Grimaces (DR)

Bourgoin le président et Fournier l'entraîneur n'ont pas fait la même analyse du match Auxerre-Rennes.

Gérard Bourgoin ne décolérait pas après la défaite déplorant : "On a joué comme des enfants. On se cherchait en attaque. Manifestement on va continuer. Surtout, on a évolué un peu trop haut et on a subi trop de contres dangereux. il faut retrouver un équilibre. 12 points après 11 journées, ce total ne me plaît pas du tout".

Rélique de Laurent Fournier : " Je ne changerai pas. Soit on choisit un football d'attente et on se fait chier, soit on mise sur le jeu et on perdra certes des matches, mais on en gagnera aussi. Toute autre philosophoie se fera sans moi..."

Depuis ces propos qui semblent opposer le président manager et l'entraîneur, les deux hommes qui sont très proches l'un de l'autre, par les fonctions éminentes qu'ils exercent dans le club et parce qu'ils se sont choisis (il n'y a pas si longtemps), la vie continue comme ailleurs du côté du stade Abbé-Deschamps.

Le président Gérard Bourgoin a parlé avec les joueurs, lundi avant l'entraînement, comme il a l'habitude de le faire depuis des années, avec un savoir faire qui est le sien et s'est souvent avéré payant.

Eloigné de l'AJA par ses affaires au Congo notamment, la saison dernière, Jean Fernandez avait fait appel à lui en fin de saison lorsque la situation était difficile. Gérard Bourgoin a répondu présent par fidélité au club qu'il accompagne depuis les années 70, et est venu animer des séminaires au château du Domaine du Roncemay, lors de mises au vert. Préparation mentale, dynamique de groupe, management psychologique, GB, meneur d'hommes, est rompu à ces méthodes utilisées pour dynamiser ses équipes de cadres dirigeants. Un savoir faire partagé avec Guy Roux qui longtemps, fut sollicité par nombre d'entreprises de l'hexagone pour améliorer les performances des équipes.

A l'AJA on n'a pas l'habitude que le président se mêle des affaires sportives hormis tout ce qui met en jeu la trésorerie. Cela n'a jamais empêché Jean-Claude Hamel, le président historique, de dire ce qu'il pensait, en coulisses, avec discrétion et en s'adressant aux personnes directement intéressées. Jamais dans l'espace médiatique, il est vrai, plus restreint qu'aujourd'hui, où aucune personne en vue ne peut éternuer sans se faire moucher.

L'intervention de Gérard Bourgoin doit donc être examinée dans cette perspective, peut-être davantage comme celle d'un intervenant extérieur au chevet d'un groupe qui piétine que comme celle d'un président intrusif dans le domaine sportif.

Ca ne carbure pas ...

Le jeune Guy Roux a appris le football en Angleterre lors d'un stage à Crystal Palace en 1960 et a tout compris en un an. Il est revenu avec des idées fortes et précises dont l'idée clé de la séparation des pouvoirs sportifs et managériaux. La seule chose que le manager Roux n'a jamais pu obtenir de Jean-Claude Hamel est une budget pour les transferts.

Alors qu'a donc pu dire Gérard Bourgoin aux joueurs ? Certainement pas sa colère, au contraire. Son propos a été de les responsabiliser après deux défaites consécutives à l'Abbé-Deschamps, phénomène rarrissime dans l'histoire du club, dont le symbolisme est fort et interpelle à juste titre.

GB leur a dit en substance :

1/ le groupe est un groupe fort avec des joueurs de talent

2/ la montée en puissance avec Fournier et la nouvelle philosophie de jeu porté sur l'offensive, a bien eu lieu et le début de saison en atteste.

3/ l'AJA a atteint un palier et la carburation pour franchir ce palier ne se fait pas.

4/ on se cherche encore en attaque où la bonne formule n'a pas encore été trouvée alors qu'il y a de grands talents sur le banc et sur le terrain et que le club a fait ce qu'il fallait pour prolonger les contrats de certtains joueurs

5/ ces tâtonnements déséquilibrent l'équipe, or il faut retrouver un équilibre

6/ ça commence mercredi soir en 1/8è de finale de la Coupe de la Ligue à l'Abbé-Deschamps contre Caen (20h50) et samedi à Annecy contre le promu Evian

Ce discours est limpide et il est difficile de ne pas y souscrire. Reste à savoir si Gérard Bourgoin aura su trouver les mots et les clés pour débloquer les inhibitions dans les têtes et les corps et introduire les ingrédients pour que la mayonnaise puisse prendre.

Nul doute que Laurent Fournier a aussi ses recettes de meneur d''hommes pour inverser la tendance et repartir de l'avant. Les acteurs de leur destin, ce sont les joueurs sur le terrain. Personne d'autre.

                                                                                                                                              P-J. G.