Sur la place de la République, la République, justement, s'est fait la malle. Le tribunal de commerce a fermé en 2009. Le tribunal d'instance a déserté l'année suivante. Le café du Palais, juste en face, a baissé le rideau depuis des années. A l'exception de la boulangerie, les autres boutiques de la place ont mis la clé sous la porte.

Joigny et le pont Saint-Nicolas (DR)

A part quelques pigeons, on n'entend pas un bruit cet après-midi-là dans la vieille ville de Joigny,  jolie cité de l'Yonne classée « Ville d'art et d'histoire », avec maisons à colombages, vieilles demeures aristocratiques et rues tortueuses à souhait. Et 10 000 habitants. Tout récemment, le tribunal d'instance et sa chapelle classée ont trouvé preneurs : 200 000 euros. Le nouveau propriétaire est un numismate dijonnais. « Franchement, je ne pensais pas que ça se vendrait. Je ne sais pas trop ce qu'il va en faire », grommelle l'ancien patron du café, qui vit toujours dans son établissement fermé.

Joigny la paisible, chef-lieu d'un territoire rural acquis à la droite depuis des lustres, n'en revient toujours pas. En quelques années, l'Etat s'est massivement désengagé. La maternité et la chirurgie avaient déjà quitté l'hôpital en 2004, alors qu'un bloc opératoire tout neuf venait juste d'être inauguré. Puis est arrivée la Révision générale des politiques publiques (RGPP), vaste mouvement de restructuration des services publics lancé en 2008 par Nicolas Sarkozy. Les tribunaux sont partis. Et puis le coup de massue : le départ de l'armée, en 2010. Le 28e Groupement géographique imprimait ici les cartes militaires. Les 400 militaires, leur famille et leurs 650 000 euros de salaires mensuels faisaient vivre le commerce local.

La communauté de communes s'est retrouvée propriétaire pour l'euro symbolique d'une immense friche de 10 hectares en pleine ville, et de milliers de mètres carrés de bâtiments, pour certains amiantés.

 

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