Au matin de la journée nationale d'action des magistrats, qui protestent contre la mise en cause de la justice et de la police par Nicolas Sarkozy dans l'affaire Laetitia, le Nouvel Obs.com publie ce jeudi un témoignage à charge exceptionnel contre la politique du gouvernement en matière judiciaire - un témoignage post-mortem : des extraits de la lettre de Philippe Tran Van, 45 ans, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pontoise, dans laquelle il expliquait les raisons de son suicide le 16 septembre 2010.

"J'ai tout donné à la justice et à la magistrature", écrivait-il. "On dit que je suis incompétent pour gérer mon cabinet alors qu'avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de faire face à la charge de travail", poursuivait le magistrat.

En novembre 2010, les magistrats réunis en congrès à Rennes s'étaient inquiétés d'une augmentation du nombre de suicides depuis le début de l'année dans la profession, signe selon eux d'une "souffrance" accrue au travail. Lors de ce congrès, le président de l'Union syndicale des magistrats, Christophe Régnard avait souligné que "quand la désespérance est profonde, elle conduit parfois à des extrémités terribles". Selon les membres du bureau du congrès, il y a eu "au moins quatre ou cinq (suicides) depuis début 2010". C'est au moins le double de ce dont ils avaient eu connaissance les années précédentes.

L'actuel mouvement de révolte des magistrats, qui n'a cessé de monter en puissance depuis jeudi dernier, atteint une ampleur inégalée : presque tous les tribunaux et cours d'appel, soit 170 sur 195, ont voté un renvoi des audiences non urgentes, selon l'Union syndicale des magistrats. Ce jeudi, la manifestation nationale prévue à Nantes, foyer de la révolte, devrait rassembler, au-delà des magistrats, les travailleurs et surveillants pénitentiaires, les avocats et même des policiers. Dans le même temps, des rassemblements se tiendront devant les palais de justice de toutes les régions de France.

Maître Eolas publie sur son blog l'argumentaire de l'Elysée

"Des argumentaires distribués aux élus de la majorité pour qu’ils puissent les réciter, le sourcil froncé et l’index tendus vers la caméra, comme s’ils maitrisaient le sujet", écrit l'avocat qui ensuite les taillent en pièce, débusquant les "mensonges" de l'Elysée.

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