groupe « Auxerre Ensemble ».

Il vous appartient de mobiliser la police municipale et de l’équiper des moyens les plus modernes, en faisant des choix à cette fin. Si vous saviez la diriger, la police municipale pourrait devenir une véritable « police de proximité » (que vous semblez souhaiter par ailleurs), c’est-à-dire une police de contact et d’ilotage, patrouillant au sein de la population et alertant, quand c’est nécessaire, les policiers nationaux.

Il vous appartient de veiller à ce que chacun des « correspondants de nuit » remplisse efficacement ses missions. 

Il vous appartient, aussi, d’assurer un vrai suivi des familles en difficulté pour éviter que des mineurs ne tombent dans la délinquance. Quel travail avez-vous accompli pour lutter contre l’absentéisme scolaire ? Combien de « rappels à l’ordre » avez-vous effectués à l’endroit de mineurs commettant des incivilités ? Combien de fois avez-vous alerté le juge des enfants pour demander la mise sous tutelle des allocations familiales d’une famille qui n’est pas en situation de les gérer elle-même ? Avez-vous créé le « conseil des droits et des devoirs des familles » qui permet de coordonner, sous la présidence du maire, les acteurs de l’accompagnement parental ? La loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance vous en donne le pouvoir mais vous refusez de l’appliquer. 

Les Auxerrois ont droit à la tranquillité. Vous avez le devoir d’y prendre votre part, toute votre part.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

 

 

Guillaume Larrivé