Cet homme est soupçonné d'avoir participé à un commando de l'ETA ayant tué un policier français en 2010

L'interpellation a été menée samedi après-midi par les enquêteurs la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Trois membres présumés de l'organisation séparatiste basque ETA, dont l'un est soupçonné d'être impliqué dans la mort d'un policier français dans une fusillade en Seine-et-Marne en 2010, ont été interpellés samedi à Joigny, a annoncé le ministère de l'Intérieur, qui n'a pas précisé l'identité du suspect. Les trois hommes étaient tous armés et en possession de matériel pouvant servir à la fabrication d'engins explosifs. Ils détenaient en outre des faux documents. Samedi en fin d'après-midi, devant la gare de Joigny ce fut le branle-bas-de combat. De nombreuses voitures de police étaient arrêtées devant le café de la gare, où des policiers ont conduit les trois hommes menotés.

Le 16 mars 2010, un policier de 52 ans, père de quatre enfants, avait été tué au cours d'un échange de tirs à Dammarie-Les-Lys, en Seine-et-Marne. Si des policiers ou des gendarmes français avaient été blessés par l'ETA dans le passé, c'était la première fois que l'un d'eux trouvait la mort. Cet événement avait suscité une vive émotion en France et en Espagne, le président Nicolas Sarkozy mettant directement en cause "un commando terroriste de l'ETA" et souhaitant que tous ses membres "soient rapidement interpellés, traduits devant la justice et sévèrement punis".
 
Depuis, plusieurs personnes soupçonnées d'avoir appartenu ou soutenu ce commando ont été interpellées, notamment, quelques jours après les faits, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Mikel Karrera Sarobe, alias "Ata", considéré comme le chef militaire d'ETA. Il a été mis en examen en juillet 2010 dans ce dossier. Un homme de 27 ans, Joseba Fernandez Aspurz, avait lui été arrêté juste avant la fusillade, survenue lors d'un contrôle qui avait mal tourné, et fait état de son appartenance à l'ETA. Au moins cinq autres personnes, dont une femme, avaient pris la fuite. Aspurz avait été poursuivi en Espagne pour des violences urbaines perpétrées par des groupes radicaux de jeunes indépendantistes basques, en mars et septembre 2008.
 
Le 10 mars 2011, dans le Pas-de-Calais, un autre membre présumé de l'ETA impliqué dans la fusillade, avait été interpellé dans le Pas-de-Calais. Cela "ne veut pas dire qu'il aurait participé à la fusillade, ni même qu'il aurait été sur place", avait tempéré le ministre de l'Intérieur Claude Guéant.

Appel à témoins

(Actualisé lundi 16 janvier à 14h15)

La Police Judiciare de Dijon a lancé un appel à témoins dans l'enquête sur les trois etarras présumés. La Police judiciaire demande à toute personne susceptible d'apporter des éléments de contacter par téléphone le 03.80.44.58.70 ou par mail l'adresse dipj.dijon@interieur.gouv.fr.

Les enquêteurs cherchent à reconstituer le parcours des présumés séparatistes basques et à déterminer leurs points de chute en Bourgogne ou ailleurs. "Toute personne les ayant croisés ou leur ayant loué un gîte est susceptible de faire avancer l'enquête", précise-t-on de même source.

Le principal détenu, Jon Etxeberria Oiarbide, 33 ans, a été intercepté alors qu'il descendait d'un train en gare de Joigny, attendu en voiture par les deux autres, lors d'une opération conjointe des polices française et espagnole. Jon Etxeberria Oiarbide est soupçonné d'avoir appartenu au commando qui avait tué un policier français en 2010 lors d'un contrôle qui avait mal tourné en région parisienne.

Les deux autres, Inigo Sancho Marco et Ruben Rivero Campo, tous deux âgés de 30 ans, sont des dirigeants de l'organisation de jeunesse Segi, considérée comme le vivier de l'ETA, selon le ministère espagnol de l'Intérieur.