En terme de « dramaturgie » on peut considérer que les quelques jours passés, avant, pendant et après ces « petites » cantonales ont été riches. Avec des variantes d’une semaine à l’autre, résultats obligent. Nous avons eu en premier lieu l’énorme cacophonie du Front Républicain pour s’opposer à un autre Front, le Bleu Marine.

Cette semaine après les résultats, nous passons à la dramaturgie « UMP, c’est fini », « si on changeait de cheval … », « courage Fillon », ne « Copé pas … » etc. Un vrai délice pour Yves Calvi, C/Dans l’air, C/Politique et autres chroniqueurs dont votre serviteur. Il est vrai que le brouhaha est assourdissant quand on y ajoute quotidiennement des sondages éliminant Sarkozy d’un second tour en 2012. Cocasse retour des choses pour celui qui maniait avec dextérité le même type d’enquêtes en 1994 pour expliquer à tout le monde que Chirac devait renoncer à se présenter à la présidentielle : Balladur l’emportant dans tous les cas de figure. On connaît la suite !

C’est pourtant dans ces moments de tension médiatique, de faiblesse dénoncée d’un pouvoir hésitant, que les esprits forts se dégagent, que les pusillanimes se dévoilent, que les faiblards s’emploient à apparaître comme des héros. C’est humain, normal, il faut aux uns et aux autres s’employer à retrouver des bases solides, des références susceptibles d’être utilisées pour retrouver qui un siège, qui une présidence d’assemblée ou autre … En clair pour conserver un « pouvoir » confié par le peuple mais très facilement révocable. Ici réside la force et la fragilité de la démocratie.

Au niveau local, les mêmes ambitions légitimes, les mêmes trahisons mesquines, les mêmes conflits de personnes et de personnalité se font jour en particulier dans ce « troisième tour » des cantonales avec l’élection des Présidents de Conseil Généraux là où une certaine faiblesse a pu se manifester, là où des transmissions ont sans doute été mal préparées ou trop rapidement provoquées par la règle du non cumul des mandats.

Rolland est certes un peu rude et franc du collier...

C’est le cas dans l’Yonne.

Jean-Marie Rolland, héritant du fauteuil de Président laissé vacant par Henri de Raincourt aspiré par un destin national, n’a manifestement pas convaincu.

L’homme est sans doute un peu rude, franc du collier comme on dirait chez moi, peu enclin à la démagogie et sans doute un peu abrupt pour les petits vassaux locaux. Il n’en a fallu pas plus pour ourdir un scénario de remplacement, même si ce dernier s’avèrerait suicidaire pour la majorité UMP-Nouveau Centre à terme.

Jean-Yves Collet (PS) l’a très bien compris lui, qui, nouvel élu d’Avallon ayant défait Hubert Germain (droite) s’emploie au ménage dans son ancienne circonscription qu’il compte bien reconquérir. Ainsi rien n’empêche les affolés sur le reculoir d’aggraver la situation. Ils pensent se sauver en changeant de monture, or c’est un leurre qui fonctionne à tous les coups... Il aura ici comme ailleurs des conséquences similaires, mais c’est le « jeu » de la démocratie, la règle de toutes les alternances.

Ainsi, un regard superficiel pourrait n’enregistrer que les aspects superficiels de la politique, les luttes en apparence inutiles et vaines, les bouffonneries ou la dramaturgie.

Ces aspects, s’ils existent bien, ne doivent pas masquer un autre  regard plus profond. La politique telle qu’elle s’exerce avec ses défauts et ses apparences parfois rebutantes n’est en fait que la rançon de l’exigence démocratique.

Il faut en convenir, cette démocratie qui suppose la nécessité de convaincre l’électeur, emploie parfois des chemins détestables mais une formule différente et satisfaisante de la gestion du collectif reste à inventer.

Ainsi, la démagogie, le populisme, l’utilisation du « sensationnel » de l’émotif sont inhérents à l’exercice. Une condition doit permettre l’amélioration permanente du « système » : l’éducation au sens des données disponibles pour le plus grand nombre lui permettant de se faire juge.

La qualité de l’information délivrée fait aussi partie de cette éducation.

                                                                                                             Retif