RESISTANCE
La cellule de tortures de l'hôpital psychiatrique d'Auxerre conservée telle quelle par le Dr Scherrer
le mercredi 09 novembre 2011, 12:07 - RESISTANCE - Lien permanent
Des Français résistants furent martyrisés à l'hôpital psychiatrique d'Auxerre pendant la guerre. Une plaque en marbre apposée sur la porte de la cellule des tortures en atteste. Une autre porte masque la plaque et la porte de la cellule. Devoir de mémoire
Ici
sous le couvert de la croix-Rouge
après la réquisition de l'hôpital psychiatrique
par l'armée allemande et sa transformation en lazaret
de la Waffen SS
furent martyrisés des Français
(Janvier-Août 1945)
Sous l'égide de la Croix Rouge.... Sur le toit du bâtiment de l'HP, avaient été peintes d'immenses croix rouges sur fond blanc en septembre 1940 pour signaler qu'il s'agissait d'un hôpital protégé par ce symbole de neutralité.
Le temps passe. On oublie. De plus en plus, insensiblement. pendant des décennies, les préfets venaient s'incliner devant ce lieu de martyre, tous les ans, jusque dans les années 90, puis, le rituel s'est estompé pour d'obscures raisons.
Cet été, la ville d'Auxerre a prévu un arrêt, parmi d'autres, devant la plaque, invisible en temps ordinaire, au bout d'un couloir de l'hôpital psychiatrique, renouant avec le fil rouge de l'histoire et du devoir de mémoire.
AUXERRE TV a pu filmer et porter témoignage (voir la VIDEO au bas de l'article)
De nouvelles cérémonies seront-elles organisées régulièrement ou bien ce lieu sera-t-il désacralisé et relégué aux oubliettes faute de survivants ? Faute de savoir.
Feu le docteur Pierre Scherrer, personnage emblématique dont le nom est indéfectiblement associé à l'histoire de l'Hôpital psychiatrique d'Auxerre, a écrit deux livres sur l'objet de sa passion : l'hôpital, ses malades, son équipe et le personnel qui l'aimaient et le respectaient, même si ce n'était pas facile tous les jours. Le DR Scherrer fut l'initiateur du Cine-club à Auxerre qui marchait fort dans les années 70-80. Il est par aileurs le père du couturier Jean-Louis Scherrer.
La galerie tel un couloir (DR)
Deux plaques en marbre
Le premier volume s'intitule "Un hôpital sous l'occupation", le second "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un psychiatre" publiés à l'Atelier Alpha Bleue, difficilement trouvables.
Dans le deuxième tome, le Dr Scherrer évoque deux plaques en marbre.
Il écrit page 37: "Deux voeux du personnel n'eurent à souffrir d'aucun retard en raison des circonstances et deux plaques commémoratives furent commandées, puis apposées."
La première est celle dont nous faisons référence plus haut au début de l'article. La seconde "rappelle que Robert Bobin était mort pour la France dans son camp de déportés et fut d'abord placée dans le pavillon où il travaillait puis dans le hall d'entrée du bâtiment administratif."
Le Dr Scherrer évoque précisément, page 37 de son livre "L'Hôpital Libéré Souvenirs d'un Psychiatre" , la cellule des tortures.
" La plaque de marbre qui portait cette inscription (NDLR : mentionnée plus haut) fut fixée sur la porte de la celluel où avaient été "interrogés" des résistants. la gestapo les amenait en effet de la prison, de l'autre côté de l'avenur et après ces "interrogatoires", les malheureux allaient laver les plaies de leur visage au petit lavabo qui se trouvait au bas de l'escalier venant de la galerie couverte qui longe le service des femmes. Au haut de l'escalier, les blessés allemands et leurs infirmières s'esclaffaient en voyant les "terroristes" châtiés.
"Plus tard lorsque le bâtiment fut réaménagé et destiné à être utilisé, je fis conserver cette cellule telle quelle en recouvrant porte et plaque d'une autre porte qui masquait tout.
"On n'ouvrait cette porte qu'exceptionnellement. Chaque année pour la Journée des Déportés, elle était ouverte et les survivants venaient pieusement en pélérinage devant cette cellule qui témoignait de leurs souffrances."
Ce lieu hautement symbolique a pu être préservé lors de la vente de l'ancien immeuble de l'hôpital psychiatrique aux promoteurs de résidences pour personnes âgées qui ont transformé et réhabilité le site. La cellule, le fameux couloir, appartiennent toujours à l'Hôpital psychiatrique.
Il reste à savoir si la deuxième porte, celle qui masque tout, demeurera à jamais fermée ou si elle s'ouvrira encore.
P-J. G.
Commentaires
Que de souvenirs et d,émotions pour moi exilé normand depuis 45 ans . En effets j,ai connue cette hopital a l,age de 14 ans pour une maladie ( encéphalite ) j,ai passé une dizaine de mois dans le "service libre du docteur Scherrer" un super medecin!!! ce service venait d,ouvrir et je me souvient du nom de l,infirmier chef Mr Bobin un homme plein d,humanité et de gentillesse ,je ne sait s,il etait de famille avec Robert Bobin ? c,etait dans les années 59 ,outre les soins du a mon etat ce service quasiment ouvert ( libre ) et l,enfant que j,etait encore pouvez naviguer sans trop de problèmes dans les bâtiments de l,HPY et a l,extérieur ,cette prison en face me glacé d,effroi ( peut-etre un ressentit )
HPYcetait une petite ville, avec des petits ateliers et un carré de vignoble ( chainette ) avec des blocs pour les malades répertoriés par des lettres ,avec les quartiers hommes et femmes et des coures grillagés pour les malades .
Donc je faisait régulièrement mes promenades a l,extérieurs des bâtiments fermés et aux hasard, je discuté avec malades aux travers des grillages ,cetait souvent pénible et je me suis lié d,amitié avec une brave femme qui était interné depuis la guerre pour parait-il une histoire d,héritage ?avec un soupçons d,espionnage ?( j,etait trop jeune pour saisir la justesse et la véracité de ses propos ) dans sont entourage les autres malades l,appelez l,espionne et apparemment elle avait connue la sinistre prison ....
Voila finalement on était encore très proche de la fin de guerre ,et ces vrais que pour beaucoup la petite prison etait synonyme de souffrances ,bien qua l,époque c,etait encore tabou d,évoquer ces choses ..
Pour ma part je doit beaucoup aux docteurs Scherrer ,Corbin et Fluteau ,comme quoi un lieu et un environnement chargé d,histoire sombre, peut aussi avoir un coté positif quant ceux qui l,exploite on la compétence et le cœur du souvenir ...
arrivée d'un autre département haut-normand et en exil icaunais auxerrois j'habite là face à la prison depuis mi juillet où les logements loués ne sont pas réservés qu'aux retraités, il y a des jeunes, des familles, des retraités et je ne savais pas ces drames de tortures, j’essaierai de trouver cette plaque, les fantômes du passé ne doivent pas être oubliés et j'ai lu "...Irène Chiot fut torturée dans une petite pièce de l'Hôpital psychiatrique d’Auxerre en face de la prison, où une plaque commémore ce lieu d’inhumanité..."
C'est bien de se rappeler !!! N'oublions JAMAIS !
C'est poignant d'imaginer ce qui se passait là ... vraiment poignant!
merci pour cet article de fond. je ne savais pas....