Ils étaient tous rassemblés à 14 heures en haut des marches du Palais de Justice d'Auxerre : magistrats du siège et du parquet, fonctionnaires du tribunal, greffiers, agents administratifs, une partie du barreau des avocats d'Auxerre et des représentants des services de protection judiciaire de l'enfance.

La manifestation a duré un quart d'heure. Puis tout le monde est reparti travailler.

 

"Ce rassemblement n'est pas politique : respectueux de la séparation des pouvoirs, les magistrats appliquent la loi et ne sont pas là pour la dicter au législateur.

Issus de toutes les classes sociales, les magistrats ne sont pas coupés de la réalité : citoyens, ils sont par leurs fonctions même au coeur de la société. ils sont confrontés chaque jour à des situations humaines difficiles et parfois dramatiques.

Malgré les attaques dont la magistrature a été l'objet par le passé, nous avons toujours refusé la polémique, privilégiant notre travail : derrière chaque dossier, il y a des individus qui attendent des décisions de notre part.

La mort de la jeune Laetitia, dans des circonstances monstrueuses, a provoqué dans la Nation, une émotion considérable que nous avons bien évidemment, nous aussi, ressentie.

En revanche, l'exploitation politicienne qui a été faite de ce drame est choquante. Au moment où les Français devraient être unis, on a voulu l'opinion publique contre sa Justice.

Des accusations graves ont été formulées à l'encontre des magistrats et des auxiliares de justice avant mêm le résultat des enquêtes administratives.

Il n'est pas quastion de prétendre à une quelconque irresponsabilité. Bien au contraire, être magistrat, c'est être responsable.

Mais nous demandons à l'Etat de nous donner les moyens humains et matériels d'assumer pleinement ces responsabilités. Or, aujourd'hui, ce manque criant de moyens met en danger le service public de la Justice.

A Auxerre, si le nombre de magistrats est acceptable, nous déplorons l'état catastrophique du greffe et la réduction constante des budgets de la juridication. Jusqu'isi, seul le dévouement des personnels a permis de pallier l'insuffisance des moyens. L'absence de perspectives d'amélioration provoque un désespoir généralisé.

Si les justiciables n'en on peut-être pas pleinement conscience, nos partenaires - avocats, policiers et gendarmes, éducateurs de la PJJ, conseillers du SPIP et de l'ADAVARIS - le vivent au quotidien.

A Auxerre comme ailleurs, nous ne sommes pas à l'abri d'un dysfonctionnement qui pourrait être dramatique.

Nous voulons être compris et respectés, non pas pour nous-mêmes, mais pour le service public de la Justice dont nous sommes l'un des acteurs.

Si le risque zéro n'existe pas, s'il y aura toujours des crimes odieux, s'il n'est pas possible de prévenir systématiquement la récidive, qu'on nous donne au moins les moyens de tendre vers cet idéal."