L’hiver est à sa fin… mais il n’est pas que froide morsure et endormissement.

 


 

Il est le fragile pointillé des flocons hésitant dans l’air, le craquant glacis qui luit sous la lumière. La beauté d’un envol de corneilles bavardes. La paisible blancheur de fable des prairies et des arbres.

 


 

Le temps des grogs, du chaud dedans froid dehors, des joues qui piquent, des plats où le petit salé fond sous la langue. Des tartes aux pommes où chante la cannelle. Celui des boules de neige, des glissades, des luges… Des oiseaux que l’on nourrit et qui pépient en s’agitant, nous trompant sur le compte de moineaux ou mésanges, et les corbeaux qui n’ont pas de patience et abusent de leur taille… Celui des jardins vus au travers de fenêtres dentelées de givre que l’on fait disparaître de son souffle. Des pendeloques de glace, éphémères et merveilleux cristaux.

 

 

Il touche à sa fin, et on le regrette rarement. Mais ses charmes sont là pourtant. L’un d’eux est qu’il finit par s’en aller…et qu’une fois parti on admet que oui… il avait sa beauté. Et voici déjà que l'on se réjouit des signes du printemps, du retour des pousses tendres, des couleurs, des trilles d'oiseaux, des ruisseaux libres qui rutilent dans les prairies...

                                                                                    Suzanne DEJAER