Il a profité d'une table ronde à Montillot, village bourguignon de 280 habitants, pour cajoler l'électorat de droite - agriculteurs, restaurateurs et catholiques -, mais aussi les automobilistes, les contribuables et les forces de l'ordre.

Aux agriculteurs, il a promis un effort "massif" dans le numérique et une réflexion sur la présence des services publics dans les zones rurales souffrant de la désertification.

Nicolas Sarkozy a également saisi cette occasion pour faire passer des messages sur les thèmes d'actualité du moment.

A deux jours d'une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites, il a ainsi de nouveau défendu le recul de l'âge légal de cessation d'activité à 62 ans.

"Qui peut croire qu'un pays où les gens ont gagné quinze ans d'espérance de vie depuis 1950 peut se permettre ne pas travailler deux ans de plus ?" a-t-il déclaré.

Il a assuré que la réforme en cours d'examen au Parlement permettrait non seulement d'équilibrer le régime de retraite par répartition mais également de le rendre bénéficiaire en 2018.

En plein débat sur la réduction des déficits publics, il a promis de maintenir la TVA à 5,5% dans la restauration - mesure de plus en plus contestée en raison du manque à gagner qu'elle représente pour l'Etat, près de trois milliards d'euros par an - pour un gain douteux, notamment en termes d'emploi.

Il a en revanche brocardé l'"inflation" des recrutements par les conseils régionaux, presque tous tenus par la gauche.

"Depuis trois ans je n'ai transféré aucune compétence aux régions. Dans le même temps il y a 30.000 postes de fonctionnaires de plus créés chaque année", a-t-il dit. "Ces fonctionnaires, qui les payent ? C'est vous, avec les impôts."

SARKOZY CAJOLE L'ÉLECTORAT CATHOLIQUE

Lors d'une visite à la brigade de gendarmerie de Vézelay, la ville voisine, l'ancien ministre de l'Intérieur a entonné son thème de prédilection, la sécurité, relancé avec vigueur fin juillet dans un discours prononcé à Grenoble et très contesté par l'opposition de gauche.

Il avait alors notamment souhaité que les criminels d'origine étrangère coupables d'atteinte à la vie de policiers, gendarmes ou représentants de l'autorité puissent être déchus de la nationalité française - disposition adoptée jeudi dans le projet de loi sur l'immigration en cours d'examen au Parlement.

Il avait également annoncé l'évacuation de tous les camps illégaux de gens du voyage, notamment de Roms.

"Sachez qu'on appliquera Grenoble dans son intégralité", a-t-il dit aux gendarmes de Vézelay. "Nous sommes accueillants pour tout le monde. Mais quand on est en situation illégale, on n'a pas vocation à rester. Et quand on est sur le territoire de la République française, on respecte la loi, qui que l'on soit. Et c'est un message qui doit être entendu (...) Ce ne sont pas des mots en l'air.

A quelques jours d'une rencontre avec le pape Benoît XVI au Vatican, Nicolas Sarkozy s'est aussi efforcé de cajoler un électorat catholique modéré indisposé par son discours sécuritaire et l'expulsion de Roms.

Il ainsi repris son leitmotiv sur "l'héritage chrétien de la France", avant de visiter la basilique de Vézelay, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

"C'est une affaire qui n'est pas simplement une affaire de tourisme. C'est une affaire d'identité nationale", a-t-il dit. "Quand on regarde le long manteau des églises, des basiliques et des cathédrales sur notre territoire, on voit bien l'influence de l'héritage chrétien dans l'histoire de France."

Il a promis l'aide de l'Etat pour entretenir la basilique de Vézelay et mettre en valeur cette bourgade médiévale.

Il s'est enfin efforcé de ménager opposants et partisans d'un assouplissement du permis à points, en affirmant qu'il n'accepterait jamais "un message de laxisme s'agissant de la lutte contre la violence routière" - allusion à un amendement sénatorial - sans exclure des "aménagements".

(Reuters, DR)