Après une visite dans les Hautes-Alpes pour évoquer l'agriculture de montagne et déclarer la chasse aux loups, Sarkozy va poser son hélicoptère dans le Morvan, jeudi prochain, histoire de mieux appréhender la désertification rurale, conséquence palpable de sa politique de déménagement du territoire. Vézelay et sa colline éternelle : un site incontournable pour la nouvelle croisade du président de la République qui s'est donné pour objectif de visiter tous les départements qui n'ont pas reçu la visite d'un chef d'état français depuis une paire d'année. En voilà un joli programme électoral !

 Dans le Morvan, comme dans les Alpes, Sarko a au moins l'assurance de pouvoir prêcher dans le désert. En toute quiétude, puisqu'il y aura plus de forces de l'ordre pour l'accueillir que d'élus locaux pour l'écouter. Pour autant, il devrait être question de politique territoriale et de développement touristique lors d'une table ronde organisée dans le flambant neuf gymnase de Montillot, inauguré deux semaines plus tôt par la populaire Rama Yade, pour quelques semaines encore secrétaire d'Etat aux Sports. Il faut bien motiver un déplacement présidentiel qui n'a pas d'autre but que de découvrir Vézelay aux frais du contribuable. Un déplacement qui s'organise dans la plus grande discrétion (pas le moindre écho dans la presse locale) dans les bureaux du préfet de l'Yonne, en liaison étroite avec l'Elysée. L'équipe de reconnaissance aurait d'ailleurs validé un atterrissage en hélicoptère sur le terrain de foot de Montillot. Sabine Beauvie, maire de cette petite commune du Vézelien, n'en revient pas. La voici à nouveau sous les feux des projecteurs, bien malgré elle.

Il reste que la venue de Nicolas Sarkozy dans l'Yonne confirme l'intérêt des plus hautes instances de l'Etat pour le département. François Fillon, le Premier ministre, mais aussi Luc Chatel, Rama Yade, Brice Hortefeux, et en d'autres temps Roselyne Bachelot, Rachida Dati, Novelli, Darcos, Devedjian, j'en passe et des meilleurs, sont venus prendre le pouls du département cher à leur collégue Henri de Raincourt. Comme si la famille ne voulait pas le laisser seul au chevet d'un grand malade. Car l'Yonne, version Jean-Marie Rolland, n'a plus ni argent, ni projet, ni avenir. Pas étonnant que ses "amis" politiques du conseil général commencent à prendre leurs distances avant les prochaines cantonales. Pour ne pas avoir à partager un bilan désastreux ? Sarko - Rolland, même combat : reconquérir l'opinion. Un sacré chemin de croix en perspective !

° Gérard Delorme est journaliste. Ancien rédacteur en chef à l'Yonne républicaine, il est aujourd'hui élu au conseil muniicpal d'Avallon où il est adjoint au maire socialiste Jean-Yves Caullet