"Dans l'Yonne, 48% des médecins vont prendre leur retraite en 2018. Dans 7 ans, le département aura perdu la moitié de ses médecins libéraux", prévient Daniel Buron, représentant de l'ordre des médecins. Conséquence : le département, confronté à un désert médical, essaie, aujourd'hui, de recruter des praticiens étrangers pour soigner sa population vieillissante.

Sur les 120 médecins qui exercent à temps plein à l’hôpital d’Auxerre, la moitié ont été recrutés à l'étranger : en Algérie, au Maroc, au Liban, en Roumanie, etc.
C'est le cas du docteur Farid Saïdani, qui a obtenu son diplôme en Algérie. Cet ancien généraliste a dû passer deux concours et obtenir une spécialité pour pouvoir exercer en France. Il n'a pas oublié les difficultés rencontrées : "Il m'a fallu 8 ans pour faire reconnaître mes diplômes et devenir titulaire", témoigne-t-il.

Poitique malthusienne

De nombreuses voix dénoncent, aujourd'hui, le choix gouvernemental qui a mené à cette pénurie. En 1972, un "numerus clausus" est instauré : il fixe le nombre d’étudiants en médecine qui sont formés chaque année en France.

Ce sont les médecins eux-mêmes qui, en 1978, demandent qu'on forme moins de docteurs. A l'époque, ils craignent d'être trop nombreux sur le marché et de ne pouvoir gagner correctement leur vie. Le gouvernement s'empresse de leur donner satisfaction, car il espère combler les déficits de l’assurance maladie en réduisant le nombre de médecins.

Cette décision n’a eu aucun effet sur la réduction des dépenses de santé. En revanche, elle a abouti à un manque criant de praticiens.

 Tentatives de remèdes dans l'Aube