On ne saura jamais s’il a commis une bévue ou au contraire suivi une habile tactique, mais les propos du candidat Nicolas Hulot lors d’un dîner avec des journalistes et immédiatement rapportés, ne peuvent laisser indifférents. Ils sont mêmes d’une très grande importance par les réactions qu’ils suscitent et les sous-entendus que véhiculent les éructations souvent véhémentes.
"Honnêtement... J'ai pensé pendant un court temps faire un tandem avec lui (ndlr : Jean-Louis Borloo). Mais ce n'était pas envisageable, car je suis obligé de tenir compte de la culture d'Europe-Écologie/Les Verts. A ce stade, il est moins envisageable d'être avec lui que de faire un partenariat avec les socialistes. Mais on est à dix, onze mois de la présidentielle..."

Il y a en effet beaucoup dans ces quelques mots considérés comme « catastrophiques » par les proches de Hulot dans la perspective de la primaire chez les écolos. Il y a la reconnaissance d’une sensibilité environnementale à droite ou au centre et chez Borloo en particulier. Il y a la description de la pathologie d’Europe-Écologie-les Verts, incapables d’envisager d’autres alliances qu’à gauche même si d’autres formations pensaient également « environnement » On comprend ainsi mieux que les questions environnementales ne sont finalement que des « cache-sexes » destinées à capter un électorat au profit d’idéologies parfois refusées par l’électeur préoccupé d'environnement et de bonne foi. Enfin ces quelques mots de Nicolas Hulot laissent entrevoir que la route est longue et que des alliances aujourd’hui impossibles pourraient demain connaître un succès plus grand.
Éva Joly ne manque bien sûr pas l’occasion de « bordurer » l’adversaire, animateur télé : "Dans une campagne, il faut savoir distinguer ses alliés de ses adversaires. Jean-Louis Borloo voulait devenir le premier ministre de Sarkozy même après le discours de Grenoble. C’est le meilleur élève de Sarkozy". L’eurodéputée martèle que l’écologie de combat c’est elle, à Hulot celle de la pédagogie. "Il y a ceux qui pensent qu’il suffit de faire de la pédagogie pour changer le monde et ceux qui pensent que c’est un combat".
Les déclarations de Nicolas Hulot surviennent en pleine "grand messe" de La Rochelle : un congrès marqué par l’absence de Daniel Cohn-Bendit, plus assourdissante qu’une présence. DCB dénonce un climat « d’unité trop hypocrite » Pour lui, La Rochelle n'est qu'un "20e congrès des Verts, avec des queues pour voter comme dans la Pologne des années 1970!" Il dénonce le « cadenas » imposé par les Verts pour conserver la main mise sur une organisation qui devrait pour lui, innover et s’ouvrir.

Cécile Duflot réélue dès le premier tour secrétaire nationale récolte effectivement des scores "soviétiques" ou dignes du RPR des belles années ! En ce sens Nicolas Hulot, avec une autre formulation, sans doute moins directe, ne dit pas autre chose que ce qu'affirme Daniel Cohn Bendit.
Pourtant, nous connaissons tous de nombreux jeunes en particulier très attirés par les discours prenant en compte les défis environnementaux mais qui refusent énergiquement de les accoler à des idéologies politiques qu’ils estiment ringardes, dépassées. Ils peuvent même être plutôt apparentés à la "droite" quand ils discutent d'autres questions ...  Mais si ça existe ! Il n’est pas question ici de débattre s’ils ont raison ou tort, mais c’est un fait et tout le monde sait que des élections se gagnent à "la marge". Les vieilles barbes chez les Verts n'en ont cure; ils feraient bien pourtant d’en prendre conscience à moins qu’ils souhaitent simplement demeurer bien cloîtrés dans leurs petites chapelles. C’est en fait sans doute le cas, "le Vert" a peur du grand large : au diable l’environnement "pourvu que l’on puisse prier entre nous" et ...  seulement entre nous ...

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