« C’est curieux chez ces marins, le besoin de faire des phrases » proclamait Francis Blanche sur le pont de la péniche dans « Les tontons flingueurs » avant l’une des scènes cultes. L’humour de cette réplique d’Audiard pourrait très bien s’appliquer à Eva Joly et aux leaders de EELV qui sont en train de se faire peur avec Flamanville. Nous n’irons pas jusqu’à plaquer une autre des grandes répliques du célèbre dialoguiste, « les cons ça osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».

Le dossier des énergies et son corollaire nucléaire n’est évidemment pas une mince affaire. La catastrophe japonaise a fait naître dans l’opinion une vague énorme de craintes et d’interrogations. Cette émotion aurait tendance d’ailleurs à devenir plus raisonnable et l’opinion est sans doute moins radicalisée.

 

La presse a renvoyé l’écho d’une rupture très passagère entre le PS et les représentants des écologistes à cause de l'EPR de Flamanville. Eva Joly ne voulait plus entendre parler de négociations pour les législatives tant que le candidat François Hollande n’annonçait pas clairement l’abandon du projet.

"Si François Hollande dit non pour arrêter le chantier de Flamanville, il n'y aura pas d'accord" …

C’est bien l'endroit d'insérer la fameuse phrase remaniée : « C’est curieux chez ces écolos, le besoin de faire des phrases. » En effet que valait cette menace de pure forme ? Que pèsent véritablement les écolos dans cette élection présidentielle qui se profile ? En vérité pas grand-chose; dans un élan de militantisme incontrôlable ils ont désigné Eva Joly plutôt que Nicolas Hulot, se privant d’un score de premier tour significatif en mai prochain et ce jeu de gros bras très éphémère ne trompe personne.

En premier lieu François Hollande sait très bien qu’il aura à répondre sur une dénucléarisation trop poussée et trop rapide. Elle couterait très cher. Le «50% nucléaire», impliquant l'arrêt de la moitié des réacteurs, signifie un surcoût de 60 milliards d'euros par rapport à l'option (70%). Cette somme est calculée à partir des investissements requis pour compenser la décroissance du nuclé­aire. Les énergies renouvelables figurent au premier chef, mais aussi les installations thermiques, car il faut anticiper les situations où il n'y a ni vent, ni soleil, ni pluie. En revanche, le coût de démantèlement des installations nucléaires ne rentre pas dans ces comptes.

Ensuite, le candidat du PS a l'habitude des rapports de force et connaît la musique. Il n'a que peu de crainte en ce qui concerne le report des voix que pourraient totaliser EELV au premier tour de la présidentielle; il ne peut que se faire sur lui au second pour plus des 3/4, en tous les cas pas au bénéfice de son adversaire de droite ou de façon très marginale. Pourquoi engager des frais politiques inconsidérés pour une mise qui tombera presque automatiquement dans son escarcelle ?

Enfin, le petit mou, comme certains veulent le dépeindre, se paye à très peu de frais un certificat d’autorité. Pas question d’abandonner l’EPR de Flamanville, indique-t-il d’un mouvement de menton qui lui manquait jusqu’à présent. Pour les circonscriptions législatives, aucune urgence non plus à s'amputer de quelques unes parmi les "bonnes". Pourquoi favoriser l'émergence d'un groupe parlementaire étoffé qui pourrait devenir un empêcheur de tourner en rond en cas de victoire ?

Eva Joly, Cécile Duflot et tous les autres n’ont plus maintenant qu’a mangé le chapeau. ils en ont l’habitude. Mais alors pourquoi « cette manie de faire des phrases » ? Au poker le bluff peut parfois payer, mais il faut de temps en temps avoir quelques cartes quand même. Les choix idéologiques intransigeants et univoques des Verts les rendent complètement "captifs".

Dans une note assez récente sur l'abandon du nucléaire tel que précisé par Martine Aubry lors de la primaire "citoyenne", benjamin concluait ainsi :

"Il n'est question ni de droite, ni de gauche. Tout dirigeant qui s'affranchit de ces précautions oratoires n'est qu'un démagogue. Si le peuple français veut s'affranchir du nucléaire, il en a le droit souverain. Mais sans qu'on l'enfume, qu'on lui fasse miroiter un avenir radieux pour orienter sa décision."

Le "petit jeu" aura d'ailleurs duré très peu de temps, quelques heures : Jean-Vincent Placé, le n°2 d'Europe Ecologie - Les Verts a affirmé hier que François Hollande et Martine Aubry avaient appelé Cécile Duflot dans la journée avec l'objectif de "trouver des solutions" quant aux négociations PS-EELV qui doivent reprendre jeudi : une circonscription sûre pour Duflot et le tour sera joué ! Quelle détermination ! Pourquoi cette manie de faire des phrases ? Pour une circonscription ...

Les questions touchant à l'environnement sont importantes et sérieuses, malheureusement celles et ceux qui les portent en étendard, le sont beaucoup moins ... Sérieux !

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