Ici

sous le couvert de la croix-Rouge
après la réquisition de l'hôpital psychiatrique

par l'armée allemande et sa transformation en lazaret
de la Waffen SS
furent martyrisés des Français

(Janvier-Août 1945)

Sous l'égide de la Croix Rouge.... Sur le toit du bâtiment de l'HP, avaient été peintes d'immenses croix rouges sur fond blanc en septembre 1940 pour signaler qu'il s'agissait d'un hôpital protégé par ce symbole de neutralité.

Le temps passe. On oublie. De plus en plus, insensiblement. pendant des décennies, les préfets venaient s'incliner devant ce lieu de martyre, tous les ans, jusque dans les années 90, puis, le rituel s'est estompé pour d'obscures raisons.

Cet été, la ville d'Auxerre a prévu un arrêt, parmi d'autres, devant la plaque, invisible en temps ordinaire, au bout d'un couloir de l'hôpital psychiatrique, renouant avec le fil rouge de l'histoire et du devoir de mémoire.

AUXERRE TV a pu filmer et porter témoignage (voir la VIDEO au bas de l'article)

De nouvelles cérémonies seront-elles organisées régulièrement ou bien ce lieu sera-t-il désacralisé et relégué aux oubliettes faute de survivants ? Faute de savoir.

Feu le docteur Pierre Scherrer, personnage emblématique dont le nom est indéfectiblement associé à l'histoire de l'Hôpital psychiatrique d'Auxerre, a écrit deux livres sur l'objet de sa passion :  l'hôpital, ses malades, son équipe et le personnel qui l'aimaient et le respectaient, même si ce n'était pas facile tous les jours. Le DR Scherrer fut l'initiateur du Cine-club à Auxerre qui marchait fort dans les années 70-80. Il est par aileurs le père du couturier Jean-Louis Scherrer.

La galerie tel un couloir (DR)

Deux plaques en marbre

Le premier volume s'intitule "Un hôpital sous l'occupation", le second "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un psychiatre" publiés à l'Atelier Alpha Bleue, difficilement trouvables.

Dans le deuxième tome, le Dr Scherrer évoque deux plaques en marbre.

Il écrit  page 37: "Deux voeux du personnel n'eurent à souffrir d'aucun retard en raison des circonstances et deux plaques commémoratives furent commandées, puis apposées."

La première est celle dont nous faisons référence plus haut au début de l'article. La seconde "rappelle que Robert Bobin était mort pour la France dans son camp de déportés et fut d'abord placée dans le pavillon où il travaillait puis dans le hall d'entrée du bâtiment administratif."

Le Dr Scherrer évoque précisément, page 37 de son livre "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un Psychiatre" , la cellule des tortures.

" La plaque de marbre qui portait cette inscription (NDLR : mentionnée plus haut) fut fixée sur la porte de la celluel où avaient été "interrogés" des résistants. la gestapo les amenait en effet de la prison, de l'autre côté de l'avenur et après ces "interrogatoires", les malheureux allaient laver les plaies de leur visage au petit lavabo qui se trouvait au bas de l'escalier venant de la galerie couverte qui longe le service des femmes. Au haut de l'escalier, les blessés allemands et leurs infirmières s'esclaffaient en voyant les "terroristes" châtiés.

"Plus tard lorsque le bâtiment fut réaménagé et destiné à être utilisé, je fis conserver cette cellule telle quelle en recouvrant porte et plaque d'une autre porte qui masquait tout.

"On n'ouvrait cette porte qu'exceptionnellement. Chaque année pour la Journée des Déportés, elle était ouverte et les survivants venaient pieusement en pélérinage devant cette cellule qui témoignait de leurs souffrances." 

Ce lieu hautement symbolique a pu être préservé lors de la vente de l'ancien immeuble de l'hôpital psychiatrique aux promoteurs de résidences pour personnes âgées qui ont transformé et réhabilité le site. La cellule, le fameux couloir, appartiennent toujours à l'Hôpital psychiatrique.

Il reste à savoir si la deuxième porte, celle qui masque tout, demeurera à jamais fermée ou si elle s'ouvrira encore.

                                                                                                                                     P-J. G.