Pas facile de trouver sa place au centre. Surtout depuis que Jean-Louis Borloo a rendu les armes et que François Hollande, tendance social-démocrate, a été désigné par les socialistes pour croiser le fer avec Nicolas Sarkozy. L'espace politique se réduit entre la famille UMP qui n'en finit pas d'exploser et la gauche qui se recentre. Dans cette jachère sans relief le Nouveau centre ne sait pas sur quel pied danser, à l'image de son président Hervé Morin. Dans le style "j'y vais, j'y vais pas", l'ancien ministre de la Défense ne fait monter la pression que sur lui-même puisque plusieurs membres de sa famille (comme François Sauvadet) n'ont pas résisté à l'attrait d'un portefeuille ministériel. Comme François Bayrou garde sa part de marché, estampillée MoDem, le Nouveau centre existe surtout à travers quelques notables locaux qui n'ont pas manqué de prendre leurs distances avec une étiquette UMP peu porteuse d'avenir.

C'est le cas dans l'Yonne où le sénateur centriste André Villiers a pris la présidence du conseil général avec la complicité d'anciens UMPistes comme Patrick Gendraud ou Alain Drouhin. En rejoignant le Nouveau centre, ils se sont ouvert la porte des élections législatives sans avoir à obtenir la bénédiction du Mouvement sarkozyste. Le sortant, Jean-Marie Rolland et le prétendant, Guillaume Larrivé, savent déjà que leur avenir est étroitement lié à celui de Nicolas Sarkozy. Mais que dire des Radicaux Valoisiens, orphelins de Borloo, leur leader éphémère ? André Dezellus, élu tonnerrois et président départemental du Parti radical, a dû revoir ses ambitions à la baisse. Tout comme l'Auxerroise Elisabeth Billebault qui salue la décision courageuse de son chef de file pour faire barrage à l'extrême droite. Borloo et Billebault sont dans un bateau. Borloo et Billebault tombent à l'eau. Qu'est-ce qui reste ?

Côté MoDem, ce n'est pas mieux. François Bayrou ne profite pas du retrait de Jean-Louis Borloo. Le patron du "parti de nulle part" n'arrive toujours pas à trouver sa place faute d'un discours cohérent et de véritables leaders. A Auxerre, Pascal Henriat, qui a été de désillusions en désillusions, fait le service minimum, faute de combattants. Ainsi, Vincent Vallé, un de ses fidèles lieutenants, commence à prendre ses distances pour mieux se rapprocher de Guy Férez. Elu sur la liste conduite par Dominique Mary (UMP), Vincent Vallé sent le vent tourner. Et il tourne avec. Par pure conviction, bien entendu ! MoDem, Nouveau centre, Parti radical, cherchez la différence. Il n'y en a pas. Tous votent avec la droite !