Il convient en tout premier lieu de reconnaître l’audace en la matière du PS qui propose ainsi aux citoyens volontaires de déterminer par un vote démocratique quel sera le candidat finalement proposé aux français. On passe ainsi d’une désignation par des militants, des obligés et des petits cénacles à l’implication citoyenne de ceux qui peuvent se reconnaître dans les idées de gauche. La réforme interne est courageuse, elle peut être mobilisatrice pour la présidentielle elle-même si la participation est conséquente. Là réside la difficulté de l’exercice.

Aux universités d’été de La Rochelle, le mot d’ordre de mobilisation est dans la bouche de tous les protagonistes et encore plus de celles ou ceux qui se sentent un peu distancés par rapport à un Hollande caracolant toujours en tête. Elle permet également de différer les débats sur les questions plus fondamentales, en particulier celle de l’adaptation du programme aux réalités engendrées par la crise.

A ce propos, Laurent Joffrin dans le Nouvel Observateur exprime clairement cette autre préoccupation en évoquant « le désir de clivage » de Ségolène Royal :

« Comme souvent, Ségolène Royal voit juste. On daube parfois sur le caractère imprévisible de ses propositions. Mais s’agissant de l’atmosphère politique, elle possède une vista particulière. "S’il n’y a pas de divisions, il n’y a pas de débat", a-t-elle déclaré avec un souverain bon sens à propos de la primaire socialiste en cours. Voilà qui tranche avec la langue de bois de l’unité obligatoire utilisée avec lourdeur par la plupart des responsables socialistes. »

Revenant à l’exercice de la primaire, il est évident que si plus d’un millions de citoyens se rendent aux urnes en octobre pour prendre part à la désignation du candidat, la signification sera autrement plus significative et encourageante pour la suite qu’une mobilisation sensiblement égale à celle des militants inscrits. Ainsi, sans préjuger du résultat final de la prochaine élection présidentielle, le PS joue assez gros sur cette organisation, première du genre en France et rejoignant des pratiques maintenant courantes en Italie, en Grèce et bien sûr aux États Unis.

Il appartiendra demain à la droite française de réfléchir à cette pratique nouvelle évidemment d’avenir. Il est vrai que cette dernière se sent moins concernée actuellement, étant au pouvoir et le sortant se représentant. Mais l’alternance ne manquera pas de se produire la renvoyant dans l’opposition. Se posera alors pour elle l’organisation de la reconquête comme aujourd’hui pour le PS avec des choix moins immédiatement évidents.

Nous n’avons plus très longtemps à attendre pour connaître la réaction de nos concitoyens par rapport à ce nouvel exercice démocratique. Ils ne semblent pas très concernés en cette fin de vacances, mais les débats organisés, les rappels qui vont se multiplier, peuvent peut-être les motiver ? Rien n’est moins sûr.

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