(ci dessus : le barrage de Tignes: production de pointe, et STEP)

La production d'électricité dite propre est assurée pour l'essentiel par les barrages (énergie hydroélectrique), les éoliennes, le photovoltaïque et, dans une moindre mesure, la biomasse.

Pour l'énergie hydroélectrique, on distingue la production "au fil de l'eau" qui est relativement constante (seule variation: le débit des cours d'eau concernés) et la production "de pointe": on accumule des quantités d'eau substantielles que l'on relâche en cas de besoin.

(principe du STEP)

Les deux fleuves adaptés à une production au fil de l'eau (sans stockage) sont le Rhône et le Rhin (exploité avec l'Allemagne). D'autres cours d'eau sont adaptés à une production "de pointe", de même qu'aux STEP (Stockage et Pompage d'Energie par Pompage): lors des périodes de faible consommation, quand la production d'électricité est excédentaire, on pompe de l'eau en amont des barrages, que l'on turbinera en période de pointe. Le rendement des STEP devient satisfaisant (de l'ordre de 75%)... mais il est  difficile de trouver des sites propices. Parce que les variations considérables d'étiages - parfois quotidiennes - et de débit entre les deux retenues (voire en aval) sont telles que les ravages sur la faune et la flore sous-marine comme sur les rives sont considérables.

Les STEP sont les compléments les mieux adaptés à la régulation de la production d'électricité, forme d'énergie qui ne se stocke pas. On peut certes varier l'intensité de sa production, mais dans une fourchette relativement étroite et ils sont le seul moyen de stockage.

Le potentiel hydro-électrique français est exploité à 95% et ne peut guère être amélioré qu'aux marges - d'autant plus que toute étude visant à implanter un barrage génère une levée de boucliers; et au premier rang des opposants, bien entendu, on trouve les écologistes de tout poil. Il faut en outre une configuration géographique précise: débit suffisant et vallée assez encaissée pour ne pas noyer des espaces trop importants (en Guyane, pour obtenir une chute de 35 m dont seulement 20 m "utiles", il a fallu noyer 31.000 hectares: là-bas ils étaient totalement déserts et le foncier ne valait rien, mais on imagine mal une telle opération dans l'hexagone). Le seul fleuve qui offre encore un potentiel conséquent est la Loire, mais c'est vers l'année 2000 que D. Voynet, ministre de l'Environnement (Vert), l'a fait classer "fleuve sauvage" et de ce fait, sanctuarisé.

L'éolien maintenant.

Pour favoriser son développement tout comme celui du photovoltaïque que nous évoquerons ensuite, un système "incitatif" a été instauré, dont voilà le principe: vous investissez dans des "moulins à vent" et EDF est tenue d'acheter le courant qu'ils produisent, à un prix très supérieur à celui du marché (en outre, les contrats sont été fixés pour une durée très longue avant qu'on puisse les renégocier), qu'elle en ait besoin ou pas (même si on est en période de très basse consommation, que la production de fond dépasse les besoins, il faut payer ce courant qui sera gaspillé par effet joule - chaleur - le long du réseau électrique). La rentabilité est si élevée que les "investisseurs" peuvent sans difficulté adosser leur investissement sur les bénéfices garantis à venir et dégager une fois les traites payées un retour sur bénéfice à deux chiffres lequel, en outre, bénéficie d'une fiscalité des plus avantageuses parce que c'est écolo, coco. Aucune mise de fond et une rente colossale garantie! Qui paye cette invraisemblable escroquerie? le contribuable par le biais de la fiscalité, et le client d'EDF (regardez votre facture: c'est la "contribution au service public d'électricité" qui englobe 90% du surcoût) Le filon rend si bien qu'AREVA dont la finalité est le nucléaire s'est mise à l'éolien... pour dégager une plus value autant que pour se donner une image plus écolo!

Pour comparer, les rentiers de l'éolien sont dans la situation d'un négociant assuré de vendre la quantité de pommes qu'il souhaite 5 euros le kilo (au lieu d'1,50 euro, prix moyen) quelle que soit la demande et leur qualité. En terme se service public, d'économie de marché et de libre concurrence... on dira qu'on fait mieux, litote. Et que ces conditions léonines n'incitent pas à améliorer la qualité du "service proposé"

Exemple ci-dessus: 6,26 euros sur 148,38, cela ne fait pas grand chose, penserez-vous peut être (de 4 et 5% du coût total). Certes: mais c'est parce que l'éolien et le photovoltaïque ne représentent qu'une part marginale de la production totale! Imaginez quand on atteindra - si on les atteint - les 50% revendiqués par les intégristes écolos!  Notons que les Grands Amoureux de la Transparence ont insisté pour que cette contribution soit baptisée de manière... ampoulée on va dire. "Contribution énergies renouvelables", ça aurait le mérité d'être parlant et de nourrir le débat. Le lobby vert a insisté pour qu'on adopte cette phraséologie mensongère par omission. 

Autre donnée objective, qui concerne l'éolien. On est pour les énergies renouvelables, mais ailleurs, chez les autres.

Chaque projet déclenche une levée de boucliers unanime chez les riverains, pour de bonnes ou de mauvaises raisons (la plupart du temps, ce sont leurs partisants les plus ardents "en général" qui sont vent debout - c'est le cas de le dire - dès qu'on veut implanter des éoliennes dans leur champ de vision. Notons les régions où la résistance est la plus forte, alors même que la qualité du vent serait propice à une exploitation correcte de ce potentiel (constance et intensité relatives): le Gers, les Charentes (dont leurs îles, Ré et Oléron, pourtant sous alimentées), le Lubéron, la Bretagne en particulier les Monts d'Arrée alors que cette région ne produit que 8% de l'électricité qu'elle consomme et que située par la force des choses en "bout de ligne", elle risque de faire disjoncter l'Europe entière en cas de gros pépin sur le réseau, etc. Toutes régions en grande partie colonisées par des bobos dont la plupart revendiquent leur écologisme sans faille...

Pourquoi cette opposition?

Parce que ce n'est pas joli. Personnellement, je réfute cet argument: si je suis des plus réservés quant à l'implantation massive d'éoliennes, c'est pour d'autres motifs autrement rationnels: en dehors de quelques sites qu'il faut réellement préserver (on voit mal le Mont Saint Michel entouré d'éoliennes, même si la qualité du vent est bonne: un projet a pourtant été déposé) elles peuvent même dégager une certaine élégance.Je ne crois pas être dans l'erreur en disant que parmi les opposants à l'éolien, je suis très minoritaire à soutenir cette idée!

Parce que ça tue oiseaux et chauve-souris. Là c'est une idée reçue! Le nombre de "victimes" est des plus réduits et en tout cas inférieur à celles provoquées par toutes les lignes à haute tension.

Parce que ça fait "un bruit insoutenable". Là encore, dès qu'on s'en éloigne un peu, c'est faux et le siffement du vent près de n'importe quelle ligne électrique et de ses pylones (guère esthétiques non plus) est au moins aussi gênant.

Parce que leur implantation impliquera une nette moins-value sur le prix de ma maison. Là, on touche le noeud du problème! On est prêt au nom des Grands Principes à imposer à la populace des sacrifices dont on est exonéré ou qu'on peut supporter facilement (quand on gagne 5.000 euros par mois ou plus, payer sa facture d'électricité un peu plus cher permet de se donner bonne conscience à peu de frais; pour d'autres, c'est dramatique). Mais perdre des dizaines de milliers d'euros, c'est une autre paire de manches.

Nous avons actuellement un parc nucléaire qui correspond à une puissance totale de 65.000 Mégawatts, dont la disponibilité est de 80% environ (des centrales sont régulièrement en arrêt pour les opérations de maintenance, de rechargement de combustible, d'incidents de fonctionnement ou sur le réseau qui justifient un arrêt temporaire)

Le parc nucléaire français fournit donc environ 50.000 MW, parfois davantage, d'un courant "de fond": il est malaisé de faire varier rapidement sa production et l'électricité ne se stockant que de façon marginale dans les unités de STEP (voir ci-dessus), il faut compléter par des productions de pointe. Nos barrages adéquats en fournissent une partie et des échanges avec les pays voisins complètent: nous exportons du courant de fond d'origine nucléaire vers l'Allemagne, qui nous vend en contrepartie du courant "de pointe" produit par des centrales à charbon et à gaz (forte dépendance vis à vis de l'extérieur, surtout de la Russie. les échanges sont relativement équilibrés (balance légèrement positive en faveur de l'Allemagne ces dernières années, mais nous vendons de l'électricité à la Grande Bretagne: 4 Térawatts en continu)

Une éolienne terrestre donne a un rendement maximum  2MW avec une disponibilité de 25%. (il faut assez de vent, mais pas trop: sinon, elle se met en drapeau)

La substitution du nucléaire par le vent présupposerait donc d'en édifier 25.000 (25.000 manifestations de Vent de Colère à prévoir, la plupart soutenues par... EELV pourtant en faveur de l'éolien) 

 

Et comme la disponibilité est des plus aléatoires, il faudra prévoir en plus de cette "pollution visuelle et foncière" une capacité de production de pointe équivalente à 50.000 MW** soit une flopée de centrales à gaz ou pire, au charbon. (nous avons vu quelles étaient les conséquences de l'accroissement des émanations de CO2 et on ajoutera les pollutions connexes, plus la dépendance accrue aux fournisseurs étrangers dont l'un, la Russie, ne donne rien pour rien et n'a pas que des exigences financières. En outre, si un grand pays comme la France passe de facto au gaz pour une grande part de son énergie, la demande en sera suffisamment accrue pour que les prix grimpent substantiellement: la simple loi de l'offre et de la demande fait qu'une demande de +5% peut entraîner une hausse des prix bien supérieure, dépassant 50%.

** Rappelons l'exemple de l'année 2010. Pendant tout le mois de décembre, un anticyclone a stationné sur la France avec pour conséquence des températures négatives sans interruption , et un vent nul sur 90% du territoire. S'il avait fallu compter sur les éoliennes...

 

benjamin borghésio