Voilà encore une belle et bonne spécificité bien de chez nous : les clips officiels de campagne. Avec l’aide de la Française des jeux (interdit de rire), le Conseil supérieur de l’audiovisuel a tiré au sort vendredi après-midi l’ordre de passage des candidats, qui verra François Bayrou lancer les hostilités (dès 7h40 sur France Ô lundi) et Nicolas Sarkozy les fermer le 20 avril avant le Soir 3 sur France 3.

A l’heure d’internet et de sa liberté beaucoup plus grande du message politique (y compris le clip négatif à l’américaine), l’exercice paraît «hypocrite» et «inadapté»

Compte tenu de toutes les contraintes imposées au nom d’une égalité de façade, il risque de ne pas améliorer la perception de la politique par ceux qui s’interrogent. La ringardise sera inévitablement au rendez-vous et surtout le décalage avec les autres moyens d’information maintenant à la disposition du plus grand nombre.

Il faudra bien un jour accéder à la modernité dans ce domaine. Ne contestons pas la contrainte de temps d’antenne sur les chaînes publiques, mais laissons à chacun des candidats le soin d’organiser et de produire comme bon lui semble sa communication à l’intérieur du créneau horaire imparti.

La forme choisie, les mises en scène produites dans un cadre « libéré », sont autant d’éléments qui éclaireraient mieux les choix, les compétences de l’équipe des « producteurs » et donc la personnalité du candidat. Pour ce qui concerne les propositions et les programmes, ce ne sont pas les "clips" qui permettent le discernement, l'écrit est à ce niveau irremplaçable.

Toute cette fin de campagne qui lasse est en partie le résultat d’une gestion imbécile et rigide du CSA, organisme issu d’un autre âge. (L'ordre d'affichage des clips ici proposés aux lecteurs est celui respectant le tirage au sort des panneaux électoraux.)