L’insecticide est autorisé pour la première fois pour cette culture. Déjà utilisé en France pour traiter le maïs, le Cruiser va désormais être répandu sur les semences de colza. Le ministère de l’agriculture a en effet autorisé d’étendre l’autorisation de ce pesticide, fabriqué par la firme suisse Syngenta, malgré le désaccord des apiculteurs.

Les apiculteurs l’accusent d’être responsable de la mort de leurs abeilles. Le conseil d’Etat s’est déclaré incompétent pour juger un recours déposé par des associations pour faire interdire sa mise sur le marché. D’autre recours sont envisagé, mais elles ne devraient pas aboutir avant plusieurs mois.

L’Union nationale de l’Apiculture française (Unaf) estime qu’il s’agit là « d’un nouveau coup porté à nos abeilles » car « son autorisation sur le colza, plante très visitée par les hyménoptères, est gravissime pour l’avenir du cheptel apicole français ». Selon l’Unaf, l’insecticide thiaméthoxam présent dans le Cruiser serait à l’origine de cas avérés d’intoxication d’abeilles.

La surmortalité des abeilles, déjà pointée du doigt à de multiples reprises, ne semble pas inquiéter le gouvernement qui s’appuie sur une rapport de l’Agence nationale sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Ce rapport explique que les pesticides n’ont aucune incidence sur le comportement des abeilles et leur développement. Pour l’Anses, l’exposition des abeilles au colza traité par Cruiser au moment de la floraison n’a pas d’impact sur leur survie et sur la bonne santé des colonies.

Face à ces arguments, l’Unaf signale tout de même une chose intéressante : « Les abeilles disparaissent moins dans les villes que dans les champs. » En ville règne la pollution, pas les pesticides… 

Les apiculteurs français sont d’ailleurs inquiets de la montée en puissance du marché chinois. La Chine est devenue ces dernières années le premier pays exportateur de miel (83 000 tonnes). On retrouve ensuite l’Argentine (62 000 tonnes), le Mexique (24 000 tonnes), le Canada (10 000 tonnes) et la France (3 500 tonnes).



 Les Régions dénoncent l’autorisation accordée par le ministère de l’Agriculture

Mercredi 22 juin 2011, l’Association des Régions de France (ARF) a dénoncé l’autorisation de mise sur le marché (AMM) accordée par le ministère de l’Agriculture à un nouvel insecticide Cruiser de Syngenta, baptisé "OSR" et utilisé pour le traitement des semences de colza.

"Alors que le taux de mortalité des abeilles est estimé à 30% par an par le Centre national de développement apicole, le ministère de l’Agriculture […] vient de renouveler l’autorisation du Cruiser pour l’année 2011", déplore l’ARF qui juge que "cette décision expose la filière apicole et l’ensemble des pollinisateurs à un grand risque."

Ministre de l’agriculture ou de la chimie ?

Un communiqué du syndicat agricole la Confédération paysanne :

Le Ministre de l’agriculture Bruno Le Maire vient d’autoriser l’usage sur colza d’un pesticide mélange de l’insecticide systémique thiamétoxam (Cruiser) et de deux fongicides. La culture du colza, plante présentant un grand intérêt apicole, avait jusqu’à présent échappé aux traitements par insecticides néonicotiniques. Les pollens et nectars de colza abondamment récoltés par les abeilles en début de saison, seront donc contaminés et viendront augmenter l’intoxication chronique des ruches.
Avec cette nouvelle autorisation, Syngenta a donc la possibilité, et l’avantage financier, de répandre son insecticide thiamétoxam sur maïs, betteraves, pois, colza et de très nombreux légumes. L’ANSES a donné deux avis favorables pour l’utilisation d’un insecticide de la même famille, la clothianidine de Bayer, pour le traitement des semences de betteraves, blé et orges, venant s’ajouter aux usages pour maïs et pommier.
Toujours de la même famille d’insecticides, l’imidaclopride de Bayer est autorisé pour céréales, betteraves, fruitiers et forêts. Tous ces produits sont extrêmement toxiques pour l’abeille, ils sont systémiques et contaminent donc le pollen et le nectar, de plus ils persistent plusieurs années dans les sols et contaminent les cultures suivantes. Une part importante du territoire français est ainsi contaminée par ces produits.
Entre la chimie et l’abeille le ministre a choisi.
La Confédération paysanne dénonce le comportement du Ministre de l’agriculture qui, d’une part se déclare soucieux de la disparition des abeilles et engage des fonds publics pour y remédier, et d’autre part autorise la généralisation de pesticides grandement responsables de cette situation.
La Confédération paysanne demande à Bruno Le Maire d’agir comme son collègue italien qui a suspendu l’utilisation de l’imidaclopride, du thiamétoxam, de la clothianidine et du fipronil, et qui constate qu’après trois ans de suspension la mortalité des ruches est passée de 37 % à 14 %.
De plus, des études ont montré qu’en l’absence de ces traitements insecticides, le rendement des cultures de maïs ne diminuait pas.
La Confédération paysanne rappelle qu’une autre agriculture est non seulement possible, mais nécessaire pour répondre aux exigences de santé et d’environnement, Ecophyto 2018 devait inciter au changement, mais la généralisation de ces insecticides y est totalement opposée.
La Confédération paysanne constate et dénonce une grande divergence entre le discours et les actes.

Confédération Paysanne 104 rue Robespierre - 93170 Bagnolet

Tél. 01 43 62 04 04 - Fax. 01 43 62 80 03

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Pesticides et produits chimiques : les Français sont les plus contaminés

Les Français ont plus de pesticides et de PCB dans le sang que les Américains et les Allemands. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Institut national de veille sanitaire (InVS). Les concentrations biologiques de différents polluants – métaux, pesticides et PCB – ont été mesurés sur un échantillon de près de 5.000 personnes représentatif de la population. L’étude révèle que 90% de la population est contaminée par les organophosphorés, des pesticides utilisés en milieu agricole depuis les années 1970. Peu connus et pourtant largement répandus, les pyréthrinoïdes ont également été retrouvés à des taux élevés dans l’organisme des Français. Ces insecticides synthétiques sont largement utilisés dans l’agriculture, l’horticulture mais aussi comme insecticide d’intérieur ou pour la protection des textiles.

Les niveaux de PCB observés dans les organismes des Français demeurent très élevés. Utilisés comme isolants dans l’industrie jusqu’en 1987, les PCB se sont accumulés dans les sols et les eaux, et se retrouvent aujourd’hui tout au long de la chaîne alimentaire. Pour l’association Générations Futures, cette étude démontre « une contamination généralisée des organismes des Français par des produits dont beaucoup sont des cancérigènes suspectés et/ou des perturbateurs endocriniens ». L’association demande aux pouvoirs publics de « tout mettre en œuvre pour réduire de manière importante l’utilisation de pesticides en France ». Elle exige en particulier le bannissement de l’incinération des déchets, source importante de pollution par les PCB.

Sophie Chapelle

(17 mars 2011)

L’intégralité de l’étude de l’InVS est en ligne ici.